Son musée préféré

Son musée préféré est le musée d’Eliran* créé par un original, le marquis d’Eliran qui lui a légué son nom. On y repère un genre d’objets que l’on ne voit nulle part ailleurs. Vous y trouverez chaque quinzaine la photo et l’histoire d’un vestige historique et par quelles péripéties il est arrivé jusqu’à nous.


Publication du vendredi 28 juin

Fin de la visite du Musée du Passé D’Eliran

 A propos du musée du futur

Excusez-nous. Le musée du futur  au premier étage n’est pas ouvert. Il est seulement en gestation car les objets de ce temps se trouvent moins facilement que ceux du passé.
Pour le moment nous possédons seulement la pompe seringue* électronique modèle Injector 5.0 de marque Fixoplocht fabriquée en UMP** que le poète Iconosor Ajuga-Reptens (2123-2247) utilisera pour s’injecter du baradour inoculata mercapiote pour se maintenir en forme jusqu’à cent vingt cinq ans sans être incommodé par les odeurs de pourriture d’un monde en fermentation.

* Voir ci-dessous une image hololographique  de la seringue.
** Union Mondiale de Production, pays où l’on fabriquera tout pour tout le monde
.

Voilà !!!
La visite est finie !!!!!!!!!!!
Vous brûlez d’apporter votre soutien à notre association !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Publication du vendredi 12 juillet 2019

Pour devenir membre de l’ « Association des Amis du Musée d’Eliran »

Prenez un bulletin, remplissez-le, puis remettez-le à Madame Nini Pot d’Chien en lui versant sur le champ en espèces la somme que vous avez cochée.
NB : Des sommes différentes de celles indiquées ne sont pas admises par Madame Nini Pot d’Chien car cela lui gâche l’existence en compliquant sa comptabilité.

Elle vous délivrera un reçu qui vous permettra de déduire* le double des sommes versées de vos impôts sur le revenu**. Elle vous remettra votre carte de Membre sur laquelle vous pourrez coller la photo de votre chien ou de votre chat, les autres animaux n’étant pas admis dans le musée à l’exception des puces, poux, punaises et moustiques. Cette carte vous permettra de venir trois fois par mois au musée pour percevoir des sandwichs ( deux par personne ) et des posters de Pierre Ponce (huit par personne ). Elle ne vous donne aucun autre droit et en particulier elle ne vous donne pas accès aux musées nationaux ( vous pouvez toujours essayer, mais madame Nini Pot d’Chien ne vous garantit rien ).

Recommandation : Pour mieux vous connaître afin de mieux vous situer et établir des contacts plus sympathiques avec vous, nous vous demandons de bien vouloir remplir le petit questionnaire qui suit le bulletin d’inscription. Il est anodin, facultatif et totalement anonyme. Il  vous suffit de répondre par oui ou par non en cochant les bonnes cases car le questionnaire sera exploité informatiquement. Il ne sera pas communiqué tout de suite à la police, et au trésor public (cf. les directives non suivies de la Commission Informatique et Liberté ).

* Offre soumise à condition. Au jour de la souscription, il faut avoir moins de 16 ans et plus de 95 ans, mesurer entre 1,05 m et 1,10 m et ne pas avoir mal aux dents.

**Dans la limite de 0,25 euro et si vous avez payé en chèque ou par carte bancaire

Nom :…………………………

Prénom :………………………

Adresse………………………

Code postal…………………

Ville……………………………

Numéro de téléphone…………

Numéro de portable…………

Adresse E-Mail…………………

Numéro de la carte bancaire…

Les trois chiffres au dos……….

Son code secret……………….

 

Je souscris comme :
cochez la (ou les) case(s) qui convienne(nt)
(trois au maximum)

o  membre minable ………………………..500 €,
o  membre actif …………………………..1 000 €,
o  membre peu recommandable………..1 001 €
o membre recommandable …………….2 000 €,
o  membre très recommandable ………..4 000 €,
o  membre honoraire ……………………..8 000 €,
o  membre honorable ……………………16 000 €,
o  membre très honorable ………………32 000 € ou plus.

Questionnaire anodin, facultatif et anonyme :
Portez-vous des lunettes ?………o oui   o non
Portez-vous des chaussettes ?………..o oui    o non
Combien de paires en avez-vous ?…o une   o dix   o cent   o mille   o plus   o moins
Du combien chaussez-vous ?………o oui   o non
Fumez-vous rien ?………….o oui   o non         De l’herbe ?………..o oui   o non
De l’opium ?…………….. o oui   o non            La moquette ?………….o oui   o non
Du gorgonzola ?…………..o oui   o non            Autre chose ?……….o oui   o non
Avez-vous :
Des frères ou des sœurs………….. o oui   o non     Combien ?……. o oui   o non
Un chien ?………o oui   o non                    Un chat ?……. o oui   o non
Un cheval ?…………o oui   o non                Un âne?……….o oui   o non
Des concubines ?…………..o oui   o non                   Si oui combien ?……….. o oui   o non
Encore vos parents ?………o oui   o non        Sont-ils riches………o oui   o non
Leur parlez-vous en  Français ?…….. o oui         En Allemand ?………..o non
En Anglais ?………o non   o oui      En Breton ?…………….  o oui   o non   o non
En Boldosamovar ?…………….. o oui   o oui   o non   o non
Avez-vous :
Une grosse voiture ?…………….. o oui   o non   Un vélo ?… o oui   o non
Une grosse ?…………….o oui    o oui     Une petite ?………o non   o non

A quoi pensez-vous en ce moment ?……………o oui   o non
Une maison de campagne ?…….. o oui   o non   Un yacht ?………. o oui   o non
Un pédalo ?…………… o oui   o non   Un pédaroute ?……….. o oui   o non
Un avion ?……….. o oui   o non   Un cerf-volant ?……………… o oui   o non
Un cheval ?……………o oui   o non    Une alouette ?…………..o oui   o non
Un stylo à plume ?……… o oui   o non   Un serpent à plume ?……… o oui   o non
Un coffre en Suisse ?…….  o oui   o non   Un compte numéroté en Suisse.. o oui   o non
Quel est son numéro ?…………. o oui   o non

Votre père est-il riche ?………. o oui   o non   Et votre mère ?…… o oui   o non
Votre femme est-elle vénale………. o oui   o non
Aimez-vous les enfants ?……….. o oui   o non   En avez vous ?……. o oui   o non
Aimez-vous les sandwichs jambon-beurre-cornichons ?………….. o oui   o non
Avez-vous aimé notre musée ?………. o oui   o non   Pourquoi ?………. o oui   o non
Aimez-vous payer des impôts………. o oui   o non    Pourquoi ?……… o oui   o non
Etes-vous imposé(e) sur la fortune ?…. o oui   o non   De combien ? ………o oui   o non
Etes-vous pour ou contre l’entrée de la Chine dans l’Europe ?……….. o oui   o non

Merci d’avance et bonne revisite


Salle 5

L’époque contemporaine


Présentation

Le Marquis d’Eliran n’aimait pas l’époque contemporaine parce qu’il faut se laver, et aussi parce que les femmes veulent commander et qu’elles sont trop maigres, et pis que tout le monde y veut ressembler à tout le monde et encore parce que y a trop d’immigrés et qu’il aime pas les Américains, les Russes, les Chinois et les Africains. Il a quand même collectionné des objets de son époque parce qu’on trouve plus d’objets historiques de cette époque que des époques précédentes. Il suffit de se baisser pour en ramasser.


Publication du vendredi 14 juin 2019

Sang Son T’chieng : L’avis de la vie sans lavis.
Peinture à l’huile et au vinaigre sur toile à matelas

Origine de l’objet : en 1938 le Marquis d’Eliran après avoir beaucoup admiré l’art naïf est devenu très friand de modernité. Il a vu toutes les expositions et visité toutes les galeries consacrées à l’art contemporain de son époque à Paris et ailleurs en France. En entrant dans la galerie de Dominique Tamair rue du Révérend-Père Boudain à Montreuil-sous-bois, il est tombé en extase devant la toile de Sang Son T’Chieng (1907 – 1963) *, l’avis de la vie sans lavis, que vous avez sous les yeux. Il y a de quoi. Lisons l’article que lui a consacré le critique Vincent Milane dans la revue Le Monde de l’Immonde  de septembre 1938.

Chers lecteurs. Accourez et voyez cette toile sublime. L’humanité entière y est contenue. Regardez-la un instant et fermez les yeux. L’émotion qu’elle projette vous envahit, vous submerge, vous chamboule, vous étreint, vous enlace, vous turlupine, vous ratiboise, vous catapulte, vous berlicote ! L’émotion, rien que l’émotion. Quelle puissance dans l’expression ! Quelle noblesse dans la forme ! Quel talent dans le bataclan !

Quand vous avez fini de pleurer, ouvrez vos yeux, séchez vos larmes et regardez encore. Voyez comment cette immense fente, ce gros nez, ce long doigt, ces rondes boules peuplent votre imaginaire et comment les ombres de ces mêmes boules vous attirent dans les méandres de l’art, vous plongent dans l’expectative de l’éros.

Le face-à-face tendrement brutal de ces extrémités ne fait-il pas écho aux faiblesses qui alourdissent nos cœurs et parfois déchirent nos vies ? Dans l’effacement progressif de la fente, ces objets nous ressemblent, me ressemblent, vous ressemblent. Sans oublier qu’il y a désormais ces espaces vides et noirs qu’il serait vain de prétendre remplir.

Comme il me paraît extrême de “parler chiffon” quand le peintre a dépassé le stade de l’esthétique pour inscrire sa propre nécessité dans la difficile, voir douloureuse histoire des hommes, car ces boules pourraient être des pommes, symbole du péché originel ou des gonades, instruments de notre reproduction. Nécessité qui, ici, tient moins de l’interprétation que du regard intérieur.

Oserais-je dire que je vis depuis longtemps en compagnie de la femme de Sang Son T’Chieng et que la réussite de cette cohabitation – souvent risquée – prouve, à mes yeux mieux que tout discours, la richesse du dialogue que le peintre entretient avec cette part de nous-même que Samahrah Saamnarana appelait “la courge molle”.

Mélange d’intransigeance, de douceur et de compassion, l’exigence de Sang Son T’Chieng me fait penser à celle de ces grands maîtres que nous avons tous plus ou moins berluqués. Qu’ils se nomment Max ou William pour les uns, Ganao ou Giovani pour les autres. En face de ces artistes, qui nous aident à mieux vivre en nous apprenant à nous interroger et à parler pour ne rien dire, comme en face de Sang Son T’Chieng qui a su trouver un chemin tout personnel pour tenter de percer le tunnel de l’éternelle alchimie entre l’insaisissable palpitation du monde et l’écrasante inertie de la matière, nous n’avons que deux devoirs. Celui de ne pas gambader en arrière et celui ne pas dégobiller. Mais écoutons plutôt Sang Son T’chien parler de son art :

« La peinture, c’est la peinture. Peindre, c’est peindre. Penser, c’est penser. Penser, c’est pas peindre. Peindre, c’est pas penser. J’ai beaucoup étudié les plus grands peintres. Mais aucun d’eux n’a vraiment été déterminant au point de vue de l’influence car aucun n’eut jamais une vision du lard aussi puissante que la mienne. Voir, c’est voir. Regarder, c’est regarder. Voir, c’est pas regarder. Regarder, c’est pas voir. Il faut tout voir. Il faut tout regarder. Regarder beaucoup si l’on voit peu, c’est pas comme voir beaucoup si on regarde peu.

Tout mon art tourne autour de mon enfance en Asie et en particulier d’une petite contorsionniste chinoise qui arrivait à toucher toutes les parties de son corps avec  le bout de son nez, que ce soit par devant ou par derrière. C’est mon unique source d’inspiration. Peut-être qu’inconsciemment j’en suis amoureux. Simplement je transforme les sentiments qu’elle m’inspire en abstractions qui évoquent la grandeur et la misère de la vie de courtisane.

L’abstraction est la seule façon de peindre qui veut tout dire et ne rien dire simultanément, c’est pourquoi je la pratique avec ténacité pour décrire le malheur et le bonheur du monde par l’intermédiaire d’un média : la vision peinte d’une contorsionniste chinoise. »

 Histoire du tableau : le Marquis d’Eliran, dès qu’il la vit, convoita cette toile, mais elle était hors de prix. Aussi il s’enquit d’un complice, trouvé au marché aux puces de Saint-Ouen, qu’il plaça sous la fenêtre de la pièce dans laquelle se trouvait l’objet de ses vœux. Il entra dans la salle, jeta un regard sournois autour de lui, entrebâilla la fenêtre, décrocha le tableau et le passa aussi vite que possible à l’homme qui attendait. Quand il sortit, ce dernier, dénué de scrupule, avait pris la fuite emportant l’œuvre d’art pour en tirer quelque argent. Calmement, le marquis s’empara du pistolet qui ne le quittait jamais. Il se trouvait sous son haut de forme. Il visa le talon gauche du fuyard. Il tira : Pan ! Touché !

Le pauvre voleur s’effondra en pleurant. Sans précipitation le Marquis s’approcha, récupéra son bien et dit : « Qui vole un œuf vole un bœuf. Voler, c’est pas bien. Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Bien mal acquis ne profite jamais. La raison du plus fort est toujours la meilleure. Qui paie ses dettes s’enrichit. Il n’y a que les aristocrates qui sont d’honnêtes voleurs ». Puis il partit, non sans laisser un billet de cinq francs sur le ventre du pauvre diable qui se trémoussait de douleur.

Arrivé dans son château, il accrocha le tableau dans l’écurie au dessus de son lit en inscrivant au dos le numéro 164 ex-æquo avec une cravate d’Hitler. Quand son fils vint pour récupérer des objets pour le musée, il tomba en arrêt devant la toile et se dit : « il me la faut ». Il la saisit. Malheureusement l’humidité de l’écurie avait un peu détérioré l’œuvre de Sang Son T’Chieng. Jésus Pierre Ponce la repeignit entièrement pour qu’elle soit présentable. Malheureusement, par étourderie, il a recouvert l’image du nez qui sortait de la fente par de la peinture noire. En 2004 le maharadjah de Chaderlahor qui se promenait à Montreuil-sous-Bois pour la journée du gruyère voulut l’acheter très cher, mais Nini Pot d’Chien préféra manger des croquettes pour chat plutôt que brader un morceau du patrimoine national.

La voici donc là, ici, présentement.

 * La Ville de Paris expose en permanence des œuvres de ce peintre, pour lui rendre hommage, dans un certain nombre de sanisettes des beaux quartiers.

 


Publication du vendredi 31 mai 2019

Tableau comptable des exploits de Napoléon Premier

Nom, résultat Débit Crédit
Toulon, victoire.
Montenotte, victoire.
Millesimo, victoire.
Lodi, victoire.
Borghetto, victoire.
Lonato, victoire.
Castiglione, victoire.
Rovereto, victoire.
Bassano, victoire.
Caldiero, défaite.
Arcole, victoire.
Rivoli, victoire.
Mantoue, victoire.
Malte, victoire.
Pyramides, victoire.
Aboukir, défaite.
Jaffa, victoire.
St Jean d’Acre, défaite.
Mnt Thabor, victoire.
Aboukir, victoire.
Marengo, victoire.
Ulm, victoire.
Trafalgar, défaite.
Austerlitz, victoire.
Iéna, victoire.
Czarnovo, victoire.
Eylau, victoire.
Heilsberg, victoire.
Friedland, victoire.
Bailen, défaite.
Somosierra, victoire.
Abensberg, victoire.
Landschut, victoire.
Eckmül, victoire.
Ratisbonne, victoire.
Essling, neutre.
Wagram, victoire.
Smolensk, victoire.
La Moscova, victoire.
Krasnoïe, victoire.
Lützen, victoire.
Bautzen, victoire.
Dresde, victoire.
Leipzig, défaite.
Hanau, victoire.
Brienne, victoire.
Champaubert, victoire.
Montmirail, victoire.
Château-Thierry victoire.
Montereau, victoire.
Ligny, victoire.
Waterloo, défaite
2 000
800
80
1 000
2 700
1 400
800
260
1 800
5 000
3 500
2 200
1 0000
0
340
6 000
600
4 500
2 180
1 000
6 600
130
6 900
7 500
5 700
2 000
14 000
5 600
10 300
27 000
800
4 200
5 600
7 950
5 400
18 000
30 000
12 000
27 600
2 300
3 400
19 800
10 500
30 000
6 500
5 600
2 800
2 000
5 400
4 400
2 000
35 000
4 000
3 300
900
5 200
5 800
3 800
2 300
1 900
5 600
3 800
6 000
12 000
9 000
4 000
21 000
900
4 500
2 300
9 960
13 000
9 400
110 000
1 540
35 000
35 000
7 800
23 000
22 700
20 000
4 100
5 900
8 600
20 700
35 000
11 900
19 000
41 700
29 000
44 000
10 600
8 600
52 000
24 000
51 000
12 000
10 400
7 800
4 500
9 800
14 000
9 000
29 000
Total

Bilan

271 960

579 640

851 600

 Hommage du baron Claudius d’OLPHUS du TRUN
a napoléon

Bravo Napoléon.
Le bilan est nettement en ta faveur.
Tu es responsable d’un million de morts en chiffres ronds, ronds comme tes boulets de canon sur les champs de bataille. De toute façon, comme tu le dis si bien, tout le monde doit mourir un jour. Alors plus tôt ou plus tard, la belle affaire.

Et puis mourir jeune, c’est être aimé des dieux et c’est un sacrifice pour la grandeur de la France. Tu as trouvé les justification qu’il fallait. Tu ignores les souffrances des blessés et les estropiés. Comme tu as raison, du moment que tu ne ressens rien !

Bravo Napoléon.
A part la peste, personne n’avait fait aussi bien que toi jusque là en Europe. Il faudra attendre cent ans pour qu’on fasse mieux.

 Vous avez je pense reconnu
Dans le joli tableau ci-dessus
La liste des batailles d’un empereur
Venu de Corse pour le malheur
De plein de gens morts en douleur.
Cette liste, je l’ai péchée en douce
Sur l’internet, qui nous renseigne tous
Et donne ce que nous voulons savoir.
Les chiffres sont plus ou moins justes,
Cela guère ne me tarabusteAu débit sont nos pertes qu’il faut voir,
Au crédit celles de nos ennemis
Qui ne sont jamais morts à demi.
Vous pouvez refaire mes calculs
Car pour ce gros travail je suis nul.Vous allez voir immédiatement
Que Napoléon a gagné rondement
Avec brio presque toutes les parties.
Son bilan est vraiment positif,
On ne le mettra pas à son passif.Pourtant il ne faut pas qu’on oublie
Les hommes d’Egypte et leurs maladies,
Par leur chef vite abandonnés,
Ceux d’France gaiement massacrés,
Ceux de Russie froidement surgelés.Il a fait mourir beaucoup de monde,
Pas autant que d’autres guerres immondes
Qui viendront plus de cent ans après lui
Il n’a jamais eu de compassion
Pour tous ceux qu’il envoyait au front
N’éprouvant qu’une grande indifférence
A l’égard de toutes leurs souffrances.
Il a conçu le code civil
Dans lequel la femme est servile.
Il a saigné la nation.Il s’est bien amusé
De ses atrocités.Il est parti de rien,
Pour arriver nulle part.
La France avec lui.
Il a bien mérité les acclamations
Des pauv’types qui galvaudent leur admiration.
Baron Claudius d’Olphus du trun
29 février 1983

Publication du vendredi 17 mai 2019

Morceau d’un drap de lit que Napoléon anoblit
de son sperme lors de son retour de l’île d’Elbe

Origine de l’objet : Napoléon après avoir quitté l’Ile d’Elbe le 26 février 1815 débarque en France à Golfe-Juan le premier mars de la même année après une traversée sans histoire. Avant de s’engager sur la route Napoléon, il fait quelques pas sur le continent pour se dégourdir les jambes et savourer le plaisir de retrouver sa terre d’élection lorsque soudain il est pris d’une grosse envie de pipi car il a des problèmes de prostate. Il se trouve alors près d’une grande maison d’assez belle allure. Il frappe à la porte. Une belle femme brune vient lui ouvrir. Le reconnaissant, surprise, elle s’écrie avec l’accent italien : « Bonjour mon Empereur. Que je suis contente de vous voir. Je m’appelle Marie. Vous pouvez me demander ce que vous voulez, si je peux vous l’offrir, je le ferai.
– Merci, lui répond Napoléon. Pour l’instant j’ai surtout envie de faire pipi, pour le reste on verra après.
– C’est au fond du jardin à droite ».

Après s’être soulagé l’Empereur déchu mais plein d’espoir, revenu dans la maison, se rappelle que son séjour en mer lui a donné une autre envie qu’il veut satisfaire avec sa belle hôtesse. Il ouvre la bouche pour lui faire part de sa volonté, lorsqu’une apparition miraculeuse le fait changer d’avis. Une très belle et très jeune femme, tout le portrait de l’hôtesse avec vingt ans de moins, se tient dans l’encadrement de la porte. Sa jupe légère laisse voir dans le contre-jour ses longues jambes fines et délicates. Elle s’approche de Napoléon en souriant et lui dit d’une voix chaude et enveloppante, inattendue chez une personne si jeune : «  Tiens vous êtes revenu ! ». L’hôte détaille cette merveille. Il est immédiatement conquis par la longue chevelure noire, les yeux sombres et brillants, le regard assuré, les jolies dents régulières et nacrées et les seins mignons et fermes qui pointent sous le fin tissu du corsage blanc. Il sent que quelque chose s’agite dans sa culotte. Il connaît : c’est le désir qui monte, qui monte, qui monte. Son pantalon collant ne laisse rien ignorer de ses sentiments.

Marie qui ne remarque rien du trouble de Napoléon s’adresse à lui : « Voilà Isabelle, ma fille, elle paraît avoir vingt ans, mais elle n’en a que seize ». Puis s’adressant brutalement à Isabelle :

« – Et toi, où étais-tu encore pendant que notre Empereur frappait à la maison pour faire pipi ? Je parie que tu te faisais encore peloter par le beau Serge !
– Mais non m’man, j’aidais p’pa à donner à manger aux lapins.
– Marie, vous m’avez dit que je pouvais vous demander ce que je voulais, dit Napoléon qui a repris sa voix d’Empereur des Français, alors je …
– Vous êtes mon maître, l’interrompt irrespectueusement Marie, tout ce que vous voulez.
– J’ai besoin d’un ventre ! Je veux Isabelle tout de suite !
– Ce que vous demandez là est bien dur pour une mère. Je ferai mieux l’affaire que ma fille, mon trou est déjà rodé. Je suis plus expérimentée. Ce serait pour moi un honneur et peut-être qu’après j’aurai un p’tit Napoléon.
– Je sais plein de choses que m’a apprises le beau Serge, intervient Isabelle. Et puis moi aussi j’aimerais bien avoir un p’tit Napoléon.
– Même si ma fille est une dévergondée, même si j’ai fait une promesse sans réfléchir, même si vous êtes Napoléon, même que si çà ne dure que cinq minutes je ne veux pas prêter ma fille à un vieux cochon pour faire joujou.
– Attendez, répond l’Empereur surpris d’une telle résistance. Et sortant une sorte de clip en diamants et rubis de sa poche : si vous me laissez faire, c’est pour vous.
– Et moi alors, dit la belle, dépitée.
– Toi, je t’emmène avec moi à Paris.
– Bien, Isabelle va avec l’Empereur dans notre chambre, le lit est plus grand. Mais seulement un coup, dit Marie, qui connaît Napoléon par ce qu’on en a dit, en mettant le bijou dans sa poche. Et ne vous essuyez pas aux rideaux ».

Isabelle entre dans la chambre de ses parents, suivie de Napoléon. Elle ôte sa jupe, son corsage, elle est nue, elle s’allonge sur le lit. L’homme baisse sa culotte, se glisse sur la fille qui crie parce qu’un bouton la blesse. Il la pénètre, s’agite un instant et se retire presque aussitôt. Le mépris des femmes, l’anxiété des évènements, la continence sur le bateau et la violence du désir l’ont transformé en éjaculateur précoce. Isabelle étonnée de la rapidité de la chose s’essuie au rideau et se rhabille toute contente … elle gardera de cet instant un souvenir impérissable et impérial … vous pensez, se faire sauter par un Empereur, même déchu, c’est quand même mieux qu’un peopole ou un paysan alcoolique. Ils sortent de la chambre.

L’Empereur salue Marie et lui dit : « C’était très bien, je reviens tout de suite pour chercher Isabelle ». Il se dépêche de sortir, rejoint sa petite troupe et le général de Boue de Bonneurre auquel il raconte son aventure :

« – je viens de m’envoyer une petite jeunette, un vrai morceau de roi. Pour pouvoir la baiser, j’ai promis de l’emmener. Dépêchons nous de partir avant qu’elle nous colle aux basques, avec les tâches qui m’attendent pour la grandeur de l’Empire, je n’ai pas le temps de m’occuper d’une femelle en particulier. Des trous qui mouillent j’en trouverai tout le long de la route.
– Bien sûr Majesté, mais enfin vous lui avez promis ….
– Faites taire vos scrupules de Boue. Pensez à la grandeur de la France et de votre Empereur. Et puis elle n’a pas tout perdu. Je dirai même qu’elle n’a pas à se plaindre. En plus de l’honneur que je lui ai fait, j’ai laissé à sa mère un clip d’Eugénie en or, platine, diamants et rubis qui vaut au moins mille napoléons. En prime elle aura p’t’être un p’tit Napoléon. Je ne veux plus en entendre parler. Allez en route de Boue.
– Bien majesté, vous avez raison ! »

Tout le monde part précipitamment vers la route Napoléon sans plus se soucier des deux femmes : les promesses n’engagent que celles qui les écoutent.

Pendant ce temps, dans la belle maison, Isabelle attend. Sa mère, elle, s’empare d’une paire de ciseaux, entre dans la chambre et cherche du sang sur le drap. Rien, juste une tache humide jaunâtre. Elle découpe un carré de tissu autour de cette tache. Elle fera une réparation sur le drap troué plus tard pour éviter que son mari ne s’étonne. Elle sort de la chambre et lance à Isabelle : « Tu n’étais plus vierge, tu te rends compte de ce que l’Empereur va penser. Tu as couché avec le beau Serge, tu vas te marier avec lui, vite fait. Si tu attends un enfant, on ne pourra jamais prouver que c’est un bâtard de Napoléon ! Tu vois ce que tu as fait ! A cause de ta bêtise on passe à côté d’une fortune. Enfin ce morceau de drap taché de foutre, je le garde d’abord comme souvenir et ensuite parce qu’un jour ta descendance, avec les tests ADN qu’on va inventer, pourra peut-être prouver que ton rejeton est parent de Napoléon. »

Sans trop savoir pourquoi, Isabelle pleure silencieusement, puis comprenant que l’empereur ne viendra pas la chercher pour aller à Paris, elle lance vengeresse à sa mère : « Et puis tu sais ton Napoléon, au lit, c’est pas une affaire ».

Histoire de l’objet : Marie fit sécher le sperme et enferma le carré de tissu dans un petit coffret en bois. Elle écrivit ce que nous venons de lire sur un papier qu’elle plia et introduisit dans la boite. Elle la referma et alla la cacher dans une malle au grenier.

Un peu moins de neuf mois plus tard, le 14 novembre 1815, Isabelle mit au monde une jolie petite fille qu’elle nomma Nathalie ( avec un Na comme Napoléon ). Isabelle fut fille-mère car le beau Serge ne voulut pas l’épouser. Pour la fuir il s’engagea dans la marine. Nathalie se maria en 1836, avec un vieux, laid, mais riche marchand de tapis de Marseille où elle alla habiter. A la mort de ses parents, la maison de Golfe-Juan fut louée. Cet état de fait dura jusqu’en 1903, année au cours de laquelle le petit fils de Nathalie fit faillite et la maison de Golfe-Juan, avec tout ce qu’elle contenait, fut vendue aux enchères. Un brocanteur de Nice acquit l’ensemble dont le fameux coffret. Le marquis d’Eliran acheta celui-ci pendant l’hiver 1906 alors qu’il se reposait à Nice. Avec d’autres objets*, il le ramena au printemps dans son château et le mit précautionneusement, après l’avoir soigneusement étiqueté, dans un seau à glace en argent. A la mort du marquis, son fils le choisit pour l’exposer ici.

*Parmi ces objets se trouvent la « Comptabilité Napoléon » et le poème du baron Claudius d’Olphus du Trun qui l’accompagne. Lire la note.

Note : lorsque Jésus-Marie Pierre Ponce Gaspard de Montrou voulut installer le morceau de drap enrichi du sperme de Napoléon dans son musée, son ami, le baron Claudius d’Olphus du Trun s’y opposa vivement sous un prétexte compréhensible. En effet, Napoléon, encore Bonaparte, avait fait tirer au canon sur des manifestants royalistes le 13 vendémiaire sur le parvis de l’église Saint Roch parmi lesquels se trouvaient deux de ses arrière, arrière, arrière, arrière grands-pères. Ils avaient eu la tête emportées par un même boulet, un des rares qui fut utilisé ce jour-là. On ne les a jamais retrouvées. Les aïeux décapités ont donc été inhumés dans la crypte du château familial tels quels, ce qui est proprement insupportable. Que deviendront-ils lors de la résurrection générale le jour du jugement dernier ?

Sous les supplications de Jésus-Marie le baron finit par accepter la présentation du carré de tissu à condition qu’il puisse faire figurer à proximité le tableau, les commentaires et le poème qui suivent sur Napoléon qu’il n’aimait pas. On l’aura compris.


Publication du vendredi 3 mai 2019

Une page des mémoires du Marquis d’Eliran titrées MOI

Origine de l’objet : tout au long de sa vie le marquis d’Eliran a tenu le journal de ses exploits cumulatifs et autres. Son fils l’a publié après sa mort aux Editions de l’Au-Delà, avec le titre Journal de Moi, Marquis d’Eliran,  sous la forme de 153 volumes in-quarto comptant chacun en moyenne 829 pages, 253 dessins, 75 aquarelles et 1674 photographies, tous de la main du marquis. Ne pouvant montrer dans ce musée l’intégralité de l’œuvre qui représente une colonne de huit mètres de haut, il a choisi d’en découper une page particulièrement intéressante, celle tirée de l’année 1927, dans laquelle il relate sa rencontre avec Freud (1856-1939 ) pour se faire interpréter un rêve qui l’inquiétait particulièrement.

Eliran, le 31 juin
Le  31 juin, je me trouvais à Vienne pour acheter une vieille cocotte minute desséchée que possédait une vieille baronne rouillée, née Hohenzollern,  lorsque je fis un rêve étrange dont le souvenir me dérangea pendant quelques jours.

Le voici :
« Habillé, j’étais seul sur la plage de galets du Tréport à marée basse, lorsqu’une file d’autobus parisien arriva avec ses passagers pour faire le plein d’eau de mer. Quand ceux-ci me virent, ils descendirent de leurs voitures et se précipitèrent vers moi. Arrivés à quelques mètres, ils s’arrêtèrent, formèrent un cercle dont j’étais le centre, s’agenouillèrent, puis se prosternèrent. A ce moment, comme par miracle, je me retrouvai tout nu et je commençai à faire pipi en tournant sur moi-même si bien que la trace de mon urine dessina sur les galets un cercle parfait d’un mètre de rayon, mesuré à l’aide du mètre étalon en platine iridié sorti du pavillon de Breteuil à Sèvres, qu’un enfant barbu tenait à la main, et donc de 6,2832 … mètres de circonférence. Ma miction terminée, les voyageurs se relevèrent en silence, s’approchèrent, posèrent leurs mains sur la trace mouillée. Ensuite ils se retournèrent et sans un mot, ils se dirigèrent solennellement vers leurs autobus respectifs dans lesquels ils remontèrent. Quand tout le monde fut assis à sa place, les véhicules s’évanouirent en laissant à leur emplacement un monceau de KK analogue à du crottin de cheval. Je me retrouvai tout habillé, le soleil se coucha et je me réveillai. J’avais un doigt dans l’œil droit ! »

Je m’en ouvris à mon ami le docteur Otto Friskch qui me conseilla d’aller voir le docteur Sigmund Freud spécialiste, de l’interprétation des rêves. Je suivis son conseil, pris rendez-vous pour le 28 juin à six heures de l’après-midi, puis me présentai chez celui-ci.
« – Ach ! Je ne parle pas Français, me dit-il en Autrichien. Parlez-vous Autrichien ?
– Non, lui dis-je.
– C’est très bien me dit-il dans sa langue natale. Nous sommes faits pour nous comprendre. Qu’est-ce qui vous amène ?
– Rien, je suis venu à pied. Ach !
– Je voulais dire, pourquoi venez vous me voir ?
– Et bien voilà, lui répondis-je. J’ai fait un rêve il y a quelques jours et il me chiffonne. J’aimerais bien en connaître la signification. Le docteur Otto Friskch, qui vous connaît m’a dit que vous étiez un spécialiste de la chose.
– Ach ! ce brave Otto, il sait à quel point je suis intelligent et comment, en deux coups de cuillère à pot, je résous ce genre de problème. Avez-vous deux cents marks ?
– Ya !
– C’est bien. Donnez, allongez-vous là et racontez. »

Je m’exécutai et obtins l’interprétation suivante :

« L’autobus parisien est dans l’inconscient universel, que ce soit celui des Parisiens, des Versaillais, des Bantous, des Kanaks, des pygmées ( comme ils sont petits, je ne leur mets pas de majuscule ), des pharaons, des Patagons, des Turkmènes ou des Incas, partout le même. Il est le symbole de la matrice universelle, de l’origine du monde, du ventre de la femme. La mer est le symbole de l’élément qui va féconder la petite graine, le sperme, car comme la mer, il est inépuisable. Les gens qui descendent sont les nouveaux-nés. Ils viennent vers vous, se prosternent pour s’éduquer et devenir adultes car à vos yeux vous êtes le centre de l’Univers, le maître du monde, l’être parfait qui va communiquer son expérience unique à ceux qui ont soif de savoir. Vous êtes tout nu pour montrer votre candeur, votre pureté. Le mètre étalon que tient le voyageur est une allusion à votre puissance et à votre pouvoir fécondant et reproducteur : vous êtes un véritable étalon. L’enfant barbu vous rappelle que malgré votre état d’adulte avancé vous avez su garder votre âme d’enfant. Les personnes touchent votre urine et les galets de la plage, l’une, symbole de la connaissance que vous dispensez et les autres, symboles de la difficulté de l’acquérir. Elles rejoignent les autobus, car après la vie, c’est la mort, leur corps retourne dans la matrice universelle, l’autobus parisien. Le KK est le symbole de ce qui reste après notre vie circumterrestre. Vous êtes habillé de nouveau car vous êtes pudique et modeste. Vous avez le doigt dans l’œil droit parce que vous vous mettez le doigt dans l’œil en votant pour la droite. J’aurais dit la même chose pour l’œil gauche.»

Je remerciai Sigmund parce que maintenant, pour moi, tout était clair. Il m’offrit un verre de vin du Rein. Je déclinais son invitation car j’avais hâte de rentrer au château avec ma vieille cocotte minute pour mettre ce récit par écrit dans mon journal.

 Histoire de la page : les mémoires du Marquis, éditées par son fils ont été tirées en quatre exemplaires, tous vendus à des bibliophiles car il n’y avait pas de place au musée pour accueillir 153 volumes. Le fils du Marquis s’est contenté de découper la page 345 du tome 63 pour la faire figurer ici comme témoin. Le propriétaire de cet exemplaire ne s’est pas plaint, ce qui prouve que comme beaucoup de bibliophiles, il ne lit pas ce qu’il achète.


Publication du vendredi 19 avril 2019

Le préservatif à cinq coups

Origine de l’objet : depuis le départ de son épouse, Sidonie de Meurthémosèle, le marquis n’avait plus de femme. Il n’en voulait plus car il pensait que cela n’apportait que des désagréments, sans compter les enfants. Il n’en était pas moins homme. Quand une envie trop pressante le tiraillait par en bas, il se rendait dans un bordel, autrement dit maison de tolérance, maison close ou lupanar. Là il se choisissait une prostituée bien grasse et passait un bon moment au lit avec elle.

La loi du 9 avril 1946, dite loi Marthe Richard ( elle n’est même pas dans le dictionnaire, c’est une honte ), ferma les établissements de plaisir en France. Le marquis en fut bien marri. Par la suite, pour satisfaire une libido par moment galopante, il se rendait à Paris dans le quartier de Pigalle. Là il se trouvait deux ou trois prostituées pour monter la journée dans un hôtel de passe. De temps en temps il allait voir son fils, Jésus Pierre Ponce, proxénète qui lui faisait une faveur. Il lui fournissait des femmes avec une réduction de cinquante pour cent.

C’est là qu’une travailleuse du sexe, Anna de Monte Aiguë (1925-2003), lui montra un prototype de préservatif à cinq coups successifs. Celui-ci avait été fabriqué en 1948 en latex par l’entreprise Condom Frères sur les plans de Benoît Toncha (19131978), Chevalier dans l’Ordre du Mérite Agricole, dont l’invention avait été primée en 1939 au concours Les Pines qui avait lieu tous les cinq ans, parallèlement au concours Lépine. Il était organisé par la Confrérie des Mères Maquerelles et Tenanciers de Bordels . A cause de la guerre, l’idée originale n’avait pas pu être exploitée. La paix retrouvée, l’inventeur pensa pouvoir enfin tirer bénéfice de son génie.

Malheureusement les prototypes distribués aux péripatéticiennes pour essai montrèrent plus d’inconvénients que d’avantages. Ils étaient difficile à enfiler et, après le premier coup, si l’on voulait s’en servir à nouveau, on mettait du sperme partout. A la troisième fois c’était une véritable inondation. Et puis cinq coups, c’était trop ambitieux. Pour la plupart des hommes trois coups, voire deux, auraient été largement suffisants. Aussi la fabrication en série ne fut jamais lancée.

Le marquis après avoir utilisé le préservatif à répétition voulut s’en emparer pour embellir sa collection car il voyait dans cet objet une preuve historique du génie français. La prostituée s’y opposa, arguant du fait qu’après lavage et séchage, elle l’utiliserait pour les clients suivants. Le marquis dû l’acheter. Il le paya 1000 francs*.

Histoire de l’objet : le marquis, content de son acquisition, rentra chez lui. Il plaça son contraceptif multiple dans un pot à confiture plein d’eau afin que le latex ne sèche pas et ne durcisse pas. Il boucha le pot avec de la paraffine, l’affecta du numéro 96 et le mit à la cave pour éviter l’action de la lumière.

Son fils a exposé cette merveilleuse invention française dans notre musée en hommage à la nature généreuse de son père. Vous remarquerez le parfait état de conservation du latex français de 1948.

*1000 francs de 1948 = 72 euros de 2007.


Le téléphone à gaz

Premier téléphone mobile sans fil de l’armée française

Origine de l’objet : Jules Dupond (1902 – 19..) employé de la Société du Gaz de Paris a occupé ses loisirs à inventer et à réaliser des moyens de communication. Au moment des faits que nous rapportons, il avait déjà réalisé un poste récepteur à galène, un émetteur à triode et un émetteur récepteur hydraulique.

En cherchant des débouchés supplémentaires pour la société qui l’employait, en 1937 il mit au point un prototype de téléphone mobile à gaz. Il essaya de négocier son invention auprès de l’armée française, mais l’état-major toujours retardataire, avec des idées archaïques, voulut s’en tenir au téléphone à fil pour gagner la guerre de 1914 avec des armées immobiles enterrées. Par conséquent elle rejeta sa proposition.

Le bruit de l’invention arriva au oreilles de Louis Honoré Joseph de Bèsencourre-Rastignac (1911 – 1947), officier du service de renseignement français. En janvier 1938, il rencontra secrètement Jules Dupont à la station de métro Jules Joffrin car dans sa tête une idée lumineuse avait jailli, qui, si elle réussissait, lui apporterait gloire et avancement pour son initiative.

Il proposa à Jules Dupont une mission en Allemagne que, par patriotisme, celui-ci accepta illico. Il s’agissait rien moins que d’espionner les mouvements de l’armée allemande et de communiquer secrètement à Louis Honoré Joseph de Bèsencourre-Rastignac le résultat de ses observations grâce à son téléphone mobile à gaz.

Ils convinrent que Jules Dupont entrerait en Allemagne en passant par la Belgique, muni d’un passeport belge afin d’être pris pour un humoriste belge au cas où il serait arrêté par la gestapo. Il serait déguisé en coureur cycliste, une bicyclette étant moins visible qu’une automobile. De plus il était aisé de fixer le téléphone proprement dit sur le porte-bagage avant et la bonbonne de gaz sur le porte-bagage arrière. Le cadre, muni d’une sacoche contenant des albums de Tintin, servirait d’antenne. Enfin la présence d’une dynamo permettrait d’allumer, grâce à une étincelle électrique, la veilleuse du téléphone à la demande, sans descendre de machine.

En juin 1938 Jules Dupond traversa la frontière belgo-germanique par la route de Plombières à Aix-la-Chapelle. Les douaniers, bien qu’un peu surpris par l’attirail qu’il transportait sur son vélo de course, le laissèrent passer en pensant qu’il était un coureur à l’entraînement qui préparait le tour de France. Dès son arrivée en Allemagne, il commença sa carrière d’espion. Muni de puissantes jumelles il suivit les mouvements des troupes le long de la frontière belge. Elles étaient relativement peu nombreuses et mal préparées ce qui rassura le commandement français renseigné par Louis Honoré Joseph de Bèsencourre-Rastignac. On le récompensa pour son initiative en lui offrant une belle promotion. Cet épisode fut lourd de conséquence pour la suite de la guerre, puisqu’en France personne ne crut que l’armée allemande ait eu l’intention de passer par la Belgique. Quand l’événement se produisit, on rejeta la faute sur le nouveau promu. Il fut révoqué. De désespoir il se fit ermite au Sahara. Il mourut de soif quelques années plus tard en courant derrière un mirage.

En août 1938 Jules Dupond s’arrêta chez un commerçant d’Oberhausen pour acheter du chocolat suisse. L’épicier intrigué par son caprice prévint la police qu’il avait peut-être vu un espion. Jules Dupont fut arrêté et l’interrogatoire commença :
– Fous barlez Allemand ?
– Non.
– Fous êdes bas Allemand ?
– Si
– Alors mondrez-moi fos babiers.
– Les voilà.
– Arch ! Fous fous abbelez Ludwig von Beethoven,
– Oui.
– Arch ! Ch’ai gonnu guelgun de ce nom tans le demps. Mais fodre bazzebord est vaux.
– Ah !
– Fous êdes un humorisde Pelche ?
– Pas du tout, j’suis pas Belge du tout. Je suis Français, moi monsieur !
– Alors fous êdes un esbion vranzais.
– Oui ! Euh… c’est non que j’voulais dire. Je suis un humoriste belge ! Ou plutôt non, je suis un coureur cycliste Belge qui prépare le tour de France.
– Gu’il est gon ! Le dour te Vranze est vini tebuis guinse chours.
– Mais je prépare le prochain.
– Pon ! Za zuvvit. Fodre gombde est pon !

Aussitôt le policier prévint la gestapo. Elle tortura le faux coureur pour lui faire avouer tout ce qu’il ne savait pas. Très courageux, Jules Dupond ne parla pas. Finalement n’ayant obtenu aucun renseignement, sous anesthésie générale, la gestapo lui coupa les pieds pour qu’il ne puisse plus suivre l’armée, les mains pour qu’il ne se serve plus de son téléphone, le nez pour qu’il ne puisse plus sentir la poudre, les oreilles pour qu’il ne puisse plus entendre, la langue pour qu’il ne puisse plus parler et lui crèva les yeux pour qu’il ne puisse plus voir. Un espion à qui il manque tout cela n’est plus vraiment un espion. Puis elle le jeta dans un fossé. Une femme qui passait par là, Ulla Houpsh, dont le mari était un militaire de carrière toujours absent le vit, le palpa et se rendit compte que la gestapo ne lui avait pas tout coupé. Elle pensa qu’elle pourrait s’en servir les soirs de grande solitude et que ce serait mieux qu’une poupée gonflable, même perfectionnée. Elle s’enquit d’une brouette et le transporta chez elle. Elle l’installa dans un fauteuil à bascule et le soigna. Quand il fut à peu près guéri, elle s’en servit pour son hygiène personnelle chaque soir. Grâce à ses moignons de jambes, il lui réchauffa les pieds dans son lit glacé. Avec ses handicaps, ce morceau de mâle n’était pas gênant. Il consommait peu et rendait bien service. A la fin de la guerre, contre toute attente le mari de Ulla revint. Il n’était pas jaloux. Il renvoya Jules Dupont par colis postal au service de contre espionnage français. On ne sait pas ce qu’il est devenu depuis. Le bruit court qu’à sa mort, après avoir reçu la Légion d’Honneur à titre posthume, il a été empaillé et exposé dans une salle de classe de l’Ecole des Espions, pour dissuader les agents secrets de manger du chocolat suisse lorsqu’ils sont en mission.

Histoire du téléphone : en arrêtant Jules Dupond la gestapo emporta son vélo pour étudier le système d’espionnage. Les Allemands s’esclaffèrent en voyant le téléphone mobile à gaz. Ils pensèrent au retard technologique des Français, eux qui possédaient de véritables émetteurs-récepteurs électriques. Le commandant de la gestapo fit démonter le système pour récupérer le vélo de course qu’il offrit à son fils. Il donna les porte-bagages à son ordonnance. Il fit placer le téléphone sur une cheminée de son bureau avec le commentaire suivant écrit en Français et en Allemand : « Afec guoi les vranzais feulent cagner le querre ? Un délévone à casse ».

Après le débarquement des alliés en Normandie, le Marquis d’Eliran, trop vieux pour participer à la guerre a suivi les troupes anglo-américaines dans le but de glaner des souvenirs historiques du conflit. Au début de 1945, il visita ce qui restait du bureau de la gestapo d’Oberhausen, démoli par les obus, où se trouvait le prototype du téléphone à gaz. Il n’en restait qu’une partie. Le Marquis s’en empara et le plaça à l’arrière de la jeep qu’il avait louée au commandement américain et dans laquelle il transportait des « p’tites femmes de Paris » pour soutenir le moral des troupes, moyennant redevance.

Peu après il retourna à Paris, la jeep étant pleine d’objets historiques et les p’tites femmes pleines de maladies honteuses. Arrivé à son château le Marquis disposa les objets récoltés dans son château. Il plaça le téléphone dans les bras de l’une des armures de ses ancêtres qui se trouvait dans le couloir du premier étage.

A sa mort son fils récupéra le téléphone, ou du moins ce qu’il en restait pour étoffer son musée. Il est ici, là.

 Description du téléphone : au départ, le système se composait de trois parties : le corps du téléphone proprement dit avec son combiné, la bonbonne de gaz, avec son tuyau, qui alimentait le système émetteur-récepteur et le fil qui reliait le système au cadre pour faire antenne.

Il ne reste plus que la boîte en bois sur laquelle est placée le combiné. Elle contient l’invention à gaz. Sur le dessus, le combiné, au milieu, un bouton rouge qui devait permettre, par une simple pression de mettre à feu un explosif pour détruire l’ensemble avant que l’ennemi ne s’en empare. Jules Dupont n’a pas osé s’en servir de peur du bruit et que l’explosion ne le défigure. Sur le dessus à droite, trois étiquettes blanches, avec les boutons correspondants, marquées ‘office’, ‘bureau’, ‘chambre à coucher’, noms de code de Paris, Bordeaux et Montcuq, lieux où se trouvaient les services secrets avec lesquels l’espion devait communiquer.

On pense que Jacques Tati s’est inspiré du téléphone mobile de Jules Dupont lorsqu’il a tourné son film Jour de Fête.

Moralité : voilà comment, à cause de la tentation d’un espion par du chocolat suisse en 1938, la France a perdu la guerre en 1940.


Publication du vendredi 22 mars

Un poil de président de la république

Origine de l’objet : Laura Pourrien (1933-2001), plasticienne, s’est spécialisée pendant un certain nombre d’années dans la représentation épurée d’hommes et de femmes nues en bronze coloré dans la masse, dans des positions suggestives. L’originalité de ses œuvres réside dans la représentation très réaliste du pubis de ses statues, orné de véritables poils ayant appartenu à des personnages célèbres, gens du monde de la finance, de la politique des lettres et des arts. Par un procédé particulier, breveté et secret, il semble que l’artiste soit parvenue à les implanter dans le bronze afin qu’ils poussent réellement pendant quelque temps. Elle n’a pas réussi à les bouturer. Donc, pour que la greffe réussisse il fallait qu’ils soient munis de leur racine. Cela demandait qu’on les arrache ou bien qu’ils tombent naturellement dans les sous-vêtements, la baignoire, le lit ou tout simplement par terre, ce qui a lieu plutôt au printemps, période pendant laquelle les animaux perdent le plus souvent leurs poils.

Pour obtenir la matière première de ses œuvres, elle sollicitait par lettre ou par téléphone les peopoles. Certains, parmi les plus connus, toujours en quête de notoriété, répondaient positivement. Tous n’étaient pas prêts à sacrifier une partie de leur anatomie aux fantaisies d’une artiste, et puis « s’arracher les poils du c…, çà fait mal », comme l’a dit Ismaël Galapia. Elle contournait la difficulté en s’adressant soit aux instituts de beauté de luxe où l’on pratiquait l’épilation maillot à la cire, soit aux domestiques pour qu’ils traquent les poils de leurs employeurs au fond des baignoires, des slips, des lits ou sur le sol des salles de bain. On comprend que dans ces conditions, elle ait obtenu davantage de poils d’origine féminine que masculine. Elle les troquait contre leur poids en or.

Parmi toutes ses œuvres, celle dénommée Pouvoir lui tint particulièrement à cœur. On voit un personnage stylisé à l’extrême avec une grosse tête, un très grand front, un sexe en érection en forme de queue de cochon, et un tout petit cœur, qui sert dans ses énormes mains des petits personnages en forme de fétus. Elle a mis plus de trente ans à la réaliser, temps qu’il a fallu pour obtenir assez de poils de présidents passés, présents et futurs de la quatrième ou de la cinquième république française pour orner une toison pubienne suffisamment fournie. Ce sont les domestiques du Palais de l’Elysée qui les lui ont procurés petit à petit en les traquant partout lorsqu’ils faisaient le ménage et le blanchissage. L’ennemi de cette quête a été l’aspirateur qui avale tout goulûment sans faire de distinction entre le précieux et le trivial.

 Histoire du poil : en 1982, Laura Pourrien a exposé une rétrospective de ses Œuvres à la Galerie Berlinoise, rue de Londres à Paris. Le marquis d’Eliran, comme chaque personnage du Tout Paris était présent au vernissage. Il profita du brouhaha et de la cohue pour se glisser près du Pouvoir et arracher discrètement, mine de rien, un poil sans faire tomber la sculpture. Il le glissa dans une enveloppe transparente comme celles qu’utilisent les philatélistes pour protéger les timbres-poste. Quand il rentra chez lui, il plaça le fruit de son larcin dans un seau à charbon, avec le numéro 512, où se trouvaient déjà d’autres vestiges de gens célèbres, rognures d’ongles, crottes de nez, morceaux de prostates, etc.

Son fils, à la vente du château ne put sauver que ce phanère. Il a vivement regretté d’ignorer sa provenance exacte car Laura Pourrien n’étiquetait pas les poils qu’elle fixait sur ses œuvres. En quarante ans, période féconde de l’artiste, la république française a compté sept présidents. Toutefois pour rendre hommage à la mémoire du marquis et à celle de son fils, le musée finance une recherche par le marquage d’ADN pour être définitivement fixé, post-mortem, sur l’identité du porteur du poil.

Le musée tiendra au courant ses amis qui sont intéressés par le résultat de notre quête pour savoir à quel illustre personnage appartient le très important vestige de vie qu’ils voient ici-bas, là.

Observez bien ce poil. A sa forme, on sent les questions d’une déchirante vérité et d’une troublante grandeur qui hantent les esprits et tourmentent les corps de ces êtres d’exception, arrivés au sommet de leur ambition et de leur gloire, bien au-dessus des préoccupations qui nous tracassent, nous-autres, simples mortels de petite envergure.


Publication du 8 mars 2019

Un poil de mammouth contemporain

Origine de l’objet : en 1971, pour son film Varanan et les mammouths, le metteur en scène Jean-Michel Marrot avait besoin de cinq mammouths. Pour résoudre le problème, l’un des producteurs américains lui a conseillé de s’adresser secrètement au milliardaire Thomas T. Morgan, roi du pétrole. Celui-ci a fondé en 1968 un laboratoire clandestin situé sur un îlot perdu et désolé de l’atlantique sud, avec à sa tête le savant fou Dimitriu Orucescue, (celui qui a créé un porc à huit jambons en Roumanie du temps de Ceausescu) pour pouvoir étudier le clonage humain en toute tranquillité et en dehors des législations trop contraignantes et moralisatrices des états.

La micro-société des chercheurs qui existe toujours, au nez et à la barbe de la communauté internationale, parce qu’elle est soutenue sournoisement par les Etats Unis, est constituée par des couples homos ou hétéros sexuels afin qu’il n’y ait pas de pertes d’énergie dans la recherche d’âmes sœurs ou de partenaires pour apaiser la libido. Ses membres sont tous des gens qui ont fui la justice de leur pays pour des affaires de mœurs, d’éthique, d’argent, de crimes ou délits. Recherchés par Thomas T. Morgan, ils signent un contrat qui les astreint à travailler sur l’îlot jusqu’à ce que leurs accusations soient prescrites. Ils ont une obligation de résultat. S’ils ne donnent pas satisfaction on les invite à gagner le continent qui leur plaît à la nage. Une telle éventualité ne s’est présentée que deux fois depuis la création du laboratoire.

Les résultats, sans doute très avancés, obtenus par celui-ci sont top-secrets. On sait cependant, par le cinéma, qu’il fut capable de fournir des dinosaures à Spielberg pour Jurassic Parc et des mammouths pour Varanan et les mammouths. Les dinosaures furent obtenus par de longues manipulations de leur génome obtenu à partir du sang de moustiques inclus dans de l’ambre. Les mammouths furent ressuscités plus simplement à partir des gonades d’animaux congelés en Sibérie du nord et parfaitement conservés. Il a suffi d’en extraire les gamètes et de les réactiver par un procédé breveté pour obtenir une fécondation in-vitro.

L’exploit, fut d’avoir trouvé un moyen, probablement l’ultravibromassolaser à neutrons clapants et à énergie tellurique, pour faire croître les animaux dix fois plus vite que dans la nature tout en les laissant inanimés dans des éprouvettes géantes jusqu’à leur utilisation. Ensuite, tout de suite après leur utilisation cinématographique, en conformité avec le principe de précaution, les bêtes furent sacrifiées et brûlées, puis leurs cendres furent envoyées à l’aide d’une fusée dans le soleil afin que les neutrons clapants qu’elles contenaient ne polluent pas notre milieu. Tout cela coûta très cher, mais le milliardaire Thomas T. Morgan, grâce au pétrole, gagne l’argent plus vite qu’il ne peut le dépenser.

Les acteurs et techniciens, dûment chapitrés, n’avaient pas le droit d’approcher les animaux pour éviter toute irradiation ou contamination. Cependant, le porte-perche du film, réussit pendant un moment d’inattention général à arracher subrepticement une touffe de poils de la queue de l’un des mammouths et à la cacher dans son slip.

 Histoire du poil : revenu en France, il proposa le fruit de son larcin au directeur du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris qui le refusa, mais lui conseilla de le proposer au Marquis d’Eliran pour sa collection d’objets historiques. Celui-ci refusa à son tour en disant qu’il n’était intéressé que par les poils des hommes politiques acteurs de l’histoire de notre pays. Le vendeur insista en faisant remarquer que ces poils étaient le fruit de recherches que la science avait mis à la disposition d’un metteur en scène français. Il insista sur français. Le marquis, patriote, fut troublé et accepta de prendre un poil. Il l’emporta dans son château et l’enroula autour de l’espagnolette d’une fenêtre qu’on n’ouvrait jamais avec une étiquette explicative et le numéro 652. On ne sait pas ce que sont devenus les autres poils de la touffe. Par contre on sait qu’à son contact dans le slip, le sexe de Jules Ulles est devenu tricolore. Ce qui prouve que les manipulations génétiques ne sont pas toujours inoffensives pour l’homme.

Le fils du Marquis par amour du cinéma a tenu à placer ce poil dans une vitrine du musée derrière un verre au plomb, afin de ne pas provoquer les effets nocifs que ce vestige protéique pourrait avoir sur les visiteurs.


Publication 22 février 2019

Pinceau en poils de moustache de Staline avec portrait

 Origine des objets : en 1933 une étrange annonce parut dans l’organe de propagande du PCUS la Pravda à la rubrique relations :

« Tyran cruel, beau grand et fort, Homme d’Acier ( Staline en Russe ) et Petit Père des Peuples ( PPP pour les intimes ) cherche jeune femme artiste, si possible aquarelliste, grande mais pas trop, belle mais pas trop, intelligente mais pas trop, au visage slave très typé, pour causeries au coin du feu à la demande et portrait. Plus si affinité. Logis et couvert assurés jusqu’à la fin de sa vie. Discrétion assurée. Se présenter au Kremlin les jours pairs de 10 heures à midi, munie de la présente annonce et demander Boris ».

Tamara, une jeune moscovite de vingt ans qui étudiait les beaux arts à Moscou et qui cherchait à se caser tomba sur l’annonce. Il lui sembla qu’elle correspondait à la description qu’elle contenait. Sans réfléchir, ce qui montre qu’elle collait en partie aux critères décrits, elle se précipita au Kremlin à l’heure et au jour dits.

Elle n’était ni la seule ni la première. Un préposé la reçut. Elle demanda Boris. Il répondit : « plus tard ». Il lui confisqua la Pravda et sa montre. Il lui donna un numéro écrit en noir sur une plaquette en bois, le sept. Il l’introduisit dans une chambre froide aux murs tapissée de velours rouge, sans doute pour voir comment elle réagirait dans un éventuel voyage en Sibérie, avec interdiction de communiquer avec les autres jeunes femmes qui s’y trouvaient déjà, assises sur une banquette de cuir rouge qui courait autour de la pièce. D’autres impétrantes arrivèrent après elle. Le préposé leur confisqua la Pravda et leur montre. Il leur donna un numéro et les fit asseoir dans la glacière. Elle observa ses consœurs en attente. Elle ne reconnut personne. Elle s’aperçut que les numéros étaient donnés dans le désordre. Elle se posa la question de savoir si c’était fait exprès, s’il y avait d’autres glacières d’attente. Le silence était total, seulement rompu à intervalles réguliers par le ronronnement d’un moteur de compresseur qui se mettait en marche. De temps en temps le factionnaire resté à l’extérieur de la salle jetait un coup d’œil à l’intérieur par un hublot percé dans la porte.

L’attente se prolongeait. Sans montre il était difficile de connaître sa durée. Tamara commença à s’inquiéter. De plus, c’était l’été, la canicule régnait. Les jeunes femmes étaient habillées légèrement. Au début, elles avaient apprécié la fraîcheur du lieu. Maintenant elles grelottaient, surtout les maigres. L’une d’elles, très jeune, presque une enfant, se leva, tambourina à la porte. Le visage du préposé apparut, interrogateur. « Pipi » dit la jeune fille. L’homme recula et fit voir sa main dont l’index montrait le bas à droite. Effectivement à côté de la porte, il y avait un seau hygiénique rouge marqué de la faucille et du marteau sur lequel on pouvait lire « Gloire aux travailleurs manuels ». La fille, un peu honteuse sous le regard des autres prisonnières, s’y soulagea. Petit à petit tout le monde y passa. Le seau gardait un niveau constant.

Une drôle d’odeur flotta dans la salle. Tamara s’endormit, puis elle sentit qu’on la secouait. Elle ouvrit un œil. Elle était assise sur une chaise, devant un large bureau, derrière lequel un bel homme, encore jeune, aux yeux bleus dans un visage typiquement russe, fumait un gros cigare. Le militaire qui l’avait remuée s’éclipsa.

« – Camarade Tamara, je suis le camarade Boris.
– Tu sais mon nom camarade !
– Ici, camarade, nous savons tout sur tout et sur tous.
– Ah ! fit Tamara en frissonnant.
– Tu as répondu à l’annonce de ton plein gré. Camarade es-tu prête à tout subir sans hésitation ni murmure pour la grandeur du prolétariat et la gloire de l’URSS ?
– Oui camarade !
– Bien, alors on va te faire passer une visite médicale, des examens biologiques et psychologiques et si tout va bien, on t’expliquera ce que le pays attend de toi. »

Sur ces mots, deux infirmières vinrent chercher Tamara Kouryndina pour qu’elle subisse ce qu’on lui avait annoncé. On commença par s’assurer qu’elle était vierge et qu’elle pourrait être déflorée sans difficulté particulière. Les différents examens durèrent presque un mois pendant lequel elle fut dorlotée avec délicatesse et nourrie avec raffinement. Ensuite elle fut désinfectée des pieds à la tête. On la trempa dans des bains d’eau de Javel et de permanganate. On la saupoudra de sulfamides, seuls antibiotiques connus à l’époque.

Enfin le grand jour arriva. On la vêtit comme une princesse, on la maquilla et la coiffa comme une gravure de mode, et on l’amena dans le bureau du camarade Boris. Celui-ci se leva en sifflant.

« – On t’a transformé en vrai morceau de roi camarade Tamara. Tu peux remercier le camarade Staline, notre petit père à tous.
– Oui camarade Boris. Alors, quelle est ma mission ?
– Ici, il n’y a que moi qui pose des questions. Ta première mission camarade Tamara Kouryndina est justement de ne pas poser de question et de ne pas y répondre lorsqu’on t’en pose, sauf si c’est moi ou le camarade Staline notre petit père à tous. Compris ?
– Oui camarade Boris.
– Pour commencer tu vas changer de nom. Tu t’appelleras Nadia Allilouëva.
– Mais camarade, c’était le nom de la femme de notre petit père à tous. Elle s’est suicidée l’année dernière.
– Justement camarade Nadia Allilouëva. C’était une rebelle. Elle n’a jamais voulu se plier aux exigences de l’Homme d’Acier qu’est notre génial Petit Père des Peuples. Elle s’est suicidée, rien que pour l’embêter. Lui, malgré son incommensurable grandeur a des fonctions humaines comme nous tous. C’est sa seule faiblesse. Il en est conscient. En particulier, il a besoin de baiser, sans cela le désir le torture et il ne peut plus penser à autre chose qu’à sa queue. On t’a préparé à çà.
– Je comprends camarade Boris.
– Tu n’as rien à comprendre camarade, tu as juste à obéir. Il faut que tu accèdes à tous ses désirs tout en le laissant fantasmer sur sa femme. Il faut que ton attitude lui laisse penser qu’il prend sa revanche sur elle. Alors il aura l’esprit libre pour diriger notre pays et son peuple vers des lendemains qui chantent. Si tu agis bien l’URSS en marche te sera reconnaissante. Compris camarade  Nadia Allilouëva ?
– Oui camarade Boris.
– Ah ! j’allais oublier de te dire que le camarade Staline aime bien qu’on fasse son portrait. Tu sais peindre. C’est l’une des raisons pour laquelle on t’a choisie. On te procurera tout ce qu’il faut pour çà. Une dernière chose très importante. Tu ne dois parler à personne d’autre qu’au camarade Staline. Si tu désobéis, on le saura tout de suite. Tu perdras ta place et on te prendra un aller simple pour Toungusy*. Il y a plein de saines, belles et jeunes communistes comme toi qui ne demandent qu’à prendre ta place. Compris camarade  Nadia Allilouëva ?
– Oui camarade Boris. »

Et voilà comment la jeune Tamara Kouryndina devint courtisane au service du tyran Staline sous le nom de sa deuxième femme.

On la conduisit dans une chambre très bien aménagée, très luxueuse avec un grand lit au sommier silencieux et au matelas moelleux juste ce qu’il faut pour bien dormir et faire l’amour. Sur la table de nuit un téléphone doré était relié par une ligne directe à tous les endroits où Staline pouvait se trouver au Kremlin pendant la journée et la nuit. Elle disposait d’un beau poste de radio et d’une bibliothèque abondamment fournie pour passer le temps. Dans un tiroir, elle trouva ce dont elle avait toujours rêvé : une somptueuse boite d’aquarelles et une foule de pinceaux de qualité.

En dehors de ses rencontres avec Staline, elle n’avait rien à faire, une grosse femme kirghize au regard torve faisait le ménage et restait à sa disposition dans une petite pièce voisine. Elle avait le droit de se promener dans le Kremlin accompagnée des deux soldats qui stationnaient en permanence devant sa porte et qui veillaient à ce qu’elle ne parle à personne pendant ses déplacements. Ces militaires étaient renouvelés chaque jour pour éviter toute familiarité avec Tamara alias Nadia.  Quand elle était trop lasse d’être enfermée elle pouvait faire une demande en six exemplaires, sur des formulaires de différentes couleurs, pour aller se promener dans les magasins réservés aux membres du parti ou dans les rues de Moscou. La réponse arrivait assez rapidement au bout de quelques jours. Elle sortait alors, si elle en avait encore envie chaperonnée par d’autres gardes. Une fois par semaine une jolie psychologue, nommée Lioura, venait s’inquiéter de son psychisme pour voir si elle ne constituait pas un danger pour la santé de l’Homme d’Acier.

Chaque matin à 10 heures, sauf contrordre, elle se rendait dans le bureau du Petit Père des Peuples pour exécuter son portrait à l’aquarelle pendant qu’il travaillait. Il adorait cela. Quand une image était terminée il la laissait sécher sur son vaste bureau et la contemplait longuement. Si elle lui déplaisait il la déchirait minutieusement. Sinon il ouvrait un tiroir secret où se trouvaient déjà les autres œuvres datées de Tamara et des aquarellistes qui l’avaient précédée. Il les contemplait longuement cherchant à y déceler les stigmates de son vieillissement. Puis il y ajoutait le dernier travail et fermait le tiroir en soupirant.

Deux ou trois fois par semaine dans l’après-midi, Staline la faisait venir pour ce qu’il appelait une causerie au coin du feu. En réalité, il continuait les différentes disputes sans issue qu’il avait eues avec sa femme Nadia Allilouëva. Conformément à sa consigne, Tamara ne répliquait pas. Staline à la fois satisfait par une victoire facile et agacé par le manque de résistance de sa courtisane lui collait une ou deux gifles et la renvoyait dans sa chambre. Au début celle-ci pleurait. Elle s’y habitua et finit même par en rire.

De temps en temps, il venait la retrouver la nuit. Il la réveillait dans le noir. Il lui disait «  je suis comme Napoléon ». Elle ne comprenait pas la signification de cette phrase. Il lui écartait les jambes, se plaçait sur elle, s’agitait pendant quelques secondes. Elle ne bougeait pas. Elle sentait vaguement remuer quelque chose à l’entrée de son vagin. Très rapidement il avait un spasme silencieux. Il s’éloignait d’elle, sortait du lit et s’évaporait dans la nuit. Elle se retrouvait avec l’entrejambe mouillé. Elle se rendormait. Le matin elle réfléchissait. Elle avait à peine senti son dépucelage. Pendant le coït elle n’éprouvait rien. Pourquoi ?

Un jour ou plutôt une nuit, au début de sa visite, le dictateur agit comme d’habitude, il fit sa petite affaire, mais au lieu de s’esbigner en catimini, il s’effondra, couché sur le ventre, en ronflant. Il puait la vodka. Il était ivre-mort. Tamara comprit qu’elle avait l’occasion de savoir. Elle se leva, alluma la lumière, ouvrit les draps et retourna le corps lourd de son amant. En bas de son ventre il n’y avait qu’un modeste vermisseau qui surmontait deux boules grosses comme des groseilles. Elle saisit alors l’origine des disputes avec sa femme et pourquoi elle ne sentait presque rien quand il la pénétrait. Le plus troublant était que l’ensemble était de couleur verte. Elle éclata de rire, se munit de petits ciseaux et coupa de-ci de-là assez de poils de la moustache très fournie du dormeur pour en faire un pinceau à aquarelle. Elle les cacha dans son poudrier. Puis elle réalisa qu’elle venait de découvrir un secret d’état. Elle eut peur. Elle éteignit la lumière roula le grand corps sur le ventre, se coucha à côté et fit semblant de dormir. Au petit matin Staline se leva, s’assura que sa maîtresse dormait et s’échappa de la chambre.

Son secret se mit à tarabuster Tamara. Lioura, sa psychologue devenait de plus en plus familière et sympathique, comme une confidente. Elle se dit que la solidarité féminine devait exister. Un beau matin alors qu’elle bavardait avec Lioura, n’y tenant plus, elle franchit le pas. Se méfiant des écoutes possibles par des micros dissimulés, elle saisit une feuille de papier et un crayon et écrivit en gros caractère :

STALINE, IL L’A TOUTE PETITE, COMME UN ASTICOT ET VERTE

Lioura fit un clin d’œil pour montrer qu’elle avait enregistré. Tamara avala le papier.

Sitôt sortie de la chambre la psychologue se précipita au cabinet de son chef, Zapoviev membre du Politbureau, pour lui raconter ce qu’elle savait de Staline : « sa quéquette est un asticot vert ». Les bureaux des membres dirigeants les plus importants du parti étaient reliés entre eux par un téléphone automatique, le tourniquet, qui, croyaient-ils, les mettait à l’abri des écoutes sauvages. Aussitôt Zapoviev appela Kazenev un autre membre du Politbureau, son meilleur ami, sur ce téléphone interne au Parti, pour lui répercuter le scoop. Ce dernier éclata de rire mais convainquit Zapoviev de conserver le secret car en le répandant, il reviendrait fatalement aux oreilles de Staline, psychopathe sans pitié, et alors, gare aux représailles.

Mais Staline était un malin retors. Il s’était fait installer un système spécial qui lui permettait d’espionner depuis son bureau les conversations qui passaient par le fameux téléphone pour savoir ce que pensaient vraiment les autres dirigeants du parti et déjouer un possible coup d’état. D’autre part il était conscient d’avoir un tout petit sexe, ce qui ne l’avait pas empêché d’avoir des enfants, mais il ne voulait pas qu’on doute de sa virilité. Il s’arrangeait donc pour que ses maîtresses ne puissent pas voir ses organes génitaux. Il les peignait en vert pour avoir la preuve d’une éventuelle trahison.

Il ne s’aperçut pas qu’il manquait des poils à sa moustache, mais il intercepta par hasard la conversation de Zapoviev et Kazenev. Tamara l’avait trahi. Et les deux autres risquaient à tout moment de se répandre en bavardages. Il décida d’attendre un peu avant de se venger pour ne pas éveiller les soupçons à propos du téléphone.

Il ne changea pas ses habitudes. Pendant quelques semaines, comme si de rien n’était, il continua à recevoir Tamara pour qu’elle peigne des portraits, pour la gifler et coucher avec elle. Celle-ci, qui ne se doutait de rien, sacrifia un pinceau qui ne lui plaisait pas. Elle en utilisa le manche pour se fabriquer un pinceau muni de poils staliniens. Par jeu, elle fit un nouveau portrait du tyran à la petite quéquette verte avec son nouvel outil.

Lioura, sa psychologue ne revint plus. Tamara s’en alarma un peu, mais elle n’osa pas en parler. Puis comme rien ne se passait, elle oublia. Un jour, les deux gardes s’introduisirent brutalement dans sa chambre. Ils lui dirent de prendre tout ce qu’elle pouvait. Elle comprit sa disgrâce. Elle l’attribua à la lassitude de l’Homme d’Acier. Elle eut peur, mais se résigna. Elle prit une pelisse de fourrure, une toque d’astrakan, sa belle boîte d’aquarelles et ses pinceaux.

Les gardes la conduisirent dans le bureau de Boris qui l’accueillit froidement. « Camarade Tamara, tu n’es plus une camarade. Tu es une vipère lubrique, envoyée des forces du capitalisme pour nuire à notre Petit Père des Peuples et empêcher l’élaboration du paradis socialiste.. Heureusement nous avons déjoué ta traîtrise. Tes complices ont déjà avoué. Avoue. » Tamara se sentit défaillir. Elle observa le couteau à la lame tachée de sang que Boris agitait avec ostentation. Elle hésita. Boris avec un sourire engageant lui dit : « si tu fais preuve de bonne volonté, si tu avoues tout de suite, nous saurons en tenir compte dans ton châtiment.» La pauvre jeune femme, qui avait vu et compris bien des choses pendant les dix huit mois qu’elle avait vécu au Kremlin, sut qu’il lui était inutile de résister. Elle n’était pas dupe. Elle savait que sa condamnation était déjà écrite. Dans un sanglot, elle murmura : « j’avoue ». Boris sourit et lui dit : « signe ». Il lui tendit quatre feuillets, noircis d’une écriture serrée, qui étaient sensés être ses aveux. Elle se résigna et signa résolument. Elle ne pouvait rien contre sa destinée.

Boris n’était pas une brute. Il était juste un peu profiteur. Il se leva, se mit dans un coin de la pièce, lui fit signe d’approcher et lui chuchota à l’oreille : « il y a sûrement des micros dans cette pièce alors tu réponds par oui ou par non en agitant la tête. Voilà, si tu es gentille avec moi, je pourrais peut-être t’accorder une faveur pour ton voyage en Sibérie. Veux-tu être gentille ? ». Elle n’avait plus rien à perdre. Elle fit signe que oui, elle voulait bien être gentille. Il lui chuchota : « qu’est-ce que tu veux ? ». Elle lui répondit de même : « garder ma boîte de peintures et mes pinceaux ». Il réfléchit un instant : « c’est bon je te ferai une autorisation que tu devras conserver avec toi ». Elle ne put s’empêcher de lui dire : « merci » dans un chuchotement larmoyant.

Boris retourna sans bruit à son bureau et, un doigt sur la bouche, il lui fit signe de se rassoire. Pendant toute sa présence au Kremlin, Tamara s’était demandée comment cela finirait. Maintenant elle savait.

La suite se brouillait dans son esprit, Boris lui avait intimé l’ordre de ne jamais dire qu’elle avait habité le Kremlin. Il lui avait donné un papier, une sorte de sauf conduit pour ses aquarelles et ses pinceaux.  Il l’avait embrassée avant qu’on la conduise dans une cellule où sous prétexte de l’interroger Boris avait fini de la déflorer, puis il lui avait fait l’amour de façon assez agréable, mais sans la faire jouir. Elle n’avait pas la tête à cela.

Le lendemain, elle fut incarcérée à la prison de Moscou, la Loubianka. On lui confisqua sa pelisse,  sa toque et surtout son nécessaire de peinture. Elle se sentit trahie. On la laissa mijoter dans une cellule avec d’autres prisonnières, juste assez pour qu’elle perde la notion du temps et toute velléité de révolte. Puis on la mit dans un wagon à bestiaux d’un train qui mit huit jours pour arriver à destination en un lieu inconnu du nord de la Sibérie où l’on exploitait les défenses de mammouth tirées du sol gelé en permanence, le permafrost. On disait que c’était pour fabriquer les boutons de braguette des soldats de l’armée rouge. Là, on lui rendit ce qu’on lui avait confisqué à la Loubianka. Elle en fut très heureuse. Elle eut de la chance, elle fut employée à décorer sculpter et ciseler des défenses pour les dignitaires du régime. On était en 1935. Elle avait vingt deux ans.

Les années passèrent, routinières, sans intérêt et surtout sans espoir de sortir du Goulag. Le 22 juin 1941, sans déclaration de guerre, Hitler commença à envahir l’URSS. Ce fut l’affolement au sommet du parti. Staline décida de rapatrier du Goulag les individus qui pouvaient servir dans l’effort de guerre. Tamara eut la chance d’en faire partie. On l’affecta successivement au commandement de différents aérodromes pour colorier les cartes qui étaient remises aux pilotes avant leurs missions.

Au début de 1’année 1945 elle se retrouva sur un aérodrome près de Moscou. Là elle rencontra Youri Spassky, un pilote aux multiples décorations, Héros de l’Union Soviétique, Ordre de Lénine, Ordre du Drapeau Rouge, Ordre de la Guerre pour le Salut de la Patrie. C’était un beau brun aux yeux noisette, tendres et charmeur. Elle ne sut pas résister, lui non plus. Ce fut le coup de foudre et la folie amoureuse de l’âme et des sens. Elle lui raconta son histoire et lui la sienne. Il s’appelait en réalité Ganaruth Lelong de Brabancourt. Il était le fils du comte Louis Lelong de Brabancourt qui s’était installé à la fin du dix-neuvième siècle en Russie pour suivre une belle danseuse Russe, Anna Briouchkova, qu’il avait connue à Paris. Il avait changé d’état civil pour ne pas être inquiété par les polices politiques, mais il ne se sentait pas en sécurité. Tamara avait peur d’être renvoyée au Goulag.

Ils décidèrent de fuir si une occasion se présentait. Juste au moment où la guerre la guerre se terminait, le  8 mai 1945, la discipline se relâcha. La vodka coulait à flot. Le premier juin, ils virent l’escadrille Normandie-Niémen se poser sur leur terrain. Ils apprirent que les pilotes rentreraient en France et que Staline leur faisait cadeau des avions. La date de départ était fixée au onze juin. Ils tentèrent le tout pour le tout ce jour-là. Ils firent boire les commissaires politiques, s’emparèrent d’un Yak 7, avion d’entraînement biplace et décollèrent en même temps que l’escadrille. Le personnel de l’aérodrome était tellement imbibé d’alcool qu’il ne savait plus compter jusqu’à cinq. Personne ne s’aperçut de la disparition d’un avion et de deux personnes. Ils suivirent sans encombre les combattants français jusqu’à leur arrivée en France, au Bourget le 20 juin.

Profitant de la confusion due à l’accueil chaleureux des héros français, les amoureux se diluèrent dans la foule. Ganaruth Lelong de Brabancourt parlait notre langue. Il était habillé en civil. Son père lui avait parlé d’un lointain cousin Hugues Edouard Geoffroy Gonzague de Montrou, Marquis d’Eliran. Non sans difficulté il réussit à se rendre au château d’Eliran avec sa dulcinée. Le marquis les reçut avec plaisir et les hébergea. De Russie, Ganaruth, n’avait emporté que ses décorations et Tamara son pinceau en poils de moustache de Staline. Il lui servait de talisman.

Ils se marièrent en 1946. Elle réalisa de mémoire avec le fameux pinceau quelques portraits du tyran. En 1947 après le début de la guerre froide et pendant le salon de l’aéronautique trois hommes, que l’on suppose être du NKVD se présentèrent au château et emmenèrent précipitamment les tourtereaux avec, en apparence, leur consentement. On ne les a plus jamais revus. On n’en a plus jamais entendu parler.

Tout ce qui resta d’eux ce fut le pinceau talisman et quelques portraits de Staline à l’aquarelle que Tamara n’eut pas le temps d’emporter. Ganaruth alias Youri avait vendu ses décorations au marché aux puces de Saint-Ouen pour se faire un peu d’argent de poche.

Le marquis d’Eliran mit le pinceau, ainsi qu’un portrait roulé en boule dans un pot de confiture qu’il cacha sous le lit qu’avait occupé le couple pendant deux ans, avec le numéro 69.

C’est là que son fils les trouva pour les exposer au musée. Le portrait froissé, exposé à l’humidité est taché par des moisissures noires. Il a été repassé à la patte-mouille**. C’est ce qui explique que les couleurs aient un peu bavé.

*Ville de Sibérie où il y a des mines d’or. Une île de l’archipel du Goulag.
** La patte-mouille est un chiffon humide que l’on place sous le fer pour repasser les tissus récalcitrants.


Table de détermination de la fidélité potentielle
chez les femmes nubiles
par l’observation de leurs p’tites culottes

Origine de l’objet : le 14 avril 1936, à deux heures trente de l’après-midi environ, le grand mathématicien Vivien Tourède ( 1898 – 1963 ) tua sa femme. Pourquoi ?

Extrait du rapport de police

« En 1936, Vivien Tourède, mathématicien, trente-huit ans, professeur émérite est marié depuis dix ans. Il a une entière confiance dans sa femme. Le 14 avril à deux heures de l’après-midi, il commence son cours à l’amphithéâtre Amédée Risoir à la Sorbonne. A deux heures un quart environ, il a de violentes coliques dues sans doute à l’absorption d’andouillettes avariées au repas de midi, mangées au restaurant « A la Bonne Cuisine » de la rue des Ecoles. Il est obligé d’abandonner son amphithéâtre précipitamment et de courir à son domicile situé à cinq minutes à l’ouest de la Sorbonne.

Il monte l’escalier quatre à quatre ( il habite au cinquième et l’immeuble n’est pas pourvu d’ascenseur). Un peu essoufflé, il sort la clef de sa poche, ouvre la porte et s’installe sur le siège des toilettes qui se trouvent à gauche en entrant. Et là, soulagement ! Il prend le temps d’apprécier ce moment de grande sérénité lorsque des bruits inaccoutumés attirent son attention. Il tend l’oreille. Il reconnaît la voix de sa femme qui pousse des petits cris accompagnés par des ahanements sourds. Son cœur se met à battre. Sa femme serait-elle en danger ? N’écoutant que son courage, il s’essuie silencieusement. Il remonte son pantalon et, sans tirer la chaîne, il sort du lieu d’aisance. Guidé par le bruit, il se dirige vers la chambre à coucher. Il entrebâille la porte et jette un regard dans la pièce. Il voit sur le lit conjugal sa femme qui s’agite en cadence à califourchon sur un homme fort, noir et velu. Il le reconnaît, c’est Gaston, le bougnat livreur de charbon. Il n’a même pas son Certificat d’Etudes.

Hors de lui, il laisse la porte entrouverte, va dans la salle à manger, s’empare de la broche de la cheminée et revient sur la pointe des pieds. Les bruits ont cessé. Les amants ont explosé dans une magnifique jouissance orgasmique. Ils sont fatigués. Madame Tourède s’est allongée sur le livreur. Monsieur Tourède se précipite en hurlant : « bande de salauds , je vais vous faire la peau » et de toutes ses forces ils les cloue sur le lit avec la broche qu’il enfonce à la hauteur des poitrines. Les deux amants d’un jour s’agitent un instant comme s’agite un insecte autour de l’épingle de l’entomologiste. Puis, sans un cri, sans une plainte, ils meurent. Le professeur les regarde et s’écrie : « c’est bien fait ! ».

Il finit de s’habiller, il tire tristement la chaîne des cabinets et va se constituer prisonnier au commissariat du boulevard Saint Michel. Il explique ce qu’il a fait. Il dit qu’il est bien content de l’avoir fait. On le met en prison. »
Fin de l’extrait

Quelques mois plus tard, la Cour d’Assises le condamna à huit jours de prison avec sursis. Le Jury lui avait accordé de grosses circonstances atténuantes pour l’exécution d’un crime passionnel sans préméditation sous le coup de la colère. Il avait décidé que sa femme l’avait bien cherché et que c’était bien dommage pour ce pauvre Gaston. Le président du Jury fit la quête pour que Vivien Tourède, resté plusieurs mois indûment en prison préventive, puisse s’acheter un costume neuf pour se présenter le lendemain devant ses élèves dont un certain nombre, qui avait assisté au procès, applaudit à l’énoncé de la sentence.

Pendant son séjour sous les verrous, le professeur avait réfléchi. Il avait établi les deux égalités suivantes :

3ab.oqp.hié / 3πr² = 3qbc et 100.ho7+Lho+L100 = qν

D’autre part, il voulait se remarier, mais pas avec n’importe qui. Une femme lui était indispensable pour préparer sa tambouille et repriser ses chaussettes. Il lui fallait bien la choisir pour dormir tranquille et ne pas être obligé de la tuer. Il avait élaboré une théorie pendant sa détention. Il n’avait plus qu’à la confronter à la réalité. Pour cela il fit un sondage sur mille femmes, choisies selon la méthode des quotas, mariées ou en âge de l’être et exploita les résultats statistiquement. Voilà comment il exposa l’aboutissement de son étude devant les membres de l’Académie des Sciences.

Comptes rendus de l’académie des sciences du 16 10 1938

Exposé de monsieur le Professeur Emérite Vivien Tourède.

Résumé : comment prévoir le degré de fidélité ou d’infidélité d’une femme avant de se marier ou sa variabilité éventuelle pendant le mariage par l’observation des p’tites culottes.

« Mesdames, Messieurs,

Vous connaissez ma déconvenue dans le mariage et sa conséquence tragique pour le bougnat Gaston. Comme je désire me remarier avec toute l’assurance possible pour que de tels événements ne se reproduisent pas, j’ai conduit une étude statistique sur mille femmes, toutes volontaires, prises entre vingt et cinquante ans, suivant la règle des quotas dans des échantillons représentatifs de la société féminine française.

Je leur ai fait remplir individuellement et anonymement le questionnaire comportant les quatre questions suivantes :

1 – Pour les femmes non mariées :

          a – Etes-vous vierge ?   oui ou non.

          b – Si vous vous mariez, pensez-vous tromper votre époux ?   oui ou non.

          c – Quelle est la fréquence de lavage de vos p’tites culottes ? ( exemples de réponses : deux fois par jour, tous les trois jours, une fois par mois ).

          d – Quel âge avez-vous ?

2 – Pour les femmes mariées :

          a – Trompâtes-vous, trompez-vous, tromperez-vous votre mari ?   oui ou non

          b – Si oui, combien de fois en tout ? (réponses possibles : moins de 5 fois, de 6 à 9 fois, de 10 à 19 fois, de 20 à 99 fois, de 100 à 999 fois, 1000 fois et plus).

          c – Quelle est la fréquence de lavage de vos p’tites culottes ? ( exemples de réponses : deux fois par jour, tous les trois jours, une fois par mois ).

          d – Quel âge avez-vous ?

Pendant qu’une femme remplissait le questionnaire j’étudiais la petite culotte qu’elle portait à cet instant sur toute les coutures. Je me suis intéressé à la surface, à la nature, à la transparence, à la couleur des tissus constitutifs du sous-vêtement.

Après dépouillement des résultats et leur exploitation des par la méthode de Graham-Bell, j’ai établi une corrélation entre le nombre F, que j’appelle indice d’aptitude à la fidélité des femmes, défini par la formule :

F = kk’k’’SN / eT,

et la fidélité des femmes, dans laquelle :

– k est le coefficient dépendant de la couleur, k = 1 pour le blanc et le jaune, 2 pour le violet et le vert, 0,5 pour le rose, 0,25 pour le rouge et le noir, 0,75 pour le bleu outremer.

– k’ est le coefficient de transparence, k’ = 1 pour un tissu parfaitement opaque, 0,75 pour de la dentelle, 0,5 pour un voile qui laisse deviner le pubis, 0,1 pour un voile qui permet de compter les poils à travers.

– k’’ est le coefficient d’assiduité, k’’=  0,5 pour les p’tites culottes lavée deux fois ou plus chaque jour, 1 pour une fréquence de lavage d’une fois par jour à une fois par semaine, 2 pour une fréquence supérieure.

– e est le coefficient d’érotisme, e = 1 pour un tissu uni, 2 pour le dessin d’une bouche ou d’un cœur au-dessus de l’entrejambe, 0,5 pour le dessin d’un oursin.

– k, k’, k’’ et e sont des coefficients sans dimension

– S est l’aire totale de la p’tite culotte exprimée en centimètres carrés , en excluant l’éventuelle dentelle d’ornement autour des ourlets.

– T le tour de taille exprimé en cm.

F s’exprime en cm, il a donc pour dimension une longueur, que l’on peut assimiler à la largeur d’un rectangle de tissu qui aurait pour longueur le tour de taille T.

Les résultats de l’étude sont résumés dans le tableau ci-dessous dans lequel I = 1 / F, que j’appelle indice d’aptitude à l’infidélité exprimé en 1 / cm.

F
I

La femme risque d’être :

F ≤ 0,9 I ≥ 1,1 Beaucoup très infidèle
1≤ F ≤ 5 1 ≥ I ≥ 0,2 Très infidèle
5,1 ≤ F ≤ 10 0,196 ≥ I ≥ 0,1 Peu fidèle
10,1 ≤ F ≤ 20 0,099 ≥ I ≥ 0,05 D’une fidélité douteuse
F≥  20,1 I ≤ 0,049 Fidèle à très fidèle


Ce qui est remarquable dans cette théorie, c’est que l’âge de la femme est indifférent. Prenons deux exemples d’application.

Premier exemple : soit une jeune femme de vingt ans, célibataire qui porterait un penty  de 120 cm de tour de taille en tissu blanc opaque sans dessin qu’elle laverait une fois par an. Dans ce cas, k = 1, k’ =1, k’’ = 2, e = 1, N = 365. La longueur des jambes du penty serait  de 30 cm, le diamètre moyen des cuisses de 25 cm et la hauteur de la taille de 10 cm on aurait :

S = 120 x 10 + 30 x 3,14 x 25 x 2 = 1200 + 4710 = 5910,

donc F = 1 x 1 x 2 x 5910 x 365 / 1 x 120 = 35953. Ce qui est énorme. On ne peut plus parler de fidélité car elle est certainement encore vierge et le restera certainement longtemps … à moins qu’il n’y ait une guerre.

Deuxième exemple : soit une femme qui porterait un string noir, lavé deux fois par jour, constitué d’un triangle en soie légère de 12 cm de haut et de 10 cm de base, sur lequel figure un petit cœur rouge. La lanière qui passe dans la raie des fesses mesurerait 20 cm de long et 1cm de large de même que l’élastique du tour de taille de 65 cm.

Dans ce cas k = 0,25, k’ = 0,1, e = 2, N = 0,5 et

S = 10 x 12 / 2 + ( 65 + 20 ) x 1 = 60 + 85 = 145

donc F = 0,25 x 0,1 x 0,5 x 145 / 2 x 65 = 0,014. C’est une surface franchement rikiki. Sur le plan spéculatif, on peut admettre que cette femme n’a pratiquement pas de culotte. Elle se classe d’emblée parmi celles qui ont une très très forte potentialité d’infidélité.

J’ai pris là deux exemples extrêmes.

Dans mon échantillon, je n’ai pas étudié de femme qui ne portait pas de p’tite culotte. Je n’ai pas trouvé non plus de sous-vêtement métallique. Pour ces cas extrêmes, s’il se rencontraient, j’en suis réduit à des hypothèses. Je ne vous les livrerai pas.

Conclusion : voici messieurs une méthode simple qui vous permet d’évaluer, avant de convoler en juste noce, le risque toujours présent d’être cocu, par une simple étude de p’tite culotte. Libre à vous d’en tenir compte ou non. Si vous vous mariez quand même avec un coefficient F défavorable, elle vous permettra, sachant la menace, d’agir en connaissance de cause pour limiter les dégâts.

Si vous êtes marié, vous serez averti d’un changement éventuel de mentalité de votre épouse vis à vis de la fidélité. Alors vous prendrez vos dispositions pour découvrir s’il y a anguille sous roche. Vous déjouerez les plans machiavéliques s’il y a lieu.
Applaudissements nourris de l’auditoire.

Critique : pour pouvoir appliquer ce qui précède il faut amener la femme à montrer sa p’tite culotte et à en parler. Ce qui n’est pas toujours facile. Avec un peu d’habileté et de doigté, on doit y arriver. Si en désespoir de cause, c’est impossible, a priori on peut douter de la fidélité de la personne qui résiste, car si elle ne veut pas montrer ou parler de sa p’tite culotte, c’est qu’elle a quelque chose à cacher.

Remarque : volontairement, je ne me suis pas soucié de la fidélité des hommes. On peut me le reprocher. Je pense qu’elle n’a pas la même importance sociologique et biologique que celle de la femme pour la stabilité des ménages et surtout pour la transmission héréditaire des chromosomes, donc de la noblesse. Imaginons qu’un homme que je nomme Alpha ait quatorze enfants dont sept fils qui sont sa fierté. Projetons-nous dans le futur et imaginons quelque chose d’improbable mais qui pourrait exister : un moyen de prouver la véritable filiation des enfants de Alpha*. Imaginons qu’on trouve que ses trois premiers garçons ne soient pas de lui. Il les a élevés comme s’ils avaient été ses propres enfants. Mais maintenant qu’il sait, quelle douleur, quel dilemme, quels tracas risquent de gâcher la vie de notre homme au moment de s’occuper de sa succession. Pourquoi favoriserait-il un enfant de Coucou ?

De plus, traditionnellement, physiologiquement, consciemment, par nature, l’homme est infidèle. C’est bien connu. Ce n’est pas ce qui empêche le bon fonctionnement de la société, au contraire. Alors pourquoi s’en inquiéter ? »

Histoire de l’objet : le marquis d’éliran s’intéressait beaucoup aux crimes passionnels dans lesquels l’homme tuait la femme parce qu’il avait été lui-même trompé par  Sidonie de Meurthémosèle. Il aurait bien aimé en faire autant, mais la garce s’était enfuie en Amérique. Trop loin ! Il avait bien pensé envoyer un tueur à gages. Trop cher ! Il rendait souvent visite aux malheureux criminels pour leur apporter son soutien, surtout s’ils étaient d’un bon milieu. C’est ainsi qu’il entra en relation avec Vivien Tourède et qu’ils devinrent amis. Naturellement après son intervention à l’Académie des Sciences le grand mathématicien lui fit parvenir un tiré à part que le marquis protégea par une chemise rouge à pois jaunes et plaça avec le numéro 676 sur une étagère de la bibliothèque du lieu d’aisance n° 6 de son château.

Son fils a tenu à exposer cette publication dans le musée car c’est l’un des derniers exemples historiques de l’expression de la pensée surannée dans lequel on a cru montrer de façon objective la supériorité de l’homme sur la femme, du mâle sur la femelle. En effet aujourd’hui, en occident, grâce à Dieu, surtout depuis mai 68 avec l’autorisation de l’IVG et l’invention de la pilule anti-contraceptive et depuis que le sexe n’est plus qu’accessoirement un moyen de reproduction, la femme est devenue l’égale de l’homme sur le plan de la fidélité. Tout le monde jouit mieux : tout le monde est infidèle, plus de jalousie, plus de crimes passionnels. Nous connaissons un monde parfait dont se réjouissent les féministes.

 Une oeuvre : d’une curiosité insatiable pour la nature de l’homme, devant le succès remporté par son étude sur la fidélité de la femme, devenue le vade-mecum du futur mari ( éditée aux éditions des Sources Taries, il s’en est vendu 4 500 000 exemplaires ), le professeur Vivien Tourède abandonna les mathématiques pour se consacrer à la psychologie, aux sciences humaines et à la neurobiologie. Il a fait la découverte suivante : l’homme et la femme et en particulier leurs cerveaux ne sont pas faits pareils. Chez la femme, sauf pour le cœur, le foie, la rate, le pancréas, l’appendice et la vésicule biliaire la place des organes est inversée. Par exemple le cerveau droit est à gauche et inversement.

Il en résulte que contrairement aux hommes, la plupart des femmes sont gauchères, mais comme, d’après ce qui précède, chez la femme le bras gauche est à droite, cela ne se voit pas.

*Remarquons que la prescience du professeur Vivien Tourède lui avait fait subodorer qu’un jour on pourrait confirmer ou infirmer une paternité. C’est fait grâce à l’existence dans nos chromosomes d’une molécule qu’il ne soupçonnait pas : l’ADN.


Publication du vendredi 25 janvier 2019

Extrait de la partition de
la véritable troisième symphonie de Beethoven

Origine de l’objet : en 1799, Ludwig von Beethoven, à Vienne, entreprit de composer une symphonie à la gloire de Bonaparte qu’il admirait. C’est sa véritable troisième symphonie, plus connue par ceux qui le savent sous le nom de « symphonie disparue ». En 1800, lorsqu’elle fut terminée, il la rangea dans son placard à musiques en attendant de la faire jouer.

Le prince  Karl Friedrich von Hoenzobadern, autrichien, ennemi juré de Bonaparte, ayant eu vent du travail de Beethoven voulut faire ravir la symphonie par son voleur habituel. Malheureusement, celui-ci avait la grippe ferroviaire, celle qu’on attrapera plus tard dans les chemins de fer. Il confia alors la vilaine mission à son grand argentier, Hans von Banier, celui qui allait deux fois par semaine à la banque pour chercher des sous. C’était un homme intelligent, habile, mais peu scrupuleux. Déguisé en musicien de fanfare, il s’introduisit facilement sans se faire remarquer chez ce pauvre Beethoven à la surdité commençante, et subtilisa la partition convoitée par le comte.

Le vicomte Octave Gonzague Mirebeau de Mirepoix, émigré ruiné de 1789, qui s’était fait bandit de grand chemin à temps partiel, envoya deux de ses sbires pour attaquer Hans von Banier à ce qu’il crut être son retour de la banque. Les deux bandits tuèrent le grand argentier, prirent la sacoche qu’il portait et la remirent au vicomte, dans son repaire situé dans la forêt voisine de Vienne, à Grossenzersdorff.

« – La zagoge me barrait pien léchère, dit en Français avec l’accent autrichien, le vicomte Octave Gonzague Mirebeau de Mirepoix qui voulait donner l’impression d’être allemand. Il ouvrit la sacoche et dit avec fureur et l’accent allemand :
– Mais z’est de la moussigue de Pédhofen. Ze n’est bas fentaple. »

Il jeta violemment la musique par la fenêtre de son repaire alors que sévissait au dehors une belle tempête. Le vent dispersa les feuillets du manuscrit, de ce qui aurait dû être la troisième symphonie de Beethoven, à travers la forêt.

Quelques jours plus tard, le prince  Karl Friedrich von Hoenzobadern qui chassait à cheval dans la forêt remarqua une feuille de papier qui traînait par terre.

« – Tiens, dit-il en Allemand avec l’accent français, car il jouait à l’émigré, encore des cochons qui ont fait KK dans ma forêt. Il s’approcha pour connaître la provenance du papier et punir le coupable.
– Tiens, dit-il en Allemand avec l’accent français, on dirait que c’est du Beethoven, car il était musicien et cultivé. »

Comme il n’y a pas de trace de KK sur la feuille, il la ramassa et rechercha d’autres vestiges de la partition. Il en trouva pas mal, disséminées sur le sol, et accrochés aux branches des arbres de la forêt. Il réalisa qu’il détenait une grande partie de la troisième symphonie, celle qu’il convoitait. Il rentra dans son palais et la garda jalousement pour la faire jouer en secret par son orchestre personnel.

Beethoven, très contrarié par le vol de son œuvre, tenta de la reconstituer. Il combla ses trous de mémoire par une nouvelle musique si bien que la symphonie dite numéro trois, n’est pas exactement la même que la véritable symphonie numéro trois. On devrait la nommer « symphonie numéro trois bis ».

Histoire de la partition : lorsque Napoléon occupa Vienne en 1809, il pilla un peu les demeures des gens qui lui étaient vraiment hostiles, en particulier celle du prince  Karl Friedrich von Hoenzobadern. L’officier chargé de l’opération dans cette maison, le capitaine de hussards Omer de Sable, lui rendit compte de la découverte de la partition de Beethoven qui lui était consacrée. Napoléon, qui n’aimait pas la musique, mais adorait les hommages, la fit placer dans ses bagages pour la rapporter à Paris dans l’intention de la faire jouer, puis il l’oublia.

Joséphine de Beauharnais fouilla dans les objets volés dans l’espoir d’y trouver quelques beaux joyaux. Elle découvrit la partition. Mélomane, elle s’en empara. Les musiciens auxquels elle la proposa lui dirent qu’elle était injouable car il manquait des pages. Alors, la femme de l’empereur, dépitée, l’enferma dans le tiroir d’une commode Louis XVI située dans une chambre de bonne du Palais des Tuileries.

Elle y resta jusqu’à la révolution de 1848 pendant laquelle l’occupante de la chambre,  Mélanie Danlo qui n’y connaissait rien, prit la musique pour la faire jouer lors du grand banquet prévu pour le 22 février. Malheureusement, la gravité des événements du moment l’empêcha de donner suite au projet.

Pour se débarrasser de la partition et se faire un peu d’argent, Mélanie Danlo la vendit pour quelques sols à un libraire, Jacques Use établi rue des Petits Pas, dans l’Ile Saint Louis. Celui-ci la négocia feuille par feuille auprès de collectionneurs admirateurs de Beethoven. Léon Senvat, petit bourgeois, acheta une page qui fut transmise au gré des héritages à ses descendants jusqu’au jour où Odilon Senvat, son arrière petit-fils, vendit tout ce qu’il possédait à l’encan pour payer des dettes de jeu, en 1932.

Le Marquis d’Eliran qui avait été mis au courant de la vente par son coiffeur qui écoutait régulièrement la radio, se précipita à Dun-sur-Yvette pour acheter la feuille originale de la partition de la troisième symphonie de Beethoven. Après une bataille d’enchères serrée avec un épicier qui achetait tout le papier pour allumer son feu, il acquit la page convoitée pour treize centimes. Il l’emporta chez lui et la plaça dans un placard à chaussures avec le numéro soixante-trois. Son fils n’en retrouva que les trois mesures que nous voyons ici dans les cendres du feu que le nouveau propriétaire du château, un parvenu inculte, avait fait allumer dans la cour pour se débarrasser des objets précieux par leur histoire que le Marquis d’Eliran avait accumulés.

Ce sont ces trois mesures qu’ici nous voyons là.


Publication du 11 janvier 2019

Un morceau du rideau de fer
qui a séparé
le monde des affreux
du monde des pas beaux

Origine de l’objet : un jour de 1954, le Marquis d’Eliran qui se promenait à la foire au jambon de Brie Comte Robert à la recherche d’objets historiques tomba en arrêt devant une silhouette, de la taille d’un homme avec chapeau portant deux valises, visiblement découpée dans un rideau de fer. Il la prit pour l’examiner. Elle était rouge sur une face et verte sur l’autre. Elle avait été découpée en perçants des trous tangents avec une perceuse. Il pensa d’abord que c’était le vestige du cambriolage d’une bijouterie. Puis intrigué par les couleurs, qui pouvaient faire penser à un panneau mobile de signalisation,  il s’adressa au brocanteur qui tenait le stand en ces termes :

« – Dites voir mon brave !
– Ouai m’sieur !
– Pouvez vous m’apporter quelques précisions sur l’origine de cette silhouette bicolore métallique, plus précisément d’acier, visiblement découpée dans un rideau de fer, qui me semble un peu grande pour avoir servi de panneau de signalisation routière.
– Ouai m’sieur. J’suis là pour çà.
– Alors si vous le pouvez, vous m’obligeriez en le faisant.
– Eh ben voilà ! Vous n’êtes pas sans savoir que le 5 mars 1946 Winston Churchill dans son discours de Fulton (Etats-Unis) a prévenu le monde occidental que les soviétiques avaient construit un rideau de fer le long de la frontière qui séparait le monde communiste du monde capitaliste pour empêcher malgré eux les habitants de l’ouest de venir profiter du paradis socialiste de l’est. A l’extérieur, il était peint en rouge, pour faire peur. A l’intérieur, il était peint en vert, pour faire espérer. Ce fut le début de la guerre froide.

Il était théoriquement impossible à franchir. Vous savez bien que toute théorie, si elle est fausse, ne résiste pas aux faits et à l’expérience. De temps en temps, attirés par les sirènes du capitalisme, quelques individus arrivaient à le percer en découpant une ouverture soit au chalumeau, soit avec une perceuse et des trous tangents. Chacune de ces deux méthodes avait ses partisans et ses détracteurs. La première était silencieuses mais la nuit, moment pendant lequel les gens cherchaient généralement à s’enfuir, elle produisait beaucoup de lumière. La seconde n’avait pas cet inconvénient, mais elle produisait quelque bruit qu’on atténuait en enveloppant la perceuse dans du coton, et qu’on couvrait en ne mangeant que des haricots ainsi que toutes sortes de nourritures gazogènes  pendant les trois jours qui précédaient la date de départ. Quelques chaudronniers ont essayé d’entailler le rideau de fer au burin et au marteau. Ils se sont fait prendre à cause du vacarme qu’aucun moyen connu ne permettait d’amoindrir ou de couvrir suffisamment. Si vous voyez c’que j’veux dire !
– Oui bien sûr, bien sûr. Je vois. Je vois. Mais dites-moi voir, mon ami, comment cette superbe pièce est-elle arrivée chez vous ? »

Histoire de l’objet : « et ben voilà. La sœur de mon beauf s’est mariée par correspondance à un Polak qu’a voulu la r’joindre. Alors, avec sa chignole, petit à petit, chaque jour, en allant et en revenant de son travail, il a fait un trou dans l’rideau en passant d’vant. Pour pas qu’on l’voit il l’rebouchait avec d’la mie d’pain couleurée. Quand il a vu qu’l’passage était prêt, il a pris ses cliques et ses claques et il est passé de l’autre côté. Il a emporté l’découpage en se disant qu’arrivé en France, y trouverait toujours un gogo pour lui en donner què’qu’sous.
– Cela tombe très bien mon cher. Je suis le Marquis d’Eliran, noble gogo. Combien en veut-il ?
– 6325 francs.
– J’en donne 6300 francs.
– 6317 francs, c’est son dernier prix.
– 6316 francs.
– 6316 francs *, topez-là. Affaire conclue.
– Une dernière question. Pourquoi votre évadé n’a-t-il pas prévu un trou plus petit, rond, carré ou même à la rigueur triangulaire ? Il aurait été beaucoup plus vite.
– Çà, c’est bien une question d’rupin. Il voulait partir avec son chapeau et deux valises.
– Ah oui ! Bien sûr. Au revoir mon ami.
– Au r’voir m’sieur. »

Le marquis emporta la portion de rideau de fer de Staline dans son château, la trempa dans l’huile chaude pour ne pas qu’elle rouille et la plaça dans un aquarium vide avec le numéro 512. C’est là-bas que son fils est allé la chercher pour l’exposer ici-bas.

 * 6316 francs de 1954 valaient 118,36 euros de 2004.

 


Publication du 28 décembre 2019

Les lunettes de William Shakespeare

Origine de l’objet : ce sont les lunettes d’Ephraïm Panepani (1893-1978), journaliste français, de son vrai nom William Shakespeare. Il était le fils d’une mère italienne, Gloria Panepani (1862-1915), mariée à Isidore Shakespeare (1867-1922), d’origine anglaise, et d’un ami belge de son père, Arnin Grottebourg. Son père qui n’était pas son père et qui ne le savait pas, voulut faire de son fils qui n’était pas son fils et qui ne le savait pas, un écrivain. D’où le prénom de William qu’il lui donna.

Le petit William qui ignorait qu’il n’était pas le fils de son père avait un défaut de vision peu banal. Il était myope de l’œil gauche et hypermétrope de l’œil droit si bien que pour voir de près il fermait l’œil droit et inversement pour voir de loin, en grimaçant plus ou moins, ce qui agaçait ses parents, en particulier sa mère, qui était vraiment sa mère. Elle lui fit porter très tôt des lunettes qu’elle avait fait confectionner par les frères Lissac.

En 1913, âgé de vingt ans, après avoir suivi brillamment des études de littérature et de rhétorique, comme le souhaitait son père (qui n’était pas son père ) au Lycée Edmond Zurca de Soisy sous Blavet, il embrassa la carrière de journaliste et sa première conquête féminine. C’est alors que sa mère lui révéla que son père n’était pas son père. De dépit, et parce que son nom était difficile à porter, William décida d’adopter un pseudonyme dans l’exercice de son métier, sans en donner la raison à son père qui n’était pas son père, pour ne pas le contrarier car celui-ci avait toujours été un bon père, même si … . Il choisit comme nom, celui de sa mère, Panepani, parce qu’elle était vraiment sa mère et comme prénom Ephraïm qu’il tira au hasard dans la bible.

Il commença sa carrière dans un journal de banlieue, le P’tit Soir de Bécon les Bruyères, pour lequel il suivit et commenta les événements tragiques qui accompagnèrent la fin de la bande à Bonnot. Le directeur du journal, Raymond Poinrond (1876-1938), l’envoya contre son gré assister à l’exécution des complices de Bonnot. Il en revint enchanté, conquis et enthousiaste, si bien qu’il décida d’orienter sa carrière journalistique vers le reportage des exécutions capitales et des châtiments corporels en France, mais aussi à travers le monde. Il devint très vite LE spécialiste de ce genre d’affaire.

Sa spécialisation lui permit de voyager pour étudier les manières plus ou moins originales d’exécuter les condamnés. A travers ses lunettes il a vu guillotiner en France, pendre en Angleterre, garrotter en Espagne, griller, asphyxier ou électrocuter en Amérique du Nord, enterrer vivant ou lapider en Arabie, mutiler en Iran, suicider et épuiser en URSS, gazer en Allemagne, empoisonner en Loménie, empaler en Boerquie, congeler chez les esquimaux, noyer en Birmanie,  transpercer par des pousses de bambou et revolvériser en Chine, éventrer au Japon, fusiller un peu partout, faire bouffer par les fourmis en Afrique et en Amazonie, etc.

Très indépendant, il travailla régulièrement comme pigiste ou envoyé spécial pour des grands quotidiens comme Paris-Soir ou des revues comme L’homme Nouveau. Il travailla même pour des publications de renommée mondiale comme Vogue ou Harper’s Bazaar, lorsque les condamnés à mort étaient habillés par de grands couturiers. Il a assisté à toutes les grandes exécutions, à celle de Landru en 1922, à la dernière exécution publique en France en 1939, au lynchage du cadavre de Mussolini en Italie en 1945, à la noyade de Sahal El Ehrudi au Sahara.

Le 10 septembre 1977, à Marseille, lors de l’exécution capitale de Amida Djandoubi, la dernière en France, ses braves verres de lunettes qui l’accompagnaient depuis ses premières armes journalistiques en 1913 se brouillèrent. Il ne put plus regarder à travers. Il y vit un signe du ciel. Il prit sa retraite. Il était temps, il avait quatre-vingt quatre ans. L’année suivante, l’inactivité et le chagrin de ne plus voir au travers d’un instrument familier qui l’avait accompagné toute sa vie le tuèrent. Il mourut le premier mai 1978, le jour de la fête du travail.

Histoire de l’objet : Ephraïm Panepani alias William Shakespeare journaliste itinérant, célibataire, sans enfant reconnu, n’avait pas d’héritier. L’état s’empara de ses maigres biens, entreposés dans une chambre de bonne de la rue des Martyrs, pour les faire vendre en 1979 aux enchères à l’hôtel Drouot, en particulier la fameuses paire de lunettes qui a laissé filtrer tant d’horreurs à travers ses verres. Le Marquis d’Eliran les connaissait de réputation. Elles faisaient partie d’un lot comprenant, outre celles-ci, un porte-plume, trois plumes Sergent-Major dont deux neuves et une douzaine de pots à moutarde dont cinq ébréchés. Le tout lui fut adjugé pour 13,75 francs*. Il avait acheté les lunettes par goût morbide, dans l’espoir qu’il pourrait voir au travers un peu de ce que leur ancien propriétaire avait contemplé. A part la barbe de Landru, il ne vit rien d’extraordinaire. Déçu, il les plaça sur le nez de la Marianne en plâtre qu’il avait fauchée à la mairie de Couci-Couça dans la Creuse. C’est là que son fils vint les récupérer pour les exposer en ce merveilleux musée pour que vous les voyez çà et là.

Réfléchissez à tout ce qu’elles ont vu et tremblez !

*13,75 francs de 1978 = 6,69 € de 2006.


Publication du vendredi 14 décembre

La pipe qui pue pas du papa du pape Pie

Origine de l’objet : Jacques Prévert (1900-1977)  écrivit des poèmes pour s’amuser sans les publier, mais il en parla autour de lui et les lut à ses amis. Il aima aussi à faire des bons mots en public. En 1925 il adhèra au mouvement surréaliste. C’est au cours de cette période qu’il lança cette boutade : « la pipe du papa du pape Pie pue ». Elle connut un succès rapide et se propagea à travers le monde.

En 1936, il rompit avec le mouvement surréaliste. Quelque temps après quelqu’un dans Paris reçut un télégramme ainsi rédigé : « urgent – stop – pape désire voir vous – stop – vous attend – stop – vous recevra quand vous voudrez – stop. ». Ce quelqu’un jeta un coup d’œil rapide, froissa le papier et le jeta à la corbeille. Il pensa que c’était André Breton, appelé le pape du surréalisme, qui lui faisait une blague et souhaitait le voir. Il n’en voyait pas la nécessité. Il ne répondit pas et oublia le message.

Quelques jours plus tard, en rentrant chez lui, au 106 de la rue de l’Abbé qui Crache dans la Soupe, il eut la surprise de voir un évêque tout violet qui l’attendait devant sa porte. S’engagea alors ce dialogue surréaliste qu’il rapporta à l’un de ses amis, Hubert Nache, sous le sceau du secret : « Eh ! Que faites-vous là devant ma porte, monsieur l’évêque tout violet ? Serait-ce moi que vous attendez impatiemment ?
– Je suis monseigneur Quilet, évêque de Paris. Aaaaaaaah ! c’est vous Jacques Prévert qui calomniez la pipe du papa de notre saint père Pie. Ce n’est pas bien mon fils.
– Vous ne me ferez pas croire que vous êtes mon père, j’en ai déjà un.
– C’est une façon de parler chez nous, entre initiés.
– Ah bon ! Qu’est-ce qui vous amène ?
– Si j’étais Pierre Dac, je dirais un taxi………….
– Et comme vous n’êtes pas Pierre Dac, que me dites-vous ? Au fait, ce n’est pas vous qui, l’autre jour, dégueuliez dans un caniveau devant la gare Saint Lazare, en regardant les mégots et les préservatifs qui défilaient sous vos yeux, en vous posant la question de savoir à quel moment vous aviez pu avaler tout çà ?
– Non, moi, je tiens le coup quand je bois. Et d’abord, je ne bois jamais.
– Et vous n’allez jamais au bordel ?
– Je fuis le péché.
– Bon ! maintenant que vous vous êtes présenté expliquez-moi votre présence ici. Je ne vous fais pas entrer, je n’ai pas fait le ménage. Je n’ai rien à boire et rien à manger. Soyez bref, il faut que j’aille en courses.
– Vous avez bien reçu un télégramme qui vous invitait à aller voir le pape ? Vous n’avez pas répondu.
– Ah oui ! Je l’avais oublié. C’est un malentendu. J’ai cru qu’il venait de l’autre pape.
– Il n’y a qu’un pape, le Saint Père. Il veut vous voir de toute urgence pour une explication au sujet de la pipe de son papa. Il vous accordera une audience dès votre arrivée. Voilà un billet de train aller-retour pour Rome. Vous logerez au Vatican. Tous vos frais vous seront payés.
– Ey si je refuse ?
– Un soir, je vous ferai assommer à coup de goupillon par le sacristain de Notre Dame des  Cloches. Je vous mettrai dans une caisse que j’enverrai à Rome par la poste en recommandé. Le Saint Père ouvrira le colis et vous vous retrouverez nez à nez avec lui. Après l’audience, on vous trempera dans l’eau bénite pour vous laver de vos péchés, on vous mettra une robe de bure et vous rentrerez à Paris à pied. Vous verrez comme çà gratte, surtout la quéquette.
– Bon ! … bon ! Vous avez toujours raison. J’irai donc à Rome. Quand dois-je partir ?
– Demain ».

Le lendemain de cette rencontre, Jacques Prévert, tout content de cette aubaine, s’en fut à la gare de Lyon et prit le train de huit heures quarante sept pour Rome. A Rome, un taxi le déposa devant le porche de Saint-Pierre. Le pape l’attendait sur le pas de la porte de la cathédrale. En le voyant Jacques Prévert pensa : « ô le pape ô le pape ô le pape ô ». Une voix onctueuse interrompit sa rêverie :

« Vous voilà enfin. Depuis le temps que je vous attends. Je suis Pie XI.
– Quel drôle de nom. Ça fait à la fois tarte anglaise, vache normande et oiseau bavard.
– Ce genre de réflexion ne m’étonne pas de vous. Vous êtes Jacques Prévert. Je vous attendais mon fils … .
– Vous aussi, vous voulez être mon père. C’est une maladie. Ma mère est une femme honnête ! On est peut-être de lointains cousins, mais c’est tout. Je suis athée et anticlérical. Je ne vois pas comment je pourrais vous aider à régler une histoire de bigots. Il paraît qu’il s’agit d’un problème de pipe.
– Il ne s’agit que de cela. Vous avez calomnié la belle pipe de mon petit papa. Vous avez parlé sans savoir. Je veux et j’exige que vous corrigiez la mauvaise réputation que vous avez faite à cet objet, dit le pape Pie en trépignant.
– Moi ? Mais je ne connais ni votre père, ni sa pipe. D’ailleurs, je ne savais même pas que vous aviez un père et qu’il fumait la pipe ou autre chose. Je n’ai jamais rien dit à leur sujet.
– Vous avez bien dit : « la pipe du papa du pape Pie pue ».
– Moi ? Jamais ! Ah ! je pense qu’il y a un malentendu. Vous devez faire allusion à Jacques Prévert.
– Mais Jacques Prévert, c’est vous !
– Non moi, je suis Jacques Prévert, l’autre Jacques Prévert, celui qui n’est pas LE Jacques Prévert.
– Méchant petit pécheur menteur, dit le pape en colère, n’essaye pas de me troubler. Si ce n’est toi c’est donc ton frère ou quelqu’un des tiens. Il y a UN Jacques Prévert qui a dit que la pipe de mon papa  pue. C’est pas gentil.
–  Je pense qu’il a dit ça pour rire. Pour faire un bon mot. Il est poète. Il aime jouer avec les mots. Et puis çà ne marche vraiment bien qu’en Français. En Italien çà marche pas mal : « la pipa del papà del papa Pie puzzava ». Par contre en Anglais on dit : « the dady’s pipe of the pape Pie stinks », c’est nul. En Boldo-Samovar moyen on dit: « strchtr vlak plouc pic et pic et casrte prout », sans intérêt.
– On ne rit pas, on ne joue pas avec ces choses-là, même pour faire le mariole en France. Mon petit papa l’a très mal pris. Il est très déprimé, il pleure, il prie le P’Tit Jésus. Il veut que Jacques Prévert s’excuse et qu’il lance à la face du monde : « la pipe du papa du pape Pie pue pas ».
– Toute les pipes puent. Je ne vois pas pourquoi celle de votre père ne puerait pas.
– Il ne fume que du tabac désodorisé Pouet et Chondan. Il lave sa pipe au savon de Marseille après chaque usage et il l’enferme dans un coffret en bois de santal imprégné du parfum Barbouze de chez Fior.
– Prouvez-le.
– Voilà. Je vous ai apporté sa pipe préférée.
Le pape claqua doucement des doigts. Le camerlingue qui se trouvait caché derrière lui apparut, glissant comme par enchantement en présentant dans ses mains une immense pipe de bois brut en merisier *. Jacques Prévert la prit et la sentit.

« C’est vrai qu’elle ne sent pas mauvais. Elle sent presque bon la fraise et le patchouli.
– Mon papa vous en fait cadeau. Vous ne serez pas venu à Rome pour rien. Il compte sur vous pour faire rectifier le jugement sur sa pipe et faire amende honorable en le criant sur les toits.
– Sur les toits j’ai le vertige.
– C’est une façon de parler.
– Et je ne suis pas Jacques Prévert. Le bon !
– Tant pis. Vous vous débrouillerez pour que Jacques Prévert fasse le nécessaire.
– Et si Jacques Prévert, l’autre, refuse
– Alors Saint Glin Glin, le patron des fumeurs de pipe en bois et des utopistes, viendra vous chatouiller les pieds, à tous les deux, chaque nuit, pour vous empêcher de dormir. Vous finirez par devenir fous. Soyez convaincants. Finissons-en, je n’ai pas que cela à faire. Il faut que je dresse mes moutons.
– Vous faites aussi de l’élevage.
– Non, c’est une métaphore.
– Si même le pape dit des gros mots, où allons-nous !
– Çà suffit, vous passerez la nuit au Vatican après avoir fait un bon gueuleton. Suivez donc le père Itoine que voici. Demain matin il vous réveillera et vous conduira à la gare. Au revoir mon fils.
– Au revoir pape Pie.

C’est ainsi que Jacques Prévert, l’homonyme de Jacques Prévert, invité du pape Pie, passa la nuit au Vatican le 25 septembre 1936 et revint avec la pipe du papa du pape Pie qui ne pue pas. Il s’enquit de l’adresse de Jacques Prévert et lui écrivit pour solliciter un rendez-vous que Jacques Prévert, curieux, s’empressa de lui accorder le 3 octobre 1936 à 6 h 17 du matin.

Là, Jacques Prévert raconta à Jacques Prévert sa visite au Vatican, lui retransmit le message du pape et lui fit cadeau de la pipe. Jacques Prévert se contenta de hausser les épaules. Il ne croyait pas aux menaces du pape et ne craignait pas Saint Glin Glin. Les Jacques Prévert se séparèrent. L’un s’en fut chez lui rue de l’Abbé qui Crache dans la Soupe et l’autre rangea dans une armoire la fameuse pipe du papa du pape Pie qui pue pas avec un mot d’explication. Il se garda bien de relater cette histoire à quiconque.

Histoire de l’objet : En 1980, à cent cinq ans, le Marquis d’Eliran continuait de parcourir la France, plus lentement il est vrai, à la recherche d’objets historiques intéressants. Il arriva à Omonville-le-petite, en Normandie et visita la maison de Jacques Prévert transformée en musée. Sur un vaisselier de la salle à manger trônait la pipe du papa du pape Pie avec un mot d’explication. Il n’y avait personne dans la pièce. Le marquis, l’esprit toujours aussi vif malgré son âge avancé glissa la pipe dans une jambe de son pantalon et s’en fut, mine de rien**.

Arrivé dans son château, il la mit entre les dents d’un soldat de Duguesclin qu’il avait fait empailler avec son armure. Il lui donna le numéro 111 111 pour indiquer l’intérêt qu’il lui portait en tant qu’objet sacerdotal. C’est là que son fils la trouva à la vente du château. Il la prit et l’apporta au musée pour rendre grâce à l’éclectisme de son père.

* Cette pipe est remarquable par ses dimensions. Elle mesure 75 cm hors tout, pèse 2 kg et  dans son fourneau on peut enfourner un paquet de tabac tout entier. Le papa du pape Pie était un vrai amateur de pipes.

** La disparition de la pipe est passée  inaperçue.


Publication du 30 novembre 2018

Une éponge à laver le cerveau et sa cuvette

 

Origine des objets : parmi les différents moyens que les dirigeants de l’URSS avaient trouvé pour combattre les dissidents, pour les rééduquer, outre le goulag, il y avait le lavage de cerveau. On l’appliquait à des gens d’une certaine valeur, savants ou artistes dont on voulait récupérer les services, tout en extirpant leurs mauvaises pensées qui auraient pu entraver la marche du pays vers le paradis socialiste.

Le lavage de cerveau était pratiqué dans des cliniques  psychiatriques. On distinguait deux types de méthodes pour ramener les déviants dans le droit chemin. La méthode douce qui faisait appel aux méthodes classiques ou pavloviennes pour les moins atteints et les plus malléables et la méthode dure pour les autres. Dans ce dernier cas on pouvait utiliser les électrochocs, la torture molle ou épicée, et enfin le véritable lavage de cerveau avec éponge et bassine, méthode mise au point par Vladimir Otouchenko, un ancien ouvrier métallurgiste.

Celui-ci se pratiquait essentiellement à Moscou, dans une clinique annexe de la prison de la Loubyanka, située place Dzerjinski. La méthode consistait, dans un premier temps, à ouvrir la boîte crânienne du « malade » suivant une trace circulaire, un peu comme on le fait avec un œuf à la coque et à fixer une charnière de façon à pouvoir soulever le couvercle pour les besoins du traitement (voir la photo des crânes). Tous les deux ou trois jours, on ouvrait la boîte et on lavait la partie supérieure du cerveau, celle qui contient les mauvaises idées, avec une éponge et de l’eau savonneuse. On rinçait à grande eau. On obtenait les meilleurs résultats avec le savon de Marseille fabriqué à Ivanovo.

Le traitement avait eu des débuts prometteurs mais à la longue il montra quelques inconvénients. Des patients ne supportaient pas bien le traitement, ils mouraient. Pour d’autres, les idées déviantes étaient remplacées par des idées noires que l’on n’arrivait pas à nettoyer même avec des détergents puissants, de l’acétone, du white spirit, du benzène, du tétrachlorure de carbone ou du trichloréthylène. Enfin ceux qui supportaient le traitement avec succès perdaient une partie des qualités pour lesquelles on voulait les conserver au sein du monde communiste.

Aussi le parti ferma le service et Vladimir Otouchenko fut renvoyé à ses chers hauts fourneaux avec la Médaille des Travailleurs du Peuple en consolation. Quelque temps après il tomba malencontreusement dans une poche pleine de métal en fusion. On l’enterra avec les honneurs dus à son mérite. On lui décerna la médaille des Travailleurs Courageux.

 Histoire de l’éponge et de la bassine et des deux crânes : les éponges et les bassines furent récupérées par les infirmiers de la clinique pour leur usage personnel. L’un d’eux, Anton Tchecolov, qui était un espion double, et peut-être même triple ou quadruple, donna une éponge et une bassine à Eulalie Durand, agent de l’ambassade de France, pour prouver ses dires. Par la suite, il lui apporta aussi deux crânes qu’il avait déterrés dans le sous-sol de la clinique. Ils appartenaient à Tatiana Papivlova et Grincha Servopov, un couple de savants atomistes qui avait collaboré avec Andreï Dmitrievitch Sakharov pour la mise au point de la bombe H de l’URSS. Ils avaient été soupçonnés par le KGB de partager les idées subversives du grand savant.

Ces quatre objets furent rapportés en France successivement dans la valise diplomatique et étudiés par les laboratoires de nos services secrets. Les résultats des recherches, estampillés Secret-Défense ne sont pas connus. Les objets furent placés dans un coffret en polystyrène expansé pour être incinérés. Emmanuel Spassky, un agent double français, le subtilisa pour le vendre aux services secrets Américains, mais trop occupé à suivre une belle Chinoise aux yeux verts, il l’oublia malheureusement sur un quai de métro de la station Nataniel Ibrahim. Heureusement, le baron d’Olphus, ami du marquis d’Eliran, qui revenait du vernissage de son exposition de photos non figuratives, titrée des os et débats, à la galerie Gus Temberg remarqua le bagage oublié. Il lut les inscriptions tamponnées en gros et en rouge sur toutes les faces du paquet : SECRET DEFENSE, A DETRUIRE INSTANTANEMENT. Il pensa qu’il contenait une bombe déposée là par un terroriste. Il le transporta dans une agence de la BNP, espérant faire sauter la banque. Comme au bout d’un certain temps aucune explosion ne s’était produite, il emporta le paquet chez lui, l’ouvrit, s’étonna, et par curiosité entreprit une enquête minutieuse pour connaître l’origine des objets. C’en est le résultat que vous venez de lire. Finalement, le baron d’Olphus embarrassé par ces vestiges historiques de l’URSS les offrit à son ami, le marquis d’Eliran, car il connaissait sa passion pour ce genre d’objets.

Et c’est ainsi que de fil en aiguille, les deux crânes, la bassine et l’éponge à laver le cerveau en URSS arrivèrent dans le château du marquis avec le numéro 667. Ce sont eux que nous voyons ici, sauvés de la débâcle par Jésus Pierre Ponce. Malheureusement, au cours de toutes ces pérégrinations, la mâchoire inférieure de Tatiana a été perdue.

D’autre part, on peut voir que les dentures de nos deux amis sont en très mauvais état. C’est dû au fait qu’en URSS, si l’on s’occupait très bien des cerveaux, on s’occupait très mal des dents.

 Remarque : voyez les traces des coups de scie et les charnières qui permettaient d’ouvrir la partie supérieure des crânes pour pouvoir travailler à l’aise sur les cerveaux. Nini Pot’Chien à la fois très superstitieuse et très attentionnée, a disposé les têtes de Tatiana et Grincha comme vous le voyez sur la partition et les paroles de la Marseillaise en Breton, avec une bougie, pour que l’homme et la femme puissent continuer à chanter, à se voir et à s’aimer la nuit à l’heure à laquelle les fantômes se matérialisent.


Publication du 16 novembre 2018

Le message testament d’Epstein

Origine du message : Epstein (1881-1962), grand savant, découvreur du neutron clapant et du positon bifide de troisième génération, fut toujours préoccupé par la misère du monde. Il en analysa les causes. Il s’efforça d’y remédier. Mais un homme qui lit avec passion en 1934 dans Comment je vois le monde d’Einstein :

« Je ne peux pas imaginer un Dieu qui récompense et punit l’objet de sa création. Je ne peux pas me figurer un Dieu qui réglerait sa volonté sur l’expérience de la mienne. Je ne veux pas et je ne peux pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son corps. Si de pareilles idées se développent en un esprit, je le juge faible, craintif et stupidement égoïste. »

« … l’humanité se passionne pour des buts dérisoires. Ils s’appellent la richesse, la gloire, le luxe. Déjà jeune, je les méprisais. »

« La pire des institutions grégaires se prénomme l’armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d’une musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait. Nous devrions faire disparaître le plus rapidement possible ce cancer de la civilisation. » n’était pas politiquement correct et ne pouvait pas avoir d’influence sur des gouvernants et des opinions publiques qui pensaient exactement le contraire, d’autant qu’il ne varia jamais dans ses positions. Il finit par se résigner à observer sans souffrir les injustices et les malheurs du monde qui le peinaient. Comme tout cérébral intelligent le fait, pour supporter son sentiment de responsabilité il décida de ne pas prendre les autres ou lui-même au sérieux. Il décida aussi de considérer les choses avec humour, ce que ne supportaient et ne supportent toujours pas les gens de pouvoir. L’auteur Emileli est comme ça.

Sans se couper du monde, il s’acharna à découvrir la nature de l’Univers, seule connaissance qui aurait, à ses yeux, une signification durable. Après la publication de Fécondations critiques vertueuses et courtoises en 1950 il continua ses recherches sur ce sujet et il semble bien qu’il ait trouvé la réponse à sa question un peu avant sa mort en 1955. Il fit des confidences à ce propos à quelques savants de son entourage dont W.C. O’Cab, un savant atomiste d’origine irlandaise qui en parla dans quelques quotidiens dont le Washington Post. Il n’a pas donné de précision sur la nature de sa découverte. Il a estimé que ses contemporains n’étaient pas prêts à la recevoir parce qu’ils seraient choqués et en ferait mauvais usage.

Par contre il envoya des messages cryptés qui la décrivaient à des scientifiques du monde entier. Il pensa qu’au bout du temps consacré au déchiffrage, les hommes auraient changé et seraient prêts à recevoir ses révélations. Paul Rynamovédian physicien français, membre de l’Institut, Professeur au Collège de France fut l’un de ceux-là.

Histoire du message : il fut porté par courrier spécial au Collège de France alors que le Professeur Rynamovédian terminait sa leçon sur L’influence du poids des petits pois sur la masse volumique de la stratosphère. Encore sur l’estrade, en voyant le nom de l’expéditeur, il fut pris de violents spasmes, s’effondra sur le plancher et mourut sur le coup d’une crise cardiaque, sans dire un mot,.

Le Marquis d’Eliran, toujours passionné de science assistait à la leçon. Il était justement au premier rang. Il se précipita pour venir en aide au mourant. Il vit la lettre qui gisait par terre. Sa passion des objets historiques le poussa à se saisir rapidement de celle-ci et à la glisser furtivement et malhonnêtement dans la poche intérieure droite de sa redingote en peau de bourdon qu’il aimait particulièrement. Quand quelqu’un s’inquiéta de l’absence de la missive qui avait entraîné le drame, il était trop tard. Le Marquis était déjà sur le boulevard Saint Michel. Là, il héla un taxi qui le conduisit à son château. Il plaça la lettre dans une souricière qu’il amorça et monta au grenier. Il lui attribua le numéro sept comme à sept autres objets qui avaient déjà ce numéro.

Son fils se fit écraser les doigts en sortant le document de la souricière. Après avoir pleuré, il l’apporta au musée sous sa casquette en même temps que trois paquets de papier hygiénique dont chaque feuille était dédicacée par Tino Rossi. Malheureusement celles-ci ont été utilisées par inadvertance par Nini Pot’Chien et nous ne pouvons donc plus les exposer dans ce beau musée créé à la gloire de l’histoire de France et d’Ailleurs. 

Remarque (qui n’est pas une blague ?) : vous pouvez emporter le message d’Epstein qui figure à la page suivante et tenter de le déchiffrer. Si vous y parvenez, vous toucherez une prime de 1,5 € offerte par le baron d’Olphus du Trun et vous servirez l’humanité en faisant jaillir la vérité sur les mystères de l’Univers.

Message d’Epstein à déchiffrer pour gagner 1,5 euros.

 0673210423316752834001987176227936900965005651652245815280780660260557071852028570603574585406122344908911027069077761600700879716707009810651031737306973320912675976961000640549447552151237728800891195220690239549547522337456707167818503494493607809760522459357153578219090780223404494740696096396544855400982678930062960673164575745302085030540001012170599569548445645624650430326655970600220134944954850525600890061600701012063643303399600510602600691699865644944563294164659260606118537359256350100525034754505415203570000013006719078885385942265373505316706810693512522626656661976169760691531524634472629945645635136767718918597260430515200702202712694944954751027070707170360012310360371282235810047347450456354960694400168172874477705265573999530574474456320382584808772169627648672189217229844854548645251363239941960843632395375407303600701909463491662464540243010502404100000603405446393369922745744645457567775833202677207681780900600509528682584475688100666635262753781365337881880600594485582683583723584375456118539339468276362584465754365645364008700178954635405001861617336367276816763298219060700701689219583001463619009008178262273093198688766806776549485546116068127661887564494549456711264126418926564100020701709616000472200561495465375945199745138261172010221583977655886322330161215654458594112111123561786584563594456214134800601070536549456475465761457779116373264298521870305286116546568241446954945113115316107686107594465484986060302281392422627264594365225117113111215531582670023462678971798315583584153645383563432225980001118697906211114607311111234261327112562225215153697202213135385001412449697513123498225135153584431141108271231529956463135574113131151054202464281593252315181191878365465482153653667866427272678531223215252549569373403107708073173069115202102464716869687211315549383517503616291667607311411135035465878601769262312060854035125918184226374172223887179945513611420197797878001574272315252854110281876365431160546485045170513

 



Publication du vendredi 2 novembre 2018

LA VERITABLE VERITE VRAIE
Ecrits philosophiques de

ABRAHAM LINCOLN alias JESUS TOPY

Pourquoi depuis toujours on répète la même chose
Pourquoi depuis toujours on parle pour ne rien dire

Origine du livre : en 1863 John Lincoln (1838-1907) un aventurier américain des Etats-Unis de vingt-trois ans émigra en France parce qu’il était fatigué de tuer des Indiens pour le compte du gouvernement. Pour gagner sa vie il s’engagea dans un cirque comme tireur au fusil et lanceur de couteau, spécialités dans lesquelles il excellait. Il prit comme partenaire une jeune fille de vingt ans, Anne Hémaumaitre (1843-1897), en rupture de ban avec sa riche famille parce que son père, après l’avoir violée, voulait la marier à Lamartine (1790-1869).

Il en fit sa maîtresse. En 1882, pour récompenser sa partenaire de sa fidélité, il lui proposa le mariage. Celle-ci, toujours fâchée avec sa famille, couturée et trouée de partout à cause des erreurs de tir et de lancer de son amant accepta, en se disant qu’à l’âge et dans l’état dans lequel elle se trouvait aucun homme ne voudrait d’elle. L’année suivante en 1883 naquit un pauvre bébé malingre. Les docteurs lui prédirent une vie courte. Ses parents le nommèrent Abraham pour lui donner du tonus. Ils le trimballèrent dans toutes leurs pérégrinations avec les cirques qu’ils suivaient. Contre toute attente, Abraham Lincoln (1883-1916), tout en restant un enfant malingre, survécut.

Bien que chétif il se révéla avoir un esprit vif et éveillé. Il ne perdait jamais une occasion de s’instruire. Ses parents devant son physique et ses aptitudes le confièrent à Paul Déroulède (1846-1914) ancien militaire, agitateur nationaliste, député, qui l’avait pris en amitié lors d’une représentation de cirque dans le Bois de Boulogne. Abraham avait alors sept ans.

Son protecteur lui paya des études de droit dans le but d’en faire un avocat. Après ses études, il devint très vite un maître du barreau de Paris, mais en bon intellectuel, il était attiré par la philosophie et l’histoire de la pensée. Il réalisa alors que son bienfaiteur était un individu abominable qui avait participé en 1872 à la répression de la Commune de Paris et qui avait tout pour plaire : il était raciste, xénophobe, autoritaire, colonialiste, anti-démocrate et surtout revanchard, comme beaucoup de ses contemporains bien placés dans la société.

Abraham qui n’avait pas oublié son origine modeste et qui connaissait par ses lectures les misères de la guerre, pour se dresser contre ce que prônait Paul Déroulède, écrivit le livre que vous avez sous les yeux. Mais pour ne pas mettre en danger sa carrière d’avocat, il le fit imprimer en Belgique sous le pseudonyme de Jésus Towpy en 1912. En 1914 il fut appelé sous les drapeaux avec le grade de capitaine. Commandant de compagnie, il se battit avec bravoure, mais il était mal vu par l’état-major à cause de son esprit critique qui lui faisait dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas sur les massacres inutiles dans de vaines attaques. De plus, à la fin de 1915, les services secrets belges apprirent aux Français que Abraham Lincoln était l’auteur d’un livre mal-pensant. Pour se débarrasser de cet officier subversif, le général Nivelle ordonna au général Mangin d’employer sa compagnie dans une attaque meurtrière où il avait toutes les chances de rencontrer la mort. C’est se qui s’est produit le 22 mai dans l’attaque du fort de Douaumont. On n’a même pas retrouvé son corps qui fut volatilisé par l’explosion d’un obus de gros calibre.

Histoire du livre : le livre, dont le titre est la véritable vérité vraie, a été tiré à mille exemplaires dans une édition bon marché. Dans une période où l’idée de revanche de la guerre de 1870 était très présente, il n’eut aucun succès et aucun journaliste n’en parla, de peur d’incommoder l’opinion. Il ne fut guère acheté que par des pacifistes, des anarchistes, ou des royalistes dévoyés. On en trouva des monceaux sur les étals au Marché aux Puces de Saint Ouen, près de Paris et dans beaucoup de poissonneries où ses feuilles servaient à emballer les petites sardines et les crevettes.

L’exemplaire que vous voyez ici a été trouvé en 1913, dans la poubelle du 168 de l’avenue de Clichy, que le Marquis fouillait, sans cesse à la recherche d’objets historiques, là où habitait Onésime Grabinou, anarchiste notoire. Le Marquis l’a déposé à l’abri des termites sur un porte-savon en marbre de l’une des salles de bain de son château, avec le numéro 336. A la vente du château, son fils s’en est emparé pour l’exposer dans notre musée.

Nous présentons le livre et un fac-simile de la table des matières pour avoir une idée des idées d’Abraham Lincoln ( voir page suivante ).

Table des matières

Préface – page2
Chapitre I – De l’ignorance objective du sens à donner à la présence de l’homme dans l’univers.  Page 3
Chapitre II – De l’absence de preuve de l’inexistence d’un dieu juste et bon. Page 15
Chapitre III – De l’absence de preuve de l’existence d’un dieu juste et bon. Page 45
Chapitre IV – Du besoin pour une majorité d’hommes de croire en n’importe quoi pour se faciliter l’existence et donner un sens à la vie. Page 82
Chapitre V – …d’où l’utilité des religions et des sectes, créées par des hurluberlus, des poètes ou des fous. Page 128
Chapitre VI – …d’où ma tolérance à l’égard des religions à condition qu’elles me laissent tranquille. Page 164
Chapitre VII – De la puissance des mots, ou comment ils justifient tout, comment ils font prendre les vessies pour des lanternes, des crottes pour du chocolat et réciproquement. Page 207
Chapitre VIII – Comment une minorité d’agités, ambitieux, inconscients, orgueilleux, souvent cruels, toujours sans scrupules, au nom de la grandeur, de l’honneur, de l’art, de l’ordre, du progrès,  gâche la vie d’une majorité d’humains pacifiques qui souhaitent vivre tranquillement en paix de leur travail. Page 256
Chapitre IX – Comment, d’après ce qui précède, naissent les guerres et pourquoi  il faut les haïr ainsi que ceux qui les provoquent. Page 296

Conclusion : de l’absence de vérité en toute chose bavarde. Page329



Publié le 21 octobre 2018

 

Un bréviaire du capitalisme

Une page de la traduction française par S.T. Balmer (1849-1914) de Bible of  American Capitalist de Richard W. Rockyfilter (1865-1934).

Origine de l’objet : En 1898 paraît aux Etats Unis un ouvrage appelé  Bible of  American Capitalist. Il est écrit par un économiste inconnu, R. Q. Rockyfilter et publié confidentiellement dans une édition de luxe passée à peu près inaperçue. Il est destiné essentiellement aux acteurs de la vie économique des U.S.A.. Ce n’est pas un traité technique, mais une sorte de guide pratique pour exacerber l’efficacité des hommes qui manient des capitaux. On y trouve aussi bien des conseils précieux pour dépenser son argent que pour en gagner. On y étudie les liens entre argent, moral, humanisme et religion.

A la suite d’une peine de cœur, F.O. Balmer, Américain d’origine irlandaise, riche exploitant de mines d’or se met à voyager. Il débarque en France en 1900 pour assister à l’inauguration du buffet de la gare de Lyon. Dans la capitale où il mène grand train, il fait la connaissance d’une jeune et jolie danseuse de l’opéra Ludmila Mirosonobova. Il s’entiche. Paris lui plaît, il y reste. En 1913, sa danseuse le quitte pour retourner en Russie où son mari l’attend depuis quinze ans. F.O. Balmer s’ennuie. Les femmes, l’argent, les mondanités l’ennuient. Par hasard il retrouve  Bible of  American Capitalist dans ses bagages. Il décide, pour s’occuper, de le traduire en Français pour l’édification des capitalistes français qu’il juge trop paternalistes et timorés. La déclaration de la guerre le choque. Une crise cardiaque l’emporte. Sa bonne, Yvonne, connaît bien le marquis d’Eliran, ami du défunt car de temps à autre elle le comble d’une petite gâterie dans la buanderie contre une pièce de cinq francs en argent. Elle lui propose de venir choisir des souvenirs dans l’hôtel particulier de F.O. Balmer. Parmi les objets qu’il emporte se trouve l’ouvrage Bible of  American Capitalist et la tentative de traduction par F.O. Balmer.Ci-dessous la tentative de « traduction »  de la page de conclusion du livre par S.T. Balmer

  «  Un good capitalist doigt pense tou le time : « Je vouloir tutto, tou de suite, par tutti i moyen ( meme non moral, meme not honest si pas se faire prendere ). Il faux plumait los naïves, tondre les sheeps et no pitié pour les ducks boiteu et after moi le deluge. Sono the best parce que sono le pirre ».

Il doigt savoir aussi two cosè :

1° If les richs sont rich c’est because ils sont plenty of qualities : intelligent, travaillor, égoistes, économe avec leur money pas avec celle-la des others, pas revolutionnaire, pas solidaire et ils ne want pas cambiare le mondo et paie des impôts, ils aiment le profit, ils savent faire lavorare les others pour pas caro et  faire acheter à eux le things inutiles que nous vendons à eux.
2° Les poves sont pove c’est because ils sont plenty of défauts : stupid, paresseux, ils dépensent tou leur money toujours, ils sont sempre soules, ils vouloir tout le time faire le revolution et faire paie nous des impôts, ils sont often solidaire et chercher pas toujours faire travaille les others à leur profit.
3° Il not must forget ceci : si le monde est made come questo, c’est because God l’a voluto et le volonty de Dieu, pas touche. Si il pas credo in God, him faire comme si.
4° Enfin non dimenticare que lui devez fare credere que lui etes bon en faisant des fondations. Les best sono les musées because il laissera son name pour l’éternity et on parlera de il quando il sera morto, glorifiez par la gente cultivée et bêlante del mondo entier.
5° La gente dit che les capitaliste fanno un complot. Non è vero. Tutti i capilisti ont un interest commun : avere molto monnaie per avere il pouvoirt ».

F.O. Balmer, s’il était très riche n’était pas très doué pour les langues. Dans la traduction ci-dessus on trouve des mots anglais, italiens, français souvent mal orthographiés. Aussi le Marquis d’Eliran en a donné une version vraiment française qui a paru en 1927 aux éditions Gallimatiard sous le titre N’ayez pas honte d’être un riche capitaliste.

Et voici la traduction par  le Marquis D’Eliran de cette même page.

« Un bon capitaliste doit penser tout le temps : 

« – Je veux tout, tout de suite, par tous les moyens ( même malhonnêtes à condition de ne pas me faire prendre ).
– Il faut plumer les naïfs, tondre les moutons, forcer les récalcitrants et pas de pitié pour les canards boiteux..
– Il faut aimer, honorer, glorifier l’argent, le pouvoir la réussite. Il faut mépriser, détester les gens, la médiocrité, l’échec.
– J’ai le droit de me permettre ce que je refuse aux autres.
– Après moi le déluge
– Parce que je suis le pire, je suis le meilleur ».

Il doit savoir aussi deux choses :

1° Si les riches sont riches c’est parce qu’ils le méritent car ils sont pleins de qualités : intelligents, travailleurs, égoïstes, économes avec leur argent, dépensier avec celui des autres, pas révolutionnaires, pas solidaires, ils ne veulent pas changer le monde ni payer d’impôts, ils aiment le profit, ils savent faire travailler dur les pauvres pour une bouchée de pain et leur faire acheter cher les choses inutiles qu’ils leur font fabriquer.
2° Si les pauvres sont pauvres, c’est bien fait pour eux car ils sont pleins de défauts : ils sont bêtes, paresseux, ivrognes, ils dépensent toujours tous leurs sous à boire et à chanter, ils passent leur temps à vouloir faire la révolution pour prendre nos places ou nous faire payer des impôts, ils sont souvent solidaires et ne cherchent pas constamment à faire travailler les autres à leur profit.
3° Le capitaliste ne doit pas oublier ceci : si le monde est ainsi, c’est que Dieu la voulu, et la volonté de Dieu, il ne doit pas y toucher. S’il ne croit pas en Dieu, il fait comme si !
4° Il doit faire croire qu’il est bon ( et aussi préparer son arrivée dans l’au-delà, on ne sait jamais ! ). Pour cela il crée des fondations qui lui coûtent une infime fraction de ce qu’il a volé tout au long de sa vie. Les meilleures pour sa réputation sont les hôpitaux et les musées. Avec ceux-là il gagne le respect des pauvres qu’il a exploités et plumés, et Dieu peut compter cela comme une bonne action, qui l’amènera au paradis des capitalistes où tombent du ciel des milliards de dollars et où coulent des fleuves d’or. Avec hôpitaux et musées, son nom est à jamais connu sur toute la
planète. Il est glorifié par toutes les élites riches et bêlantes, dites cultivées, du monde entier.
5° Les gens disent que les capitalistes font un complot mondial. Ce n’est pas vrai, ils se jalousent, se haïssent et se concurrencent les uns les autres, mais la convergence de leurs intérêts donne l’illusion d’un complot.
6° Si des gens comme Pasteur ou sainte Tarabille travaillent bénévolement pour améliorer la condition humaine, ils nous coupent l’herbe sous le pied. Ils volent l’argent qu’on pourrait gagner. Il faut s’en débarrasser ou les discréditer ».

 Histoire du livre : elle est très simple. Le Marquis a placé côte à côte les trois livres, l’original, la tentative de traduction de F. O. Balmer et sa propre traduction sur le rayon d’une bibliothèque grillagée de son bureau et les a oubliés. Pendant la guerre de 39-45 les termites qui n’avaient plus rien à manger à cause du rationnement ont dévoré tous les ouvrages sauf ces trois-là, on ne sait pas pourquoi. A la mort du Marquis, son fils les a placés dans son cabas pour les apporter ici.



Salle N°4

L’époque moderne

Présentation

Hugues Édouard Geoffroy Gonzague de Montrou , Marquis d’Eliran (1875-1982) n’aimait pas l’époque moderne car il la trouvait pas assez, mais en même temps il l’aimait bien car il la trouvait trop. Il en a accumulé pas mal d’objets car ils étaient plus faciles à se procurer que ceux des époques précédentes.


Publié le 5 octobre 2018

Du sang, de la sueur et des larmes pour Louis 14

Origine des objets : Louis XIV (1638-1715) qui a été traumatisé dans son enfance par la Fronde et différentes humiliations souhaite quitter Paris. Pour cela il fait commencer la construction du château de Versailles en 1661. C’est l’agrandissement progressif d’un rendez-vous de chasse que son père, Louis XIII, fit construire. Il veut le plus beau monument qu’on n’ait jamais vu à sa gloire et à sa grandeur. En même temps, il fait bâtir la ville de Versailles à l’image de son palais. Les travaux dureront quarante ans.

En 1670, son confesseur, François d’Aix de la Chaize, qui a donné son nom au cimetière du Père-Lachaize, ne se sent pas bien. Pour le seconder, il introduit auprès du roi, l’abbé Fleury Méjoris, né d’Ictine (1641-1692), qui lui est recommandé par un ami, l’évêque de Reims. Celui-là, très austère, vient de la petite noblesse de province. Il est en contact avec le peuple des paysans. Il connaît ses souffrances, ses disettes, dues aux munificences royales qui pompent sous forme d’impôts divers, le fruit du labeur des masses laborieuses.

Aussi, en 1670, lorsqu’il arrive à Versailles, très étonné par l’ampleur des travaux, voit-il d’un mauvais œil le château en construction dans lequel chaque pierre est le résultat de l’exploitation éhontée de la classe paysanne. Il confie son indignation à François d’Aix de la Chaize qui le met en garde contre la colère du roi qui ne souffre aucune critique. Il lui conseille de trouver un moyen détourné pour communiquer son opinion à Louis XIV, et l’inciter à faire preuve de plus de charité chrétienne à l’égard de son peuple, pour mériter son salut éternel.

Après avoir été présenté au roi, il commence son travail de confesseur. Il réfléchit et trouve une idée lumineuse qui lui paraît convenir à la situation. Il se procure trois flacons de verre de Murano. Il emplit le premier du sang d’un tailleur de pierre blessé par son outil, le second de la sueur récupérée sur des manœuvres qui charrient les moellons pour le château et le troisième des larmes versées par la femme d’un maçon dont le mari s’est tué en tombant d’un échafaudage. Ensuite il les bouche et les scelle à la cire.

Écoutons le duc de Saint Simon nous conter l’événement qui suivit la confection des flacons.

« Par une sorte de privilège réservé aux ecclésiastiques, l’abbé Fleury Méjoris, né d’Ictine arriva au lever du roi porteur d’une espèce de coffret en forme de pierre de taille, comme celles qui servaient à élever le Château.
– Que portez-vous là l’abbé ? Une bombe pour me faire sauter ? demanda Louis
–  Point du tout sire, juste de quoi donner à réfléchir
– Trouvez-vous que je n’ai point assez à réfléchir ?
–  Sire, ce serait présomptueux de ma part de le laisser croire. Je désire juste attirer l’attention de Sa Majesté qui est un grand roi apte à tout comprendre.
– Bien ! Bien ! Ouvrez donc ce qui me semble être un coffret afin que je sache ce qu’il contient.
–  Oui, sire ».

Notre abbé ouvrit le coffret sous le nez du roi. Nous vîmes l’intérieur en bois brut dans lequel reposait trois flacons transparents. L’un contenait du sang coagulé, les deux autres des liquides qui ressemblaient à de l’eau légèrement colorée. En voyant cela le roi fronça les sourcils et dit : « Vous êtes bien impudent d’apporter de telles vilenies à mon lever. Expliquez-vous avant que je n’appelle la garde pour vous embastiller ».

L’abbé blêmit et se rendit compte de l’erreur qu’il avait commise en affligeant le roi devant ses courtisans. Il répondit cependant : « Dans le flacon rouge, il y le sang, dans le suivant la sueur et dans le dernier les larmes que des hommes et des femmes versent pour qu’une seule pierre à l’image de ce coffret ait l’honneur de participer à l’élaboration du palais de votre majesté.
– Vous êtes très subtil l’abbé, aussi je vous fais grâce de la Bastille, mais vous m’avez offensé en croyant que je n’avais pas songé à ce que vous avez voulu me dire en me prenant pour un novice. Sachez que le sang, la sueur et les larmes versées par le peuple pour le roi, je les connais. Ils le sont aussi pour le bien, la gloire et la grandeur de la France dont je suis le maître. Je ne veux plus vous voir. Vous n’êtes pas digne d’être mon confesseur. Demain vous retournerez sur vos terres.
– Oui sire.
– Quand à vos flacons, je les garde. Ils iront à la cave, dans ma galerie des surprenants pour l’édification des générations futures ».

 Ainsi fut rejeté dans l’ombre, un imbécile, un instant destiné à un bel avenir, qui voulait faire la leçon, devant des courtisans, à un monarque qui s’admirait avant toute chose. Les flacons et leur coffret furent placés dans la galerie des surprenants. Ils y sont toujours. »

Histoire des flacons : à la mort de Louis XIV, le futur Louis XV (1710-1774), son arrière petit-fils, n’avait que cinq ans. Le futur cardinal de Fleury, précepteur du jeune roi, fit condamner et murer la galerie des surprenants qui se trouvait dans les sous-sols du château de Versailles car il abhorrait tout ce qui surprenait. Petit à petit, tout le monde oublia son existence.

Ce n’est qu’en 1959, à la suite de travaux pour l’installation du chauffage central dans une aile du château, qu’un maçon, nommé Jean Gilles Court de Trique, en donnant un coup de pioche heureux, révéla l’existence de la fameuse galerie. Il l’explora avant de divulguer sa découverte. Il en tira plusieurs objets, dont les trois flacons, soigneusement étiquetés par l’intendant de Louis XIV. Il les emporta chez lui dans l’espoir d’en tirer quelque argent auprès d’Amédée Goldschmann, un marchand d’antiquités historiques surprenantes de Versailles. Les objets, dont l’origine était très reconnaissable à cause de leurs étiquettes, ne pouvaient être négociés que sous le manteau avec des collectionneurs à la passion sans scrupule.

Malheureusement, tous les acheteurs potentiels refusèrent d’acquérir les flacons, probablement à cause des produits plutôt honteux et probablement corrompus qu’ils contenaient. Jean Gilles Court de Trique fut obligé de reprendre ce qu’il croyait être un trésor. Pour s’en débarrasser il les jeta avec leur coffret dans une décharge sauvage du Loir et Cher. Très exactement à Josnes, non loin de la Loire, où il possédait un magnifique château du XVIII ème siècle.

En 1959, le marquis d’Eliran, à cause des prétentions de la populace, était pratiquement ruiné, mais sa passion pour les objets historiques, qu’il ne pouvait plus satisfaire aussi facilement qu’il l’eût souhaité, n’en était que plus exacerbée. Aussi s’était-il résolu à visiter les décharges, sauvages ou non, afin d’y dénicher des objets historiques dédaignés par les gens du commun. Justement, à cette date, il visitait les décharges de la vallée de la Loire, présumant à juste titre que cette région, riche en demeures authentiques, devait voir ses poubelles regorger d’objets historiques.

C’est ainsi qu’il tomba en arrêt devant le coffret de l’abbé Fleury Méjoris, né d’Ictine. Après l’avoir dégagé des ordures environnantes, il le prit, il l’ouvrit, évalua son contenu et l’emporta directement, à pied dans son château qui n’était qu’à une dizaine d’heures de marche. Il le posa sur le rebord de la fenêtre de la chambre dite du Roi, en souvenir de François premier qui aurait dû y coucher à son retour d’Italie, si le château avait été construit. Il l’étiqueta et lui accorda le numéro 17 ex-æquo avec le porte-parapluie de Charles Quint.

Dès qu’il eut formé le projet du musée, Jésus-marie Ponce Gaspard de Montrou, son fils, s’empara du coffret et le cacha sur une des poutres métalliques du pont Alexandre III à Paris en attendant d’avoir trouvé un lieu pour accueillir le musée d’Eliran. Ce fut le premier objet qu’il y introduisit. Il n’a exposé que les trois flacons, car le coffret en forme de pierre taillée avait reçu tellement de fientes de pigeons sous le pont Alexandre III qu’il ne ressemblait plus à rien. Les étiquettes sous l’action de l’humidité des crottes ont pourri et se sont décollées. Regrets éternels.


Publié le 21 septembre 2018

La bouteille à la mer de Robinson Crusoë

Origine de l’objet :. propos tenus par Robinson Crusoë à son retour en Angleterre à Sandro Ricordarsi, un envoyé de la gazette italienne Oggi e domani qui lui avait demandé s’il n’avait pas cherché à envoyer des signaux de détresse: «  Au début de mon séjour sur l’île j’ai rapporté à mon campement des bouteilles de vin trouvées dans l’épave de mon vaisseau, l’Espérance. J’ai bu le vin et mis les bouteilles vides de côté. De temps en temps, j’en posais une sur un piquet de la palissade, je me plaçais à quelques pas et cherchais à la briser en lançant des galets trouvés dans le lit de la rivière voisine de mon habitation. C’était un amusement enfantin qui permettait de m’évader des préoccupations quotidiennes. J’étais devenu très habile à ce jeu : je cassais la bouteille à cent pas. Vint un jour, six mois environ après mon naufrage, où il ne me resta plus qu’une seule bouteille. Je m’apprêtais à la viser lorsqu’une idée lumineuse traversa mon esprit : j’utiliserai cette bouteille pour porter un message à la civilisation pour qu’elle vienne me chercher.

Je rentrai à la maison. J’avais remarqué que la dernière page de ma bible était blanche, fébrilement je l’arrachai en priant Dieu de m’absoudre de ce sacrilège. Je broyai en fine poussière des charbons tirés du feu. Je mélangeai la poudre avec de l’eau et du miel, miel que j’avais soutiré à mes risques et périls aux abeilles d’une ruche sauvage. J’obtins ainsi une encre bien noire et indélébile. Je taillai une plume de mouette ramassée sur la plage et j’écrivis un message de détresse sur la feuille de la bible. J’en ai oublié la teneur. Je le mis à sécher au dessus du feu. Lorsqu’il fut bien sec je le roulai et le plaçai dans la bouteille. Je fermai celle-ci d’un bouchon imprégné de cire d’abeille. Je la scellai ensuite de cette même cire.

Impatient, je m’en fus à travers l’île pour gagner le côté sous le vent. J’attendis la pleine mer et je jetai le fruit de mon imagination le plus loin possible en formulant un vœu. Je me jetai à genou sur le sable et priai. En me relevant, je maudis mon inconséquence d’avoir détruit les autres bouteilles. Plein d’espoir je regagnai mon abri. Longtemps j’ai espéré, et puis, petit à petit, avec la déception, la mémoire de mon geste de détresse s’est estompée. Elle me revient aujourd’hui avec votre demande. »

Histoire de la bouteille et du message : la bouteille, trimballée par les courants, poussée par le vent a du errer à travers les océans jusqu’au jour ou elle a été trouvée en 1922 par Pacôme Tell  un enfant qui jouait sur la rive suisse du lac Leman à la hauteur de Lausanne. Il l’a portée à son père, Jérémie Tell, qui l’a débouchée, a lu le message, a compris la valeur de l’objet, l’a rebouchée, l’a mise dans le coffre d’une banque suisse, jusqu’au moment où, le Marquis d’Eliran, précédé de sa réputation de collectionneur la lui a achetée pour plusieurs centaines de francs suisses. Jérémie Tell a préféré garder l’anonymat, on le comprend. Cette jolie pièce a cependant subi quelques dommages : entreposée dans une baignoire du château elle a été victime d’une inondation provoquée par un robinet mal fermé. C’est ce qui explique la mauvaise lisibilité du message.

Il subsiste cependant un mystère incomplètement éclairci : comment la bouteille a-t-elle pu passer de la mer au lac Leman ? Parmi les hypothèses avancées par les savants du monde entier qui se sont penchés sur la question, la plus probable est celle qui explique les pluies de sang et de grenouilles. Une tornade passant au dessus de la bouteille l’a aspirée, ensuite de violents courants d’air ascendants l’ont transportée dans un nuage d’orage qui a voyagé jusqu’en Suisse. L’orage a éclaté au dessus du lac laissant tomber ses grêlons et la bouteille.

Pour être honnête, il est de notre devoir de signaler que d’aucuns restent sceptiques devant cette explication. Ils préfèrent une autre hypothèse plus vraisemblable.


Publié le samedi 8 septembre 2018

Un pet de Louis 14

Origine de l’objet : Louis XIV ( 1638 – 1715 ), pourvu abondamment de légumes et de fruits par son jardinier La Quintinie, se gavait de ces produits. C’est probablement ce qui explique en partie sa longévité par rapport aux autres monarques qui se nourrissaient principalement de viande. En contre-partie il produisait des selles énormes, que ses médecins examinaient chaque matin, et des pets plus ou moins odoriférants et bruyants, qu’il dégageait à tout bout de champ et à tout propos. Mêlées à son odeur corporelle d’homme sale, leurs effluves incommodaient fort les nouveaux venus. Ils finissaient par s’habituer. Et puis le fait d’être auprès du roi compensait largement les désagréments olfactifs. Au bout d’un moment, leur félicité courtisane les poussait à dire que le roi sentait bon.

Louvois, ministre de Louis XIV à partir de 1677, lui rendait compte journellement de son travail. La rencontre avait lieu à l’abri des oreilles indiscrètes dans un petit cabinet du château de Versailles, voisin de la chambre du roi. La pièce, relativement petite, était vite saturée d’odeur de pet. En 1683, Louvois, qui n’appréciait que l’odeur de ses propres pets, pour son confort, s’amuser et se faire bien voir, tint à peu près ce langage au souverain, avec toutes les précautions nécessaires, car si l’on peut exprimer librement son opinion sur les pets de nones, on ne parle pas impunément des pets de son roi, si on ne le flatte pas, surtout quand il est absolu :

« – Majesté, votre sire a une façon extraordinaire de faire des vents. Toutes les cours d’Europe sont admiratives. Votre ennemi, le roi d’Espagne, Charles V vous envie. Il voudrait, comme vous, parfumer son palais, l’Escurial, de ses senteurs boyauteuses. Malheureusement pour lui, il n’en a pas les moyens, il ne mange pas assez de fruits et légumes verts.
– Louvois, c’est extraordinaire, je suis le meilleur. Je sais que le monde entier s’incline devant ma gloire, péteuse ou autre. D’ailleurs une de mes devises est flatulat nec merditur.
– Comme vous me l’avez dit un jour, je pense que vos flatulences royales sont des reflets de votre âme souveraine et qu’il est dommage que ces vestiges, odorants et précieux, mais invisibles, ne soient pas conservés pour être légués à la postérité. Peut-être qu’un jour la science permettra de lire dans ces vents d’une grandeur absolue, conservés précieusement, les messages universels que vous délivrez au monde. Votre confesseur, ne pourra qu’approuver cette idée.
– Foin de mon confesseur. Ce n’est pas mon conseiller. Je n’ai pas à lui permettre de s’opposer à mon bon vouloir. Qu’il me confesse, c’est tout ce que ma majesté lui permet, dit le roi sèchement, indisposé par l’idée de partager son pouvoir, même avec une éminence de l’église. Que proposez-vous à ma grandeur Louvois.
– Et bien majesté, voilà. Vous connaissez la solution. Vous pourriez par exemple vous retenir de péter pendant que nous sommes ensemble afin d’accumuler une grande quantité de vos gaz souverains. A la fin de notre réunion, l’un de vos médecins, Diafoirus par exemple, ferait passer à l’aide d’un boyau de porc en partie rigidifié par l’amidon, vos émanations directement de leur royale origine vers une bonbonne.
– Quelle excellente idée. Je n’en ai que de cette sorte. Toutefois je ne suis pas d’accord pour le porc, ce n’est pas assez noble pour toucher mon fondement.
– Vous avez raison sire. Pensez à la plus belle conquête de l’homme.
– Tout à fait, du boyau de cheval voilà ce qu’il nous faut. Je vous remercie Louvois. Pour vous récompenser de me rappeler à quel point je suis grand, je vous fais marquis de Bras de Feuille.
– Merci Sire.
– Nous commencerons à partir de demain. Vous ferez en sorte, qu’à part Diafoirus, personne ne soit au courant. Il y a des espions partout.
– Oui Sire ».

Et c’est ainsi qu’à partir du 29 mars 1683, chaque matin après la rencontre Louvois-Louis XIV, le docteur Diafoirus, utilisant un boyau de cheval en partie rigidifié par de l’amidon, transvasa le fruit venteux des entrailles royales dans une bonbonne, à la grande satisfaction de Louvois qui put respirer librement.

Ces opérations de conservation ne durèrent qu’un an, au grand dépit du ministre, qui dut à nouveau supporter la puanteur royale. Les trois cent-soixante-cinq bonbonnes obtenues furent étiquetées, hermétiquement fermées avec des bouchons de liège, scellées à la cire à cacheter marquée du sceau royal. Tout fut réalisé afin que l’esprit du roi ne puisse pas fuire et soit conservé dans son intégrité jusqu’à l’ouverture des récipients par les générations futures. Sur l’ordre du souverain, les bonbonnes, manipulées religieusement, furent entreposées dans les combles de l’aile nord du château. Ils furent condamnés afin que nul ne puisse éventer le secret du trésor qu’elles renfermaient.

Histoire de l’objet : l’été 1949 fut caniculaire. Les combles du château chauffèrent énormément. Sous l’action de la chaleur, les gaz contenus dans les bonbonnes se dilatèrent et celles-ci, qui n’étaient pas conçues pour résister à de telles pressions commencèrent à exploser. Le conservateur du château d’alors, Hughes de la Chèze, inquiété par le bruit des explosions fit ouvrir les combles de l’aile nord, que personne n’avait visités depuis qu’ils avaient été condamnés en 1684. Il fit descendre, pour les rafraîchir, les trente sept bonbonnes qui n’avaient pas explosé.

Il rendit compte à son ministre de tutelle. Celui-ci l’exhorta à taire sa découverte et à détruire les bonbonnes pour ne pas ternir la réputation de Louis XIV, le Roi-soleil,  avec des histoires de pets.

Hughes de la Chèze, par curiosité, après avoir brisé la cire marquée du sceau du roi, déboucha un des récipients et sentit. Le gaz qui se trouvait à l’intérieur ne sentait plus rien. L’esprit du roi s’était évanoui. Même avec des méthodes modernes, on ne pourrait plus connaître les reflets de l’âme de Louis XIV. Il fut déçu. Il lui restait encore 36 bonbonnes.

Il avait une maîtresse qui lui coûtait cher. Il voulut tirer partie financièrement de sa trouvaille sans déplaire à son ministre. Pour cela il invita des collectionneurs d’objets historiques, dont le marquis d’Eliran qu’il connaissait bien, et des antiquaires véreux à une vente aux enchères improvisée organisée à la dérobée dans un entrepôt du marché aux puces à Saint-Ouen.

Le marquis d’Eliran se fit adjuger la bonbonne datée du quatorze juillet 1683 pour la somme de quinze mille francs d’alors ( trois cents euros d’aujourd’hui ). Il l’emporta dans son château et la plaça sur la cheminée de la salle de réception à côté de la statue en pied de son ancêtre, Valéry Gisplar Déteint, premier marquis d’Eliran ( 1152-1306 ). On ne sait pas à qui furent adjugés les autres bonbonnes de pets.

Quant au conservateur, la vente fut globalement positive pour lui, puisqu’il en tira la valeur de neuf mille euros net, avec lesquels il offrit un manteau de vison, un couple de rats blancs et deux chats angoras sans poil  à son amante, allergique aux poils de chat.

A la mort du marquis, son fils emporta sur une brouette* la grosse bouteille et son contenu, avec divers objets, pour l’exposer ici.

*Malheureusement ce jour-là il pleuvait à torrent, et l’étiquette qui attestait l’origine royale des pets contenus dans la bonbonne se décolla. Jésus Pierre Ponce de Montrou qui pensait à autre chose ne s’en aperçut pas et l’étiquette fut perdue pour la postérité. Mais vous pouvez nous faire confiance, les tests ADN des pets ont levé toute ambiguïté.


Publié le vendredi 24 août 2018

Les dents de lait de Granchâteau

 

Origine des objets : Abel Victor, Comte de Granchâteau (1765-1869) a vécu à Saint-Malo jusqu’à ce que sa famille emménage en 1774 au château de Chaudbourg dans la région de Nantes, acquis en 1761 par son père. Le jeune Abel Victor est alors âgé de neuf ans. Phénomène assez rare pour un enfant de son âge, il n’a pas encore perdu ses dents de lait. Il n’en parle pas dans ses Mémoires d’outre Rhin. Pour l’aguerrir, son père le fait coucher dans une pièce isolée du grand château médiéval, assez sinistre, surtout la nuit. Le futur écrivain sentimental, sensible et impressionnable a peur. Il a froid. Il claque des dents ce qui déclenche la chute de ses dents de lait qui tombent une à une.

Au fur et à mesure de leur chute il enferme successivement chacune d’elles dans un mouchoir noué, puis il place le tout sous son oreiller dans l’espoir de faire venir la P’tite Souris*. Effectivement, la P’tit Souris vient pendant qu’il dort. Elle emporte la dent sans dénouer le mouchoir ce qui surprend l’enfant, mais elle ne laisse pas un rond. Abel Victor est déçu, lui qui pensait acheter des sucres d’orge à sa sœur Lucile avec l’argent que le petit rongeur aurait normalement dû apporter. Il conclut qu’il est mal tombé ou que celui-ci est particulièrement pingre.

Toutes les dents de lait étant tombées en peu de temps, ses dents définitives purent toute pousser presque simultanément ce qui lui fit très mal. Il pleura beaucoup. Puis il eut honte de ses pleurs et se força à oublier cet épisode peu glorieux de sa vie. C’est grâce à la correspondance d’une domestique du château, Pénélope Toimem à son frère de lait Anselme Faich que ces détails de l’enfance du vicomte sont connus.

Histoire des dents : en 1961, le Marquis d’Eliran, qui a lu la correspondance de Pénélope et Anselme ( correspondance publiée en 1903 aux éditions du Trou Vert à Saint Nom la Bretèche sous le titre Correspondance amoureuse, aventureuse et curieuse de Pénélope et Anselme ) réussit à se faire inviter au château de Chaudbourg par les descendants de l’écrivain. Convié à séjourner une semaine il s’incrustera pendant presque un mois, jusqu’à ce qu’il déniche ce qu’il était venu chercher.

Il avait dans l’idée que la P’tite Souris ne mangeait pas les dents de lait des petits enfants, mais qu’elle les cachait soigneusement quelque part pour les conserver comme talismans de protection contre les chats. Il disait que c’est ce qu’il aurait fait s’il avait été P’tite Souris. En effet, il était très superstitieux. Par exemple, il faisait très attention à ne pas se faire pipi sur les chaussures car, disait-il, cela attirait le mauvais œil.

Il fouinait autour et alentour de la chambre de Granchâteau enfant, lorsqu’il repéra, au raccordement de la rambarde de pierre et du sol de la galerie qui donne accès à la pièce, un petit trou rond obturé par du mortier. En le grattant avec une lime à ongle il mit à jour l’ouverture d’une galerie qui ne pouvait être que la demeure de la P’tite Souris. En y fourgonnant avec un fil de fer, miraculeusement il fit sortir les fameuses dents de lait. Elles étaient intactes. Il s’empressa de les mettre dans un des piluliers qu’il gardait toujours dans ses poche.

Le lendemain de cette découverte, il quitta Chaudbourg sans dire merci, pour mettre sa précieuse découverte à l’abri dans une fissure d’un mur de son château. Après que celui-ci ait été débarrassé de tout ce qu’il contenait par le nouveau propriétaire, une star du chaud bise, le fils du marquis visita subrepticement la demeure et fureta avec une lampe à UV, dans le but de trouver des vestiges qui avaient échappé aux nettoyeurs. Bien lui en prit car il aperçut les dents qui brillaient dans l’obscurité d’une crevasse murale où son père les avait entreposées des années plus tôt. Il les récupéra pour les exposer dans notre musée.

Grand merci à Hugues Édouard Geoffroy Gonzague de Montrou, Marquis d’Eliran (1875-1982) de nous avoir montré de façon tout à fait scientifique, à la manière d’un archéologue, que la P’tite Souris ne mange pas les dents de lait des petits enfants qu’elle va chercher sous leur oreiller, mais qu’elle les conserve soigneusement comme porte-bonheur.

Remarque : bien que l’immense écrivain Abel Victor, Comte de Granchâteau ait écrit son œuvre pendant la période historique contemporaine, nous avons tenu à ranger ses dents de lait dans la période moderne à cause de la date de leur chute.

* Comme le Père Noël, la P’tite Souris est une tradition de pauvre. Les enfants de parents pas riches nouent leurs dents de lait tombées, dans un mouchoir qu’ils placent sous leur oreiller. La nuit la P’tite Souris vient remplacer la dent, sans dénouer le mouchoir, par une pièce de monnaie qu’elle a tiré subrepticement d’un porte-monnaie de riche. La valeur de la pièce est d’autant plus grande que l’enfant est plus pauvre

La P’tite souris n’apporte pas d’argent chez les gosses de riches, c’est pourquoi Abel Victor n’a pas eu de pièce. Pour que les rejetons de ces familles ne soient pas malheureux, les parents, quand ils y pensent, la remplacent. Les parents de Abel Victor qui n’étaient pas pauvres ne connaissaient pas cette tradition, cela explique que le malheureux enfant n’a pas eu de sou quand il perdit ses dents.

Les parents riches qui se substituent à la P’tite Souris, en général, ne font pas si bien. D’abord ils mettent trop d’argent, ensuite ils manquent de discrétion, si bien que souvent ils réveillent leur progéniture, alors le charme est rompu et la marmaille piaille.

Comme le Père Noël, la P’tite Souris a un rôle redistributeur. Elle donne aux pauvres ce qu’elle a pris aux riches. Ceux-ci détestent Père Noël et P’tite souris qu’ils soupçonnent d’être communistes et de donner ainsi de mauvaises idées aux enfants de pauvres.


Publié le vendredi 10 08 2018

L’autre Joconde

L’autre Joconde

Origine de l’objet : à Florence, en 1503 le Florentin Francesco del Giocondo commanda à Léonardo da Vinci ( 1452-1519, en Français Léonard de Vinci ) un portrait de sa femme Monna Lisa Gherardini. Entre 1503 et 1506, celui-ci peignit successivement deux tableaux sur du bois de peuplier. Dans le premier qui a été exécuté, celui du Louvre, on voit le visage, plutôt rond, de la Joconde tourné vers la gauche. Il exprime une certaine satisfaction, peut-être même du bonheur. Dans le second, celui du musée d’Eliran, son visage est tourné vers la droite et il s’est allongé. Il reflète une certaine tristesse ou mélancolie.

On comprend la différence de sentiments que Léonard de Vinci a voulu exprimer dans ces deux tableaux, puisque pendant la confection du premier Mona Lisa était enceinte, alors qu’elle était en deuil de son chat, mort horriblement, écrasé par une chaise à porteurs, pour le second. Une observation attentive des deux images permet de corroborer ces deux états de la femme. Sur la première, la tête est couverte d’une fine résille, signe de richesse et de joie, alors que les cheveux sont masqués par un tissu épais et noir sur la deuxième.

Dans la forme, les deux portraits sont traités presque de la même façon. Même pose, même regard tourné vers le spectateur, l’un heureux, l’autre triste, même sourire plus ou moins énigmatique, même sfumato, même paysage brumeux irréel finement dessiné. Quelques détails diffèrent cependant. Alors que sur le premier les montagnes situées à droite ne se raccordent pas avec la partie gauche, sur le deuxième un lac couvre toute l’étendue de l’arrière plan et la rivière coule des deux côtés du visage. Toute cette eau symbolise probablement le déluge de larmes versé par Mona Lisa après qu’elle eût appris l’affreuse nouvelle.

Bien que le second tableau ait la même taille ( 77 X 53 cm ) que le premier, le second peut paraître plus moderne, plus photographique. En effet, tout en changeant la pose, on dirait que Léonard de Vinci a resserré le cadrage de son premier portrait comme le ferait un photographe aujourd’hui pour concentrer le regard sur le sujet.

Les études scientifiques, radiographiques et sous différents rayonnements, montrent que la deuxième œuvre a été peinte très rapidement, sans repentirs, par touches assez épaisses en utilisant beaucoup de blanc de plomb alors que la première a été revue pendant une très longue période ( 17 ans peut-être, de son départ de Florence à sa mort ) par petites touches très légères et précautionneuses, sans presque utiliser de blanc..

Ceci montre le génie de Leonardo da Vinci. Il était capable de peindre très vite ou très lentement pour obtenir sensiblement le même résultat.

 

Histoire du tableau : après avoir peint le premier portrait, Léonardo en tomba amoureux, il ne voulut pas la livrer à son commanditaire qui lui avait en partie payé le travail. Pour le dédommager, il peignit rapidement un second tableau et le remit à Francesco del Giocondo. Celui-ci l’accepta du bout des lèvres. Il se sentit lésé et lorsque le riche florentin Arturo Concini, grand admirateur du peintre le supplia de lui vendre l’œuvre, il la lui céda sans hésiter.

Quand Concino Concini, l’arrière-petit-fils d’Arturo vint en France avec Marie de Médicis, il apporta le tableau dans ses bagages. Après son assassinat en 1617 par Vitry, capitaine des gardes de Louis XIII, ses biens furent confisqués par le roi. L’autre Joconde, que le roi n’aimait pas, fut placée dans un placard situé dans les combles du Louvre.

Elle y restera jusqu’à la révolution quand un sans-culotte amateur d’art, Yves Eupas, qui furetait partout dans le bâtiment, trouva le trente octobre 1792 le tableau plutôt empoussiéré. Il l’emporta chez lui, au trente six de la rue de la Grange aux Belles à Paris, pour le montrer à sa femme. Elle le trouva beau, le dépoussiéra, l’accrocha au-dessus de la cheminée de salle à manger et le montra aux commères du quartier pendant la terreur.

L’une d’elles, Marie Patro, pour s’accaparer le tableau, dénonça, grâce à la loi des suspects, les Eupas au Commissaire de la République du quartier comme étant contre-révolutionnaires. Elle profita de leur guillotinage le six juin 1793 pour s’emparer du tableau qu’elle enveloppa dans un torchon. Dans la rue, un mendiant qui mourait de faim, croyant qu’elle transportait une tarte sous son torchon, la massacra à coups de marteau et s’empara de l’objet. Déçu, lorsqu’il se rendit compte que le torchon ne contenait que de la peinture sur du bois, il chercha cependant à en tirer parti. Il alla voir le curé de l’église Sainte Eulalie pour lui vendre le tableau en lui affirmant que c’était un portrait de Sainte Eulalie. Le curé n’en crut pas un mot, mais lui offrit un bon repas en échange de l’œuvre d’art après s’être exclamé : « Oh ! là là ! C’est Eulalie ! ». En attendant des jours meilleurs, il cacha le tableau au fin fond d’une armoire à glace de la sacristie.

Le vendredi 13 mars 1794, il fut guillotiné comme prêtre réfractaire et son église fut transformée en réserve à fourrage et à matériel pour l’armée. La sacristie logea un officier qui fouina  partout pour trouver des objets consacrés en métal précieux et les vendre à son profit. Il trouva l’autre Joconde et la soumit à Barras ( vicomte de ) qui lui acheta deux Louis d’or le premier avril 1794. Celui-ci l’accrocha dans son salon où elle resta jusqu’à sa mort.

A partir de ce moment, on perdit la trace de l’autre Joconde. Puis un collectionneur d’art dépourvu de scrupule la découvrit par hasard, en avril 1923, dans le petit musée provincial de Brise Compte Ropbert qu’un agriculteur alcoolique, dénommé Vertu Boit, venait de créer. Il paya deux malfrats de Pigalle, qui avaient l’habitude de lui procurer des œuvres d’art à bon marché, pour qu’ils volent l’autre Joconde. Malheureusement pour eux, le musée de Brise Compte Ropbert fut l’un des premiers musées à être équipé d’un système d’alarme antivol. Les voleurs furent arrêtés avec le tableau entre les mains, par deux gendarmes, le douze mai 1923.

Le brigadier de gendarmerie Augustin Laballe, qui avait quelque goût pour l’art reconnut la Joconde dont l’image a souvent été reproduite dans les journaux. A bout de ressource pour soigner sa femme phtisique et nourrir ses dix-neuf enfants, il subtilisa le tableau dans l’espoir d’en tirer profit et le remplaça subrepticement par une vague croûte qu’il peignit en vitesse. Le paysan, conservateur du musée, constamment saoul, ne s’aperçut pas de la supercherie. On ne sut pas ce que devinrent les deux voleurs, mais en 1987 un agriculteur trouva deux squelettes dans l’un de ses champs où il creusait une piscine.

Le nouveau voleur mit une annonce le seize mai 1923 dans le Petit Parisien, journal quotidien qui paraissait à Paris et dans quelques villes de province. Il y décrivit le tableau comme étant une copie de la Joconde du Louvre, mais à l’envers. Le marquis d’Eliran lut par hasard l’annonce dans un petit bistro de Garges-lès-gonesse. Il se déplaça à Brise Compte Ropbert pour voir. Il reconnut la patte de Léonardo Da Vinci. Il soumit le brigadier de gendarmerie à un chantage : « si vous ne me vendez pas bon marché ce tableau, je vous dénonce comme receleur ». Pris à la gorge, le gendarme, obtint seulement une thune d’argent pour prix de son crime. Cette somme étant insuffisante pour soigner sa femme et nourrir ses enfants, de désespoir il se suicida en se frappant le crâne à coups de crosse de son arme de service. C’était un bon fonctionnaire. Un reste d’honnêteté l’a empêché d’utiliser une balle payée par l’état.

Le marquis d’Eliran emporta le tableau dans son château et l’accrocha dans une salle de bain, un des lieux les plus secs de sa demeure car personne ne s’y lavait jamais. C’est là que le  fils le trouvera à la mort de son père. Il l’emportera, le fera expertiser scientifiquement par les savants de la faculté de Sannois, qui concluront à l’authenticité de l’œuvre. Il accrochera cette rareté dans son musée pour que vous puissiez l’admirer ici.

Malheureusement, à force de contempler l’image de cette belle femme triste, le marquis a fini par perdre les pédales. Il est tombé amoureux du modèle. Il n’a pas pu supporter l’idée que Mona Lisa au doux nom, soit morte depuis presque cinq cents ans. Il a refusé l’idée qu’elle ait pu vieillir, mourir, pourrir, s’effacer définitivement. De désespoir, à quatre-vingt un ans, il fit sa trente-troisième tentative de suicide le premier avril 1999.

Voilà la rocambolesque et sanglante aventure de l’autre portrait de la Joconde, que vous admirez ici, là, frère de celui qui est exposée au Louvre.

Les mauvaises langues et les jaloux soutiennent que Léonardo da Vinci n’a jamais existé et que, par conséquent, il n’a pas pu exécuter un autre peinture de Mona Lisa.


Publication du 27 juillet 2018

L’os du pénis de Henri IV

Origine de l’objet : Henri IV ( 1553-1610 ) se promenait en carrosse dans Paris lorsqu’il a été assassiné par Ravaillac dont le Larousse nous dit que c’était “un détraqué fanatique”. La réalité est toute autre. Si Ravaillac était bien un détraqué sa motivation n’était pas celle que l’on a dite. En effet Henri IV était un étalon infatigable. Il avait la particularité, tout à fait exceptionnelle, partagée avec la loutre de mer, d’avoir un os dans le pénis qui était turgescent en permanence. Et il s’en vantait, si bien que la rumeur est arrivée aux oreilles de Ravaillac, qui, lui, était impuissant. Par une aberration mentale difficile à comprendre, il décida un jour de 1609 de voler cet os pour le réduire en poudre et l’avaler en espérant qu’il repousserait au bon endroit et lui donnerait la vigueur qui lui manquait ( une sorte de médecine chinoise ).

Pour réussir son coup il guetta les déplacements du roi pendant plusieurs mois jusqu’à ce 14 mai 1610 où il repéra son carrosse qui sortait du Louvre et qui était bloqué par un embouteillage au coin de la rue de la Ferronnerie et de la rue Saint Nicaize. Il sauta alors sur le bon roi Henri, lui plongea son poignard dans le cœur pour le neutraliser et aussitôt après il lui coupa ses vêtements pour s’emparer de l’objet de sa convoitise en l’extrayant avec son poignard. Le coup réussi, il s’apprêtait à s’enfuir lorsqu’il fut interpellé par les garde du roi. Le bon peuple qui se trouvait là ne vit que la main gauche ensanglantée et l’autre tenant un poignard.

Immédiatement emprisonné et soumis à la question, Ravaillac expliquait son geste, lorsque l’un des aides bourreaux vit que la main ensanglantée était crispée sur quelque chose. Il la força et recueillit discrètement dans la pénombre qui régnait dans la salle de torture cet os que vous voyez aujourd’hui.

Le tribunal, qui délibéra à huis clos, condamna Ravaillac au sort réservé aux régicides, l’écartèlement. Ce tribunal, composé essentiellement de gens d’église, ne voulut pas divulguer la réalité des motifs de l’assassinat d’Henri IV pour deux raisons. D’abord, l’os dans le pénis du roi ne pouvait être que l’œuvre du diable pour le damner et damner ses maîtresses. Ensuite, tuer un roi pour lui voler son os, même situé dans le pénis ne faisait vraiment pas sérieux, manquait de grandeur. Aussi ce tribunal fit passer Ravaillac pour un terroriste fou d’extrême droite, ce que les historiens répètent et que nous apprenons à l’école.

Histoire de l’objet : Le bourreau qui avait subtilisé l’os le glissa subrepticement dans une poche de son vêtement et le soir l’enterra dans son jardin, dans une bouteille à large goulot pour ne pas le salir. Ensuite il contacta Mademoiselle de Beaujolais, car elle lui parut riche et accessible. C’était une belle jeune femme de la cour qui recevait le roi en cachette lorsqu’il était prêt à exploser, ce qui arrivait souvent. Après quelques tractations le voleur lui vendit l’os pour vingt mille euros. Elle garda l’objet pour son usage personnel jusqu’à ce qu’elle eut trouvé un nouvel amant pour la satisfaire. Alors elle mit l’os avec une lettre d’explication dans un coffret d’argent scellé qu’elle fit enterrer dans la cave de son hôtel particulier par ses domestiques. Puis elle l’oublia.  Un ouvrier le trouva en 1861 lors de la démolition de certains quartiers de Paris par le Baron Haussmann. Ce dernier s’appropria le coffret et son contenu moyennant une petite récompense donnée à l’inventeur du trésor. Un de ses héritiers vendit l’os au Marquis d’Eliran en 1908 mais garda la lettre et le coffret. Les précautions prises pour maintenir cette royale relique à l’abri de l’air au cours de son voyage dans le temps expliquent son état de conservation exceptionnel.



Salle n° 3

Le Moyen Age

( 476 fin de l’empire romain – 1453 prise de Constantinople ).

Présentation

 Hugues Édouard Geoffroy Gonzague de Montrou , Marquis d’Eliran (1875-1982) n’a pas pu, comme tout un chacun, visiter le Moyen Age car ce n’est pas possible, comme chacun sait. Cependant cette époque l’a vivement intéressé parce qu’il paraît que dans les familles pauvres, qui étaient en majorité, tout le monde couchait dans le même lit, ou plus précisément sur la même paillasse. Il aurait bien aimé voir ce qui se passait l’été, quand il faisait bien chaud, et que tout le monde dormait tout nu. L’hiver l’intéressait aussi lorsqu’il imaginait tous les membres de la famille serrés les uns contre les autres à cause du froid. Il pensait que le printemps devait être une grande source d’activité nocturne et diurne lorsque la sève se remettait à couler dans les troncs et les tiges. Seule, la pensée de l’automne le laissait indifférent.

En conséquence de quoi il aimait bien tripoter des objets qui avaient vu le Moyen Age pour raviver ses fantasmes médiévaux et se faire plaisir. Son amour de cette période a cru avec l’âge et lui a permis de se maintenir en forme jusqu’à sa mort à 107 ans.


Un fil du manteau de Saint Martin

Avertissement : L’existence de Saint Martin ( 316-397) est presque entièrement située avant le début du moyen-âge ( 395, partage de l’Empire Romain, fin de l’antiquité ). Sciemment,  le marquis d’Eliran a tenu à placer l’objet dans le moyen âge car l’esprit du manteau est davantage médiéval qu’antique.

Origine de l’objet : En l’hiver 336 Dieu interpella Belzébuth, ange facétieux, en ces termes : « Belzébuth ! A ma botte !
– Oui sire, oui mon maître, enfin je voulais dire oui Dieu.
– Regarde sur la terre, là, dans les Apennins, tu vois sur le chemin enneigé, ce jeune chef de la garde impériale avec ses hommes. Il est en train d’inspecter les postes de surveillance de l’armée romaine.
– Oui chef ! fit Belzébuth en imitant une jeune recrue à l’instruction s’adressant à un sergent-chef de l’armée états-unienne.
– Fais pas l’andouille, Bébel, écoute. Il s’appelle Martin. Fais bien attention à ce que je vais te dire. Il n’y a pas qu’un âne qui s’appelle Martin. Pour les hommes, c’est pareil. Il ne faudra pas te tromper, alors repère-le bien.
– Oui chef !
– Bébel tu m’agaces ! Arrête ou je vais te faire faire un tour en enfer !
– Oui mon Dieu.
– Bon, alors, ce Martin là me semble être un brave type qui fera une bonne recrue pour nos religions. J’aimerais en être sûr. Tu vas descendre sur terre et tu vas le mettre à l’épreuve.
– De quelle façon ?
– Cela m’est égal. Cherche. Je fais confiance à ton ingéniosité pour trouver un coup tordu pour voir s’il est aussi sympa qu’on le dit.
– Quand ?
– Tout de suite ! Tu as un chef, une mission, et des moyens surnaturels à ta disposition. Alors exécution ! »

Belzébuth, dit Bébel, dans le ciel, à l’imagination fertile, se matérialisa en un pauvre homme chenu, vêtu seulement d’un slip Petit-Bateau en loques. Il s’assit dans la neige en grelottant, sur le passage du gradé Martin de l’armée romaine. Celui-ci l’aperçut, s’approcha et s’adressa à lui, doucement, en ces termes : «  Que fais-tu là, assis dans la neige et grelottant, ô noble vieillard ?
– L’armée a pris mon fils, violé ma fille, tué ma femme, emporté nos provisions et brûlé ma maison. J’espère mourir de froid, là, sur le bord de la route, rapidement, avant la tombée de la nuit, afin que les loups ne me dévorent pas vivant.
– C’est bien triste ! Pauvres bêtes ! Tu n’as donc pas de cœur ! Et Martin, pas encore saint, dégrafa la fibule de son manteau. Il saisit son épée et coupa le vêtement en deux parties rigoureusement égales pour ne pas avoir l’air mesquin. Il descendit de cheval et entortilla le vieillard dans l’un des morceaux de tissu.
– Merci beaucoup beau sire, lui dit Bébel avec respect en rigolant intérieurement.
– Ne me remercie pas, c’est tout naturel. Surtout, tu gardes ce vêtement sur toi. Il te réchauffera et permettra de te maintenir en vie un peu après la chute du jour. De cette façon, les loups auront de la viande chaude à se mettre sous la dent ».

Ceci dit, le gradé Martin remonta sur son cheval, content de son geste de petit soldat, protecteur de la nature. Les hommes qui l’accompagnaient, par respect, s’étaient tenus à l’écart de la scène. Ils n’avaient vu que des gestes et entendu que des bribes de la conversation qui s’était tenue à voix basse. Ils crurent que leur chef agissait par charité envers le vieil homme. Ils le prirent pour un fou et racontèrent partout ce qu’ils avaient vu. La nouvelle se répandit rapidement dans toute l’Europe et le gradé Martin devint rapidement une star parmi les chrétiens.

Histoire de l’objet : Belzébuth, sa mission terminée s’éleva tel quel vers le ciel, pour rendre compte à Dieu, son chef. Arrivé au voisinage de la lune, il s’aperçut que, par étourderie, il ne s’était pas dématérialisé et avait gardé le morceau de manteau de Martin sur son dos. Pour ne pas se faire morigéner ( il était interdit d’apporter des objets humains dans le ciel ), il le jeta sur notre satellite en se disant que personne ne le trouverait là. L’objet tomba dans l’Océan des Tempêtes.

Bébel relata à Dieu ce qui s’était passé, en insistant sur le fait que Martin se moquait bien de la souffrance des hommes. Dieu qui a des idées préconçues et qui n’entend que ce qu’il veut lui dit : « tu as dû mal comprendre ». Intérieurement, il se dit : « un homme qui aime les animaux en général et les loups en particulier ne peut être tout à fait mauvais. Je m’arrangerai pour en faire un saint. Il en faut ».

Le 14 novembre 1969, Pete Conrad et Alan LaVern Bean posent le lem de la mission spatiale Apollo 12 dans l’océan des Tempêtes. L’équipage reste 31 heures et 31 minutes sur la Lune et mène à bien deux excursions d’un total de 7 heures et 45 minutes. Les astronautes parcourent 2 km à pied et s’éloignent jusqu’à 470 m de leur base. Ils mènent à bien des observations géologiques.

Avec les trente-quatre kilos de roches lunaires qu’ils rapportent sur terre se trouve un morceau de tissu trouvé par Conrad au cours d’une de ses sorties. Il est en parfait état, sans trace d’usure. Il est imprégné de poussières de l’espace Il est manipulé dans le plus grand secret. Après une quarantaine de soixante jours, il est soigneusement dépoussiéré, puis découpé en petits carrés d’un inch (un pouce = 2,55 cm) de côté. Sans que l’on révèle leur provenance, les échantillons sont dispersés dans différents laboratoires afin de déterminer l’origine probablement extraterrestre du tissu.

A la grande stupeur des responsables du programme Apollo les chercheurs du Laboratoire d’Etudes Vestimentaires de Sastuomo, en Italie, près de Modène prouvent que le carré de tissu provient du manteau de Saint Martin car ils possèdent dans leurs archives un échantillon de l’autre moitié de ce même manteau. La comparaison ne laisse aucun doute. Ils peuvent même dater la tonte de la brebis qui a fourni la laine (14 juillet 335), le filage et le tissage (15 août 335) et la confection du manteau (11 novembre 335). Ils ne sont pas arrivés à identifier les artisans qui ont confectionné l’article.

A partir de ce moment, les choses vont très vite. La Nasa informe les laboratoires de la nature des carrés de tissu qu’elle leur a fournis, sans toutefois divulguer qu’ils viennent de la lune, et demande à les récupérer. La plupart s’exécutent. Celui de Plucheville dans le Cotentin ne peut le faire, car un laborantin stagiaire originaire de Camembert (Seine Inférieure), a subtilisé l’échantillon. Connaissant l’origine quasi miraculeuse du tissu, il le détisse. Pour se faire un peu d’argent de poche, il vend les fils à l’unité à des collectionneurs d’objets historiques ou à des bigots persuadés qu’en se mettant à genou devant un bout de fil, ils iront au paradis. Onésime Martin de Saint Martin au Bosc (Seine maritime), descendant probable de Saint Martin, achète deux fils. L’un qu’il compte garder comme relique de son ancêtre, l’autre qu’il accroche à son chapeau pour voir la direction du vent.

Le 13 septembre 1971, alors qu’il se promène en Normandie à la recherche d’objets historiques extraordinaires, le marquis d’Eliran heurte fortuitement Onésime Martin dans la rue principale de Saint Martin au Bosc. Sous le choc le chapeau d’Onésime tombe sur le trottoir. Le Marquis se précipite pour le ramasser et dans la foulée, sous l’impulsion d’une force cosmique mystique qui lui insuffle une révélation divine inconsciente, il arrache le fil précieux à l’insu d’Onésime. Arrivé dans son château, le marquis entoure la laine autour d’une brosse à dents, dont il ne sert jamais. Puis il fait authentifier l’objet par Sahar Meritamabiladicoba, sage, rebouteux, guérisseur, voyant et devin auprès des membres de l’Assemblée Nationale de Poméranie.

C’est le fil que voici, que voilà, que voilà ici, que l’on voit là.


Publié le 29 juin 2018

Gland tombé sur la tête de Louis IX,
dit Saint Louis,
responsable de la huitième croisade

Le gland en or de Saint Louis

Origine de l’objet : en 1244 les musulmans reprirent Jérusalem aux chrétiens. Saint Louis (1226 – 1270), très pieux, entreprit donc une croisade, la septième, dans l’espoir de re-reprendre Jérusalem. Il partit en 1248 et revint en 1254 sans avoir réalisé son dessein. Aussi il était très triste et lorsqu’il rendait la justice sous son chêne, il ne pensait qu’à çà.

Petit à petit l’idée d’une huitième croisade germa dans sa tête couronnée. Il se confia à son entourage. La noblesse n’était pas très chaude, car elle avait l’expérience toute fraîche de la croisade précédente. Il y avait de bonnes et de mauvaises raisons pour rester bien au calme dans son château : il n’y avait plus rien à piller chez les musulmans qui savaient de mieux en mieux se défendre, dans ces régions on attrapait toutes sortes de maladie dont la peste, on en avait marre d’être cocu malgré les ceintures de chasteté, parce que les femmes et les serruriers …, et puis, argument suprême, Dieu avait autorisé les musulmans à revenir dans Jérusalem et n’avait pas permis à la septième croisade de reconquérir ce qui avait été perdu. Il n’était visiblement pas pour la reconquête, donc il y avait peu d’espoir de réussite pour une nouvelle campagne guerrière.

Saint Louis ruminait ces arguments sans vouloir se laisser convaincre. L’après-midi du 24 mars 1267, il rendait, comme d’habitude la justice sous son arbre. Il s’agissait de départager deux chevaliers banlieusards qui voulaient se marier avec la même femme, très belle, Isabelle du Tac au Tac, qui tenait une loterie du côté du château de Vincennes. Il faisait semblant d’écouter les doléances des deux personnages, mais en réalité il avait pris une ferme décision : « si dans moins de cinq minutes je reçois un signe du Ciel, j’entreprends la huitième croisade. Si pendant ces cinq minutes aucun signe ne m’est donné, j’en abandonne même l’idée ! ».

Or, à ce moment précis, un jouvenceau de la cour en quête d’une sottise à faire se promenait au voisinage du chêne où trônait le souverain. Il transportait en permanence dans ses poches des glands qu’il avait ramassés à l’automne précédent, pour les lancer sur la tête des manants qui travaillaient autour du château. Il aperçut le roi qui paraissait absorbé dans ses pensées. Il s’en approcha doucement sans se faire voir, et par manière de plaisanterie, il lança une poignée de glands dans la ramure qui surplombait Louis IX.

Celui-ci chronométrait mentalement le temps qui s’écoulait depuis sa résolution, lorsqu’au bout de deux minutes dix-neuf secondes, à quatorze heures dix sept très exactement, il sentit un léger choc sur sa tête, suivi d’une sorte de caresse qui s’arrêta contre sa couronne. Il s’écria en vieux Français : « çà y est, Dieu m’a exaucé, il est d’accord ». Puis il porta la main à sa royale chevelure et en retira un gland. Il se leva et s’écria en vieux français en tenant très haut le gland dans sa dextre : « voilà le signe que Dieu m’a envoyé. C’est miraculeux car au mois de mars, il y a belle lurette que les glands des chêne sont tombés. Il veut que nous allions en croisade délivrer la terre sainte. Allons nous préparer. Nous partirons dans trois ans ». Puis il se leva pour commencer les préparatifs*. Le gamin s’enfuit en courant sans savoir qu’il avait été la main du Dieu. Plus tard devenu grand il réalisa les conséquences d’une plaisanterie banale. Pour expier sa faute, il se fit moine et écrivit ses mémoires sous le nom de Père Nambouque que l’on peut consulter à l’abbaye de Palaiseau sur Bresle.

Le roi rentra au palais et fit venir son orfèvre favori à qui il demanda de fabriquer une cupule d’or pour y fixer le gland, signe divin. Il lui demanda aussi de prévoir quelque chose pour qu’il puisse attacher le bijou à sa chemise à la hauteur de son cœur. Ce qui fut bientôt fait. A partir de ce moment, la nuit, un héraut parcourut le palais en chuchotant, pour ne pas réveiller les dormeurs : « il est telle heure, soyez en paix comme le roi qui dort avec son gland sur le cœur ».

Le 2 juillet 1270, le roi s’embarqua** à Aigues-Mortes avec sa troupe pour se rendre à Tunis en passant par Carthage. Décidément , Dieu ne savait pas ce qu’il voulait. Le bien aimé souverain mourut de la peste devant les portes de Tunis le 25 août 1270, le gland sur le cœur.

Histoire de l’objet : Philippe III le Hardi (1245 – 1285), fils de Saint Louis, présent à la mort de son père, a récupéré sur le corps de celui-ci le gland et sa cupule d’or. Son confesseur lui conseilla de détruire l’objet en lui faisant valoir qu’il était maléfique. Ses arguments étaient les suivants : les glands tombent des chênes à l’automne, jamais au printemps et si Dieu avait été partisan de la croisade, il n’aurait pas laissé mourir un saint homme de roi qui voulait le servir. Le signe constitué par le gland ne pouvait être que l’œuvre du malin.

Philippe III confia donc le bijou à l’un de ses écuyers, de Saint Gratien, avec mission de brûler le gland et de faire fondre la cupule. Mais cet écuyer était cupide et il se dit qu’il pourrait en tirer un bon prix auprès des musulmans. Ceux-ci, et en particulier l’émir de Tunis, connaissaient l’histoire du gland. Ils pensaient que puisqu’il avait été défavorable aux chrétiens donc favorables pour eux, il ferait un fameux talisman, don d’Allah. En cherchant à le vendre, de Saint Gratien trouva vite un acquéreur chez les infidèles auquel il l’échangea contre dix pièces d’or. Le nouveau propriétaire proposa sa précieuse acquisition à l’émir de Tunis pour cent pièces d’or. Le potentat trouva le prix trop élevé. Il fit couper la tête du vendeur et eut ainsi le gland pour rien.

On perd ensuite sa trace jusqu’à la prise de la Smalah d’Abd el-Kader par le général Bugeaud en 1847 en Algérie. En fouillant dans le butin pris au chef rebelle le général trouva, ô miracle, le fameux gland de Saint Louis et sa cupule. En présence de son ordonnance, il se fit expliquer par l’une des nombreuses femmes de la smalah, l’histoire et l’origine de l’objet qu’elle connaissait grâce à la tradition orale, puis il mit celui-ci dans sa poche, sans autre forme de procès, où il l’oublia.

Son ordonnance, avant de donner la tenue de son général au teinturier en fit les poches, trouva la relique, revint en France en permission en1849, donna le bijou à une petite amie, Flora des Pâquerettes, en lui racontant à son tour ce qu’il en savait. Pour le prix du cadeau il lui fit un enfant puis il repartit en Algérie où il mourut dans le désert, piqué par un scorpion. Son fils, Léon, naquit le premier avril 1850, ce qui explique en partie ce qu’il est devenu par la suite. Flora était femme de chambre chez le comte de Bécon les Bruyères qui ne pouvait pas sentir les enfants de ses domestiques dont il n’était pas le père. Elle mit donc Léon en nourrice, paya sa pension pendant un certain temps, se maria avec le palefrenier de la maison, mit au monde un certain nombre d’enfants, dont le comte s’attribua moralement la paternité, et oublia Léon.

Né un premier avril, élevé à la diable, sans moralité, Léon ne pouvait être que maquereau, métier qu’il exerça avec conscience et application en surveillant ses gagneuses qui travaillaient dans les jardins du Louvre. C’est en exerçant ses fonctions qu’il rencontra, en 1904, le Marquis d’Eliran qui venait « faire dégorger le poireau » comme celui-ci le disait, avec son élégance habituelle. Les deux hommes qui n’avaient rien en commun sympathisèrent pourtant. Le Marquis expliqua ce qu’il faisait dans la vie. Léon se rappela que, lorsqu’il était tout petit, sa mère venait le voir chez la nourrice avec le gland de Saint Louis monté en broche. Elle lui avait conté plusieurs fois l’histoire du bijou pour l’amuser. Il en parla au Marquis qui fut intéressé et se mit en quête de la mère de Léon, qui, après avoir tué son mari à coup de sabot de cheval avait fini par épouser le comte. Le marquis les retrouva tous les deux dans un hôtel particulier de la Cité des fleurs au bas de la butte Montmartre. Ils vivaient largement du trafic de blanc de baleine. Le comte prit le marquis en amitié et lui offrit le gland de Saint Louis en échange d’un bon repas au restaurant de la Reine Pédauque en face de la gare Saint Lazare. Comme d’habitude le marquis d’Eliran, tout joyeux, emporta l’inestimable trésor dans son château. Il le plaça dans une vitrine en palissandre et bouleau près du hall d’entrée avec le numéro 3 333. Les parois du meuble étaient percées de trous ronds de taille suffisante pour voir les objets sans pouvoir les saisir à la main. C’est dans ce meuble, muni d’une forte serrure qu’il rangera dorénavant les objets historiques en métaux précieux et pierres rares.

Lorsque son fils se réveilla pour créer le musée, la serrure de l’armoire avait été fracturée à coups de bazooka et le contenu du meuble pillé, sauf le gland de Louis IX qui s’était réfugié miraculeusement dans la poussière entre un bord d’une étagère et une paroi du meuble. C’est en urinant dans la vitrine pour s’amuser, que le marquis d’Eliran Junior dégagea l’objet de la poussière qui le recouvrait. Il vit un reflet métallique qui lui permit d’accaparer le fameux gland et sa cupule d’or pour les présenter dans notre musée tel que nous les voyons aujourd’hui, c’est à dire un peu maltraités par toutes leurs pérégrinations.

*« Ben et nous alors ? » dirent en chœur et en vieux Français les deux justiciables. « Ah oui, j’oubliais ! ». Louis Neuf ( plus si neuf que çà, il avait quarante trois ans ) délibéra mentalement, s’inspira de la Bible, comme d’habitude, en pensant à David et Bethsabée et rendit son jugement en vieux Français : « L’un de vous deux va se marier avec la femme convoitée, puis il viendra avec moi en croisade. Je le mettrai au premier rang dans les batailles avec les infidèles. Il en mourra sûrement. Alors le survivant resté en France pourra se marier avec la veuve. Pour savoir qui part, vous allez vous en remettre à Dieu. Vous tirerez à la courte paille. Exécution ».

Les deux hommes étaient Gazagues du Gai Trou Un et Valmut du Gai Clain. Celui-là dit : « c’est pas juste, je l’ai vue le premier ». Celui-ci dit : « c’est pas juste, je lui ai mis la main aux fesses le premier » . Le roi dit : « c’est juste, celui qui l’a vue le premier doit se marier le premier. Il partira ensuite avec moi en croisade. Je le mettrai au premier rang pour combattre les infidèles. Il mourra certainement. Alors Valmut pourra se marier à son tour avec la très belle Isabelle ». L’heureux premier choix n’eut pas le temps de s’illustrer dans une bataille, car il fut emporté par une vague pendant la traversée de la Méditerranée, alors que, debout sur le bastingage de la nef qui l’emmenait vers Tunis, il pissait dans la mer. Revêtu de son armure, il coula à pic et mourut noyé. Le second choix, favorisé par le sort, en profita pour se marier avec Isabelle du Tac au Tac, la jolie veuve. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

**Traditionnellement, les étendards et drapeaux des armées des rois de France étaient ornés de la fleur de lys. Pour cette croisade, Saint Louis la fit remplacer par le gland et sa cupule. A sa mort son fils, Philippe III le Hardi fit détruire tous les objets qui avaient un gland comme emblème, c’est la raison pour laquelle les historiens n’en parlent jamais. Il n’y en a plus de trace.


Publié le 15 juin 2018

Un morceau de braise éteinte du bûcher de Jeanne d’Arc

 Origine de l’objet : Jeanne d’Arc (1412 – 1431) née en Lorraine, était la fille de paysans aisés, dit-on, mais tout le monde n’est pas d’accord. On s’en fout ! En gardant ses moutons, vers l’âge de treize ans, elle entendit des voix de divers habitants du paradis qui la chargèrent d’une mission divine : mettre fin aux misères que le peuple endurait à cause de la guerre de cent ans. Celle-ci durait depuis 1337. Ces voix ne lui dirent pas que cette guerre était due à l’égoïsme, à l’inconséquence, à la vanité et à la cupidité de quelques individus qui voulaient toujours plus aux dépens des autres. Elles la persuadèrent que le bon roi était ce falot de Charles VII, que les gentils étaient les Français et qu’il fallait bouter ces salauds d’Anglais, les Godons, hors de France. Comme elle était très pieuse et analphabète, elle crut tout sans se poser de question. Cette histoire arriva aux oreilles de la cour.

A seize ans, elle partit de Domrémy (et non Do Ré Mi comme le disent certains) rencontrer Robert de Beaudricourt, l’envoyé du roi, à Vaucouleurs, une petite agglomération de Lorraine pour lui exposer sa mission. Celui-ci en voyant arriver cette robuste gamine la prit pour une folle et la renvoya chez elle. On ne peut pas lui en vouloir. Tout le monde en aurait fait autant.

L’année suivante elle recommença avec plus de succès puisqu’une escorte l’amena à Chinon où elle reconnut miraculeusement le roi Charles VII, qui n’était pas encore le roi, puisqu’il n’était pas couronné. Elle le convainquit de sa bonne foi grâce à un signe secret qui ne fut jamais divulgué. L’examen moral, médical et théologal qu’on lui fit subir, montra qu’elle était bonne pour le service : elle était vierge, d’où son nom de pucelle. Elle révéla quatre prédictions historiques, dont deux se vérifièrent de son vivant et deux après sa mort. On la mit à la tête d’une petite troupe. Il y avait beaucoup de jaloux qui rigolaient. On peut les comprendre si on imagine que l’appel du 18 juin 1940 ait été lancé par une jeune fille illuminée de dix-sept ans se réclamant d’un dieu. Mais après tout peut être qu’avec ces bigots d’Etats-Uniens cela aurait mieux marché qu’avec de Gaulle.

Elle remporta un certain nombre de succès militaires, dont la prise d’Orléans : elle faisait peur aux Godons. Elle permit ainsi à Charles VII de se faire couronner à Reims. Ensuite, après une blessure et quelques défaites les Bourguignons la capturèrent le 23 mai 1430, et un salaud, Jean de Luxembourg-Ligny, la vendit aux Anglais. Comme quoi, chez ces gens-là, il n’y a pas de petit profit.

L’église catholique, toujours prête à se ranger du côté du pouvoir temporel du moment, pourvu que son intérêt l’exigeât, avait épousé la cause des Anglais dans les territoires conquis ou alliés à ces derniers. En conséquence de quoi, les Godons voulant qu’elle soit déclarée hérétique, elle le fut lors du procès qui s’ouvrit devant le tribunal ecclésiastique de Rouen, présidé par l’évêque Cauchon, au début de Janvier 1431. On la condamna à la prison à vie pour idolâtrie et apostasie (reniement de la religion chrétienne), ce qu’elle reconnut dans un moment de faiblesse. Elle se reprit quelque temps plus tard et fut en conséquence déclarée relapse et brûlée vive le 29 mai 1431, à 19 ans.

Pendant ce temps là, Charles VII qui se gobergeait avec sa couronne et son royaume qu’il possédait grâce à elle, l’avait, pour tout remerciement, laissé tomber comme une vieille chaussette.

Moralité : ne vous sacrifiez jamais par idéologie ou idéalisme au bénéfice d’un grand de ce monde, car il ne vous en saura aucun gré ! Il vous laissera dans la mouise si vous y tombez ! Au besoin il vous appuiera sur la tête pour vous empêcher d’en sortir. Faites le si, par ambition personnelle, vous avez l’intention de le supplanter, ou bien si vous avez une vocation de cocu ou de martyr.

En 1456, Jeanne d’Arc fut réhabilitée à la suite d’un long procès. Elle fut béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Il est probable que si les Anglais avaient réussi à gouverner la France, l’église catholique s’y serait soumise et Jeanne d’Arc serait toujours considérée comme une sorcière. Son existence a été récupérée par les nationalistes français comme symbole de la grandeur de la France alors qu’elle n’est qu’une victime de ses illusions, de son innocence, de sa foi, de son courage, de sa ténacité, des idées de son temps, de la fureur et de la bêtise des hommes, de la duplicité des religieux, du cynisme et de l’indifférence des puissants. Elle est un bel exemple de reconnaissance à titre posthume de l’incompatibilité de l’innocence et du pouvoir. Grâce à Dieu, le monde est comme çà.

Un certain nombre de rumeurs courent à son propos, comme par exemple le fait qu’elle serait une enfant naturelle d’un roi de France. Pourquoi pas ? Pour satisfaire leur bon plaisir, les souverains ne se gênaient pas pour semer des petites graines dans le ventre du petit peuple.

Histoire du morceau de charbon de bois : le peuple était friand du spectacle des exécutions. C’était le cinéma du pauvre. Celle de Jeanne d’Arc avait un attrait supplémentaire. Un doute avait été insinué dans les esprits par le procès. On ne savait pas si son action avait été dictée par Dieu ou par le Diable. Aussi les sorciers et les sorcières étaient accourus nombreux dans l’espoir de tirer profit du spectacle pour leurs sulfureuses activités. Il y avait parmi eux, Jean Portefaix, surnommé Jean le Goupil, de fameuse réputation en sorcellerie. A la fin de la combustion de la jeune femme, il s’approcha du bûcher qui finissait de se consumer et, profitant du manque de vigilance des quelques soldats qui gardaient le tas de braises, il emplit de charbons ardents un sac de cuir épais qu’il avait apporté à cet effet. Aussitôt enfermés les tisons, privés d’air, s’éteignirent. Il put ainsi, sans danger, emporter le fruit de sa récolte dans son antre de sorcier.

Pendant vingt-cinq ans il introduisit dans ses philtres, outre les matières nécessaires à un bon envoûtement, bave de crapaud, sang de vieille vierge morte par une nuit sans lune, jus de mandragore et poils hachés de sanglier blanc, quelques poussières de charbon de bois du bûcher de Jeanne d’Arc pour renforcer leur effet maléfique. Pendant toutes ces années, sa réputation de sorcier malfaisant s’étendit à toute la Normandie et son voisinage. Les riches personnages de la région venaient le solliciter pour se défendre d’un héritier trop pressé ou se débarrasser d’un légataire trop lent. Ils payaient très cher les boissons pernicieuses à condition qu’elles contiennent quelques traces du fameux charbon.

Il s’enrichit assez rapidement et se fit construire une belle maison à Viau Rouin sur B. près de la forêt d’Eu. En 1456, lorsque Jeanne d’Arc fut réhabilitée, les restes des reliques de son exécution perdirent tout leur pouvoir magique néfaste. Jean le Goupil, déçu, s’empressa de les cacher dans l’épaisseur d’un mur de son habitation, avec une notice explicative, en se disant en patois : « on ne sait jamais, çà peut toujours resservir ». Quelque temps après, dénoncé par un noble mécontent de ses services, il fut rattrapé par l’inquisition, jugé et brûlé avec une dizaine d’autres sorciers sans avoir eu le temps de révéler son secret à ses héritiers. Par miracle, sa belle demeure, appelée en patois par les gens du village « la maison du sorcier » ne fut pas détruite. Elle a été habitée ensuite, depuis cette époque, par des sorciers car les gens ordinaires en avaient peur.

Au cours des siècles, beaucoup de monde s’est aperçu qu’un certain endroit du logis émettait des ondes énergisantes, favorables, bienveillantes, sans chercher à en expliquer l’origine. En 1940, un mage juif belge venu de Madagascar et d’origine indienne, prince Rahafah al Rahmayahana, réfugié en France s’installa dans cette maison chez son ami, le rebouteux bien connu de ses concitoyens, Jules Dupont. Ressentant les effets bénéfiques perçus avant lui, il chercha à l’aide d’un compteur de Geiger Muller, modifié par ses soins, l’origine du rayonnement. Il la trouva, creusa le mur et découvrit le charbon de bois et la notice. Comme il avait besoin d’argent, il n’avertit pas son ami de sa trouvaille. Il la divisa en petits lots qu’il enferma dans des flacons étiquetés avec une notice explicative. Il les mit en vente aux enchères après avoir fait de la publicité en décrivant leur origine et leur propriété qui était de soulager les douleurs et en particulier celles dues aux rhumatismes arnitaux.

Le marquis d’Eliran qui commençait à se faire vieux en était perclus. Aussi il envoya son fondé de pouvoir du moment, le frère de Jules Dupont, pour acheter une véritable parcelle de braise éteinte du bûcher de Jeanne d’Arc. Il la mit dans une petite poche de tissu qu’il fixa à l’intérieur du chapeau melon qu’il portait constamment, même dans son château. L’énergie du charbon le soulagea passagèrement de ses douleurs. Il se remit à gambader comme un adolescent, puis, petit à petit, le charbon perdit sa vertu soignante. A moins que la vieillesse ait accentué la dégradation de l’homme au-delà des pouvoirs de la relique.

 Si vous ressentez quelque chose en vous penchant sur ce morceau de braise éteinte du bûcher de Jeanne d’Arc, dites-le nous !

A la mort du marquis, son fils en ramassant le chapeau fut intrigué par son contenu. Quand il comprit, il décida d’exposer ici ce reste authentique du bûcher de Jeanne d’Arc.

NB : Nous aimerions savoir qui fut à l’origine du procès de la réhabilitation de Jeanne d’Arc. Si vous avez des renseignements là-dessus nous vous serions reconnaissants de nous les faire parvenir.



Salle N°2

Souvenirs de l’antiquité

Présentation

Hugues Édouard Geoffroy Gonzague de Montrou , Marquis d’Eliran (1875-1982) n’est allé ni en Egypte, ni en Grèce, ni à Rome car il craignait la chaleur des pays méditerranéens. Il avait aussi peur des serpents, des scorpions et des araignées. Il a été initié à l’histoire et à l’art de l’antiquité de ces pays par le grand érudit allemand issu d’une famille d’émigrés protestants français Rhésus Ecoutume (1893–1965). C’est grâce à sa science et à l’acharnement éclairé du marquis que nous pouvons admirer aujourd’hui dans ce musée les vestiges des civilisations qui sont à l’origine du monde contemporain occidental d’aujourd’hui, modèle d’humanisme, de générosité et d’intelligence, que le reste de l’humanité nous envie.


Le savon que Ponce Pilate y s’est lavé les mains

 Publié le premier juin 2018

Le morceau de savon de Marseille que Ponce Pilate y s’est lavé les mains

Origine de l’objet : Ponce Pilate, administrateur rigoureux de Judée était un Romain extrêmement propre et soigné. Il était tout le temps en train de se laver les mains avec du savon qu’il faisait venir par caisses entières de Marseille (à l’époque Masilia).

Un jour, des Juifs lui amenèrent un Juif provocateur, nommé Jésus, qui déstabilisait la société avec ses prêches, ses idées et ses miracles. Il se disait fils de Dieu et ne voulait pas en démordre. Les Juifs souhaitaient qu’il soit condamné à mort pour blasphème. Seul Ponce Pilate avait le pouvoir de prononcer une peine de mort. Il n’avait pas tellement envie de le faire car la religion n’était pas son domaine, mais sous la pression des Juifs il s’exécuta. Ceux-ci furent très contents de voir le trublion condamné à mort.

Ponce Pilate pour montrer qu’il n’était pas vraiment concerné par ce différent entre Juifs se fit apporter une bassine en argent, un morceau de savon de Marseille et dit : « vos histoires de Juifs, je m’en lave les mains » et il joignit le geste à la parole. Il aurait pu tout aussi bien dire : « vos histoires de Juifs, je m’en bats l’œil ». Simplement il aurait fini avec un œil au beurre noir. Il aurait pu dire aussi comme l’aurait dit notre président, grand, Jacques Chirac s’il avait été à sa place : « vos histoires de Juifs, çà m’en touche une sans faire bouger l’autre ».

A la fin de son lavage de mains, il laissa échapper le savon devenu glissant qui alla se perdre sous une commode qui donnera plus tard son nom à un empereur romain. Comme il était pressé il quitta la salle d’audience rapidement sans s’occuper du sort de ce pauvre petit morceau de savon. Le porte-savon qui était feignant, le laissa là où il était, en se disant qu’il y en avait plein des caisses dans la réserve.

Histoire du savon : Le savon est resté sous la commode un moment. Avec la chaleur il s’est desséché complètement. Une femme de ménage le trouva, le ramassa et se renseigna auprès d’un garde sur l’origine de ce savon. Elle le porta à son amie Marie-Madeleine en lui expliquant son origine. Marie Madeleine remercia, se mit à pleurer, prit le savon et se lava les pieds.

Son amie partie, elle réfléchit aux conséquences de son acte. Elle venait d’acquérir un objet, témoin immortel, s’il était conservé au sec, de la condamnation de Jésus. Elle pensa qu’un jour les hommes ou Dieu parviendraient à faire parler le savon pour édifier la postérité. Elle eut l’idée de le faire sécher, de l’entourer d’un riche mouchoir incrusté de fils d’or sur lequel elle écrivit en hébraïque ancien son histoire, et de le placer ainsi protégé dans une fissure du mur de sa cuisine qu’elle reboucha avec de la mie de pain. Puis elle fit courir le bruit qu’il y avait quelque chose de sacré dans sa maison.

Le bruit, sous forme de rumeur, s’est transmis dans Jérusalem de génération en génération, même lorsqu’elle est devenue musulmane, jusqu’à sa prise par la première croisade. Pendant son sac et le massacre de ses habitants par les croisés, pour avoir la vie sauve, un Musulman, Rhetiq Hahrira qui parlait latin rapporta à un noble croisé français, Thibaut de Fontines, qu’il existait une maison dans la ville qui contenait un objet sacré lié à Jésus. Thibaut, guidé par Rhetiq, atteignit la maison, miraculeusement épargnée lors de la destruction de la ville par le Romain Titus. Il la fit démonter par petits morceaux jusqu’à ce qu’il aperçoive le mouchoir doré et son savon. Fou de joie, pour remercier Dieu, il accomplit sa bonne action quotidienne : il tua son guide pour l’envoyer au paradis d’Allah, après lui avoir arraché les yeux.

En 1099, après une dernière bataille contre les Egyptiens, Thibaut de Fontines rentra chez lui, avec, dans une poche de son armure, le savon. Avant d’entrer dans son château de Fontines, pour faire, sans bruit, une surprise à sa belle, se mit tout nu, prit le savon enveloppé du mouchoir et, silencieusement, gagna la chambre de son épouse où il la trouva sur le lit chevauchant dans de grands éclats de rire un ecclésiastique qui avait retroussé sa robe de bure par-dessus sa tête. Très déçu, il descendit dans la grande salle du château, s’assit et commença à sucer le savon qu’il avait sorti de sa gangue dorée. Sa femme et l’ecclésiastique finirent par descendre et trouvèrent, très étonnés, Thibaut prostré. Ce dernier, toujours nu avait cessé de sucer le savon qu’il trouvait trop amer. Il leur demanda en faisant des bulles : « que faisiez-vous là-haut ? ». « J’étais à confesse » répondit sa femme, la belle Hydromèdre. Après quelques mots courtois, et un court récit de ses exploits, notre chevalier fit don du savon à l’abbé et alla fêter son retour au lit avec Hydromèdre. Il garda le mouchoir.

L’abbé, revenu dans son église, mit le savon, avec un mot explicatif en latin, dans un ciboire en or et argent qui ne servait plus parce qu’il était gondolé à la suite d’une chute et qu’il rangea dans la sacristie au sommet d’une armoire très haute. Du sol personne ne pouvait apercevoir le ciboire. Grâce à cela l’objet savonneux que vous avez sous les yeux a traversé presque un millénaire sans être dérangé.

En 1963 l’armoire de la sacristie de l’église de Fontines s’est effondrée spontanément lors d’un léger tremblement de terre ayant pour épicentre Tarascon et de degré 2 sur l’échelle de Richter : elle était vermoulue et rongée par les termites. Le curé de la paroisse a trouvé le savon et le manuscrit qui l’accompagnait. Il a soumis l’objet à son évêque qui l’a transmis à son archevêque qui n’a su qu’en faire. Ce dernier en a parlé à son ami le Professeur Adrien Desmolières de l’Institut qui s’est souvenu du Marquis d’Eliran. C’est ainsi que le Marquis a ajouté une pièce à sa collection, acquise pour la modique somme de 7326,25 francs anciens. Avec cet argent l’Archevêque et son ami sont allés manger des huîtres, arrosées d’un bon vin blanc d’Alsace bien sec, et des îles flottantes au Wepler, place Clichy à Paris, puis ils ont fini la soirée avec des petites femmes de Pigalle.

Le marquis a placé le savon et le parchemin dans la cave du château d’Eliran dans un seau à charbon. Le parchemin a été boulotté par une souris. En 1982 Jésus Pierre Ponce de Montrou a trouvé le savon dans la cour du château de son père en train de se dissoudre et faire des bulles sous la pluie. Il l’a ramassé précautionneusement et l’a fait sécher pour l’apporter au musée où vous le voyez maintenant.


Un fragment d’un calendrier de Jules César

Publié le 15 mai 2018

Un fragment du calendrier en marbre

Origine de l’objet : Jules César (100 Av. JC. – 44 Av. JC), « mari de toutes les femmes, femme de tous les maris » comme a dit l’un de ses contemporains, a conquis la Gaule entre 58 et 50 Av JC. Au cours de sa campagne, la défaite de Gergovie en 52 Av. JC. l’ayant instruit et rendu prudent il prend toutes ses précautions lors du siège d’Alésia, en 51 Av. JC., que l’on peut considérer comme un modèle du genre. Mais cela a demandé un gros travail à ses troupes qui n’étaient pas loin de se mutiner. Lisons le récit de l’événement qui nous intéresse ici et que Jules César lui-même a relaté dans ses Commentaires de la guerre des Gaules dans la traduction assez libre de M. de Saint Honoré (Académicien, 1728 – 1769). César y parlait de lui à la troisième personne.

Jules César en inspectant les fortifications en élaboration s’est étonné qu’un groupe de légionnaires soit inactif. Il s’est renseigné auprès de l’un de ceux-ci pour savoir qui était leur Chef. Ensuite, il s’est rendu dans sa tente et a fait convoquer le centurion Nenjetépuce pour avoir des explications sur l’inactivité anormale de sa centurie. A la question de Jules César, il a répondu : « Jules, tes hommes se plaignent. Ils font grève. Ils en ont marre de creuser et ils mangent mal. Ils voudraient leur week-end et manger du poulet le dimanche ». Jules César a répondu qu’ils s’étaient engagés, qu’ils devaient obéir, travailler tous les jours et manger ce qu’il y avait. Que cela pourrait être pire et que de toute façon il ne leur donnerait pas de poulet pour qu’ils tombent malades. Comme Nenjetépuce voulait protester, il lui a dit « va et dis à tes hommes de creuser ». Le centurion Nenjetépuce a répondu : « t’as qu’à l’faire toi-même ». Jules César a craint que le mouvement de contestation s’étende à toute la garnison, il s’est mis en colère, il a pris le calendrier périmé en marbre de l’année passée et en a donné un coup si violent sur le casque de Nenjetépuce que sa tête a éclaté et qu’un coin du calendrier s’est détaché. Jules César a nommé un nouveau centurion et la centurie s’est remise à l’ouvrage. Il a été contrarié d’avoir cassé le calendrier.

Ensuite Jules César a fait débarrasser sa tente des morceaux de centurion et de calendrier qui jonchaient le sol. Le légionnaire Sacapus qui a fait le travail a placé le tout dans le trou à ordures creusé à cet effet dans les fortifications après avoir déshabillé le corps de Nenjetépuce.

Histoire du fragment : En 1952, EDF a installé l’électricité dans un petit hameau voisin de Alise-Sainte-Reine en Côte d’or, lieu où se trouvait l’oppidum gaulois d’Alésia. En creusant le sol pour fixer un poteau électrique, les ouvriers ont mis à jour la fosse aux ordures qui contenait en même temps que le squelette du Centurion Nenjetépuce, différents objets hors d’usage, quelques pièces de monnaie, cinq préservatifs en bronze et le coin du calendrier exposé ici. Le reste du calendrier, relativement grand, n’a pas été retrouvé. Sans doute que Jules César qui était très économe l’a fait retailler pour une autre utilisation. Les objets sortis du passé ont été nettoyés avec soin puis répartis dans les différents musées de la région consacrés au siège d’Alésia.

Après la seconde guerre mondiale le marquis d’Eliran a vu sa fortune, essentiellement constituée de valeurs au porteur, divisée par quatre à cause de l’inflation. A partir de ce moment il a pris l’habitude de visiter les petits musées de province, en général mal gardés, pour continuer à assouvir sa passion de collectionneur à peu de frais. Il y a chipé des objets dignes d’enrichir sa collection de souvenirs historiques. Il ne s’est jamais fait prendre. Sa plus belle acquisition obtenue par ce moyen a été une armoire vendéenne dans laquelle une dizaine de chouans s’étaient réfugiés pour échapper aux troupes révolutionnaires. En octobre1961, le Marquis d’Eliran qui écumait les musées de la région s’est emparé du fragment du calendrier de Jules César qui se trouvait dans une vitrine même pas fermée à clef. Il l’a mis dans une grosse valise qui ne le quittait jamais. Personne ne s’en est aperçu.

Rentré chez lui avec d’autres objets historiques, fruits de ses rapines, il a placé le morceau de calendrier sur le perron du château d’Eliran en lui attribuant le numéro 607 822. C’est là que son fils l’a trouvé.


Une plume des ailes d’Icare

Publié le 4 mai 2018

Origine de l’objet : Il était une fois, aux alentours du deuxième millénaire Av. JC., un roi de Crète qui s’appelait Minos. Il était le fils du dieu Zeus immortel et de la femme Europe, une mortelle. Donc logiquement il était une moitié de dieu, un demi-dieu. Il avait un architecte nommé Dédale. Pour une raison dont l’exposé sortirait de notre propos, il lui fit construire le Labyrinthe (ou Dédale) pour y enfermer le Minotaure, monstre mi-homme, mi-taureau. Mais Dédale le trahit (voir l’histoire du fil d’Ariane et du Minotaure tué par Thésée). Pour le punir, Minos l’enferma dans le Labyrinthe avec son fils Icare. Dédale qui se faisait vieux avait oublié le plan de son œuvre. De plus, elle était un peu magique : on pouvait y entrer facilement, mais on ne pouvait pas en sortir.

Le Minautore était carnivore. Les vierges constituaient son mets favori, mais on ne lui en apportait qu’une fois de temps en temps, aussi avait-il pris l’habitude de manger tout ce qui lui tombait sous la dent, en particulier les oiseaux qui avaient le malheur de se poser à côté de lui. Il les plumait avant de les avaler tout crus. Quand Dédale arriva au centre du Labyrinthe il trouva un monceau de plumes, ce qui lui donna à réfléchir. Au bout d’un … certain temps il s’écria : « Euréka, j’ai trouvé », comme un autre après lui. Il n’était pas ingénieur pour rien !

Il prit les plus belles plumes, blanches, noires ou de couleur. Il les colla avec la graisse trouvée sur le cadavre du Minotaure sur des tiges de bois qui se trouvaient là. Il en fit quatre ailes, deux pour lui et deux pour Icare, son fils. Il lui expliqua le maniement de son invention en le mettant en garde contre les dangers de son utilisation : ne s’approcher ni trop près de la mer, pour ne pas mouiller les ailes, ni trop près du soleil, pour ne pas les voir fondre et perdre leurs plumes.

Malheureusement, comme tous les petits jeunes qui croient tout savoir, Icare n’en fit qu’à sa tête. Au début, il montait un peu, puis comme le faucon, il se laissait tomber en piqué. Grisé par les sensations qu’il éprouvait, il décida de monter le plus haut possible pour faire un piqué extraordinaire. Il monta, monta, monta … et s’approcha de plus en plus du soleil. Il sentait bien que çà chauffait un peu, mais il n’y prit pas garde, tout entier accaparé par l’idée de son futur exploit. Il advint ce qui devait arriver. La graisse fondit, les plumes se décollèrent du bois. Les ailes réduites à leur armature laissèrent tomber Icare qui alla s’éclater dans sa mer, la mer Icarienne. Si Icare avait vécu aujourd’hui il se serait tué en moto en se sauvant de prison. Il n’y a donc pas de regrets à avoir. C’est ce que se dit son père après avoir pleuré pendant deux jours. Il se consola dans les bras d’Iphigénie, une jeune et jolie esclave cartésienne qui lui donna bien vite un fils pour remplacer l’autre. Il le nomma Icarbis.

Histoire de la plume : Les plumes les plus légères furent attirées par le soleil et brûlèrent. Les plus lourdes retombèrent sur la terre. Les autres restèrent, pendant des siècles, à errer très haut dans le ciel au gré des vents. Celle que vous avez sous les yeux a eu un sort particulier, puisqu’elle est là. Un jour, au huitième siècle Av. JC., pour une raison qu’on ignore elle commença à tomber et fut prise au ras des flots dans le tourbillon d’un violent ouragan, déchaîné sur la Méditerranée.

Au milieu des éléments en furie, une baleine était en train de recracher un homme sur une plage. L’homme s’appelait Jonas. La plume heurta l’œil de la baleine, en partie hors de l’eau, avec une telle vitesse qu’elle se ficha profondément dans la pupille. Le monstrueux mammifère marin, fou de douleur et d’angoisse, se retourna et fonça à toute allure, droit devant lui, à travers la Méditerranée, dans l’espoir de perdre le corps étranger qui le dérangeait si fort. Peine perdue. Aux Colonnes d’Hercule, la plume était toujours dans l’œil. Sans réfléchir, il s’élança tout droit dans l’Atlantique. Au large des Açores, la plume était toujours là. Dans la Mer des Sargasses, la plume était toujours là. A l’entrée du Golfe du Mexique, la plume était encore là. Il traversa le golfe à toute vitesse avec obstination. Il ne vit pas la terre arriver. Il s’y précipita et s’échoua profondément sur une plage pas très éloignée de l’actuelle Nouvelle Orléans (aujourd’hui Long Beach). Ce long voyage rapide, sans escale l’avait épuisé. Il mourut sur le coup. Voilà comment Dieu a remercié cette pauvre bête qui s’était dévouée pour que Jonas exécute sa mission !

Quelques Indiens Natchez qui, à ce moment, ramassaient des coquillages virent le monstre surgir des eaux et tomber mort à leurs pieds. Très impressionnés, ils firent le tour du cadavre et remarquèrent la plume fichée dans l’œil. Ils crurent que c’était une plume de dindon, leur oiseau sacré, envoyée par le dieu de l’eau. Ils s’en emparèrent et la vénérèrent. Ils se la transmirent de génération en génération, la tradition orale relatant son origine.

En avril 1791, Granchâteau (Abel Victor, Comte de. 1765 – 1859) qui avait envie de voyager embarqua pour l’Amérique. Il se promena sur le nouveau continent et s’intéressa aux Indiens. Il rencontra les Natchez qui lui présentèrent la plume qu’ils considéraient comme sacré. Ils lui expliquèrent son origine : piquée dans l’œil d’un cétacé échoué. Intéressé, l’écrivain souhaita l’acheter. Les Natchez très traumatisés par l’action perverse des Européens et ravagés par l’alcoolisme acceptèrent de lui céder la plume contre deux bouteilles d’eau de vie de prunes, un pot de confiture de fraises, un plat à barbe et un rouleau de papier à cigarette. De retour en France en 1792 il confia à Jules Augustin de la Branlevette (1763 – 1804), historien sans histoire, membre de l’Institut et de la Confrérie des Sac à Vin, le soin d’établir l’histoire de la plume. Celui-ci mit trois ans pour s’acquitter de sa tâche. C’est grâce à lui que nous avons pu vous décrire le cheminement du vestige d’oiseau que nous nous enorgueillissons de montrer dans cette vitrine.

Granchâteau émigra en Allemagne puis en Angleterre où il se servit de notre plume pour écrire quelques chapitres de son Discours philosophiques sur les antécédents de la révolution française, publié en 1806. Puis il rangea soigneusement la plume pour qu’elle l’inspire pour l’écriture de Beaux indiens nus écrit et publié en 1815. A sa mort en 1859, on trouva la plume à l’intérieur du manuscrit d’un roman tout juste commencé qui devait être la suite de Burgalaa dont le titre était Les enfants de Burgala et qui commençait ainsi : « Bien que morte jeune et vierge, Burgalaa, dans son enfance, avait eu trois enfants de son père qu’elle adorait … ». A la vente à l’encan des maigres biens qu’il possédait, l’un de ses admirateurs, resté anonyme, acheta le manuscrit et la plume qu’il contenait. L’ensemble fut transmis par héritage de génération en génération jusqu’en 1923, date à laquelle un héritier qui voulait s’acheter une moto, vendit le tout au Marquis d’Eliran pour une forte somme. Celui-ci mit l’ensemble dans un bidet pliant de son château avec le numéro 007.

A la vente du château Jésus Pierre Ponce ne put sauver que la plume qui, envolée dans un courant d’air, manqua lui crever l’œil. Aussi, on la soupçonne d’être magique.

Pour cette raison, par prudence, ne vous en approchez pas trop.

Remarquez à la base de la plume les traces d’encre noire utilisée par Granchâteau pour écrire quelques chapitres de son œuvre.


L’épée de Damoclès

Publié le 20 avril 2018

Origine de l’objet : Il était une fois aux environs de 370 Av. JC un habitant de Syracuse en Sicile très respecté et très riche nommé Damoclès. Pour ne pas avoir d’ennuis il disait toujours beaucoup de bien de Denys l’Ancien, dit Denys le tyran (405 – 368 Av. JC.) gouverneur de Syracuse très cruel. Un jour, celui-ci l’invita à un fastueux déjeuner. En prenant sa place à table, Damoclès remarqua une épée très pointue et très tranchante suspendue au-dessus de sa tête par un crin de cheval. Il mangea sans appétit en comprenant le message : à la moindre incartade le tyran le tyranniserait. A la fin du repas il prit congé. De là vient l’expression qui caractérise l’idée d’un danger menaçant, imminent et immanent.

 Histoire de l’épée : Après le repas, la jeune et belle esclave circassienne, portant le doux nom de Marylène, qui débarrassait la table laissa tomber un cratère (sorte de coupe) d’argent alors qu’elle se trouvait à la place de Damoclès. Le bruit argentin de la chute sur le sol entraîna la vibration du crin de cheval qui se rompit et libéra l’épée. Celle-ci s’enfonça entièrement dans le corps de la tendre enfant.

Le tyran Denys l’Ancien en fut très mari car il aimait bien cette esclave qui savait lui faire plein de choses agréables, qu’on ne peut décrire ici, quand il prenait son bain. Très triste, plein de regrets et courroucé contre lui-même, car tel était pris qui croyait prendre, il décida de faire inhumer sa dispensatrice de caresses dans un sarcophage au pied de l’Etna pour qu’elle ait toujours chaud, même dans la mort. Il voulut que le corps de la belle servît de fourreau à l’épée pour l’éternité. Il fit marquer l’emplacement de sa sépulture par un mausolée en pierre du pays. A sa mort les paysans du voisinage démolirent le mausolée et utilisèrent les pierres à leur profit. La tombe que plus rien ne marquait devint anonyme et tout le monde l’oublia.

En 1732 au voisinage du village de Piano, un paysan, en creusant un puits dans la pierre volcanique découvrit le sarcophage. Il le remonta à la surface et sans rien dire l’emporta chez lui, l’ouvrit, vit le squelette de l’esclave avec l’épée enfermée dans la cage thoracique. Il fit part de sa découverte au Comte de Montighi, seigneur du lieu, qui emporta la trouvaille dans son château en laissant quelque menue monnaie au découvreur.

En 1887 le dernier compte de Montighi, ruiné à la suite de spéculations hasardeuses vendit ses propriétés à la princesse Bassendi. En venant occuper sa nouvelle demeure pour les vacances de Pâques, elle se débarrassa du sarcophage, du squelette et de son épée, qu’elle trouvait morbides, en les vendant à un antiquaire parisien de passage. Ce dernier rentré à Paris, plaça ses acquisitions dans sa réserve et les oublia.

En 1914 à la mort de l’antiquaire, ses héritiers dispersèrent ses biens lors d’une vente aux enchères. Celle-ci eut lieu pendant les premiers jours de la guerre. Les acheteurs éventuels redoutaient l’avenir et avaient d’autres soucis que celui d’acheter des vieilleries. Ils étaient peu nombreux et peu disposés à gaspiller leur argent. Pour cette raison le sarcophage, l’épée et son squelette furent vendus séparément. Ce dernier fut même proposé en pièces détachées, acquises essentiellement par une bande d’étudiants en médecine pour leurs études d’anatomie osseuse. Ils réussirent à le reconstituer à peu près entièrement. Les enchères ne montèrent guère. Le Marquis d’Eliran qui écumait ce genre de vente se trouvait là. Il en profita pour acquérir l’épée pour un franc cinquante (environ trois euros).

Elle était vraiment en mauvais état car la lame de fer avait été très oxydée par les chairs en décomposition de Marylène. Seule la poignée d’or, de bronze et d’argent a bien résisté aux agressions charnelles.

Le marquis ramena l’épée au château et l’enferma dans un garde-manger grillagé avec le numéro 153 239. Le nouveau propriétaire du château a fait brûler le garde-manger avec son contenu comme beaucoup d’objets combustibles dont il ignorait la valeur. C’est en fouillant dans le tas de cendres que Jésus Pierre Ponce retrouva l’arme complètement noircie. Il nettoya la poignée comme il put sans toucher à la lame. Et il exposa l’objet dans ce musée jusqu’à la visite d’un agent EDF qui lui proposa de rendre à l’épée son aspect originel. Pour cela il suffisait de la remettre au laboratoire du service Etudes et Recherches dont la mission de mécénat était de désoxyder les vestiges archéologiques.

C’est la raison pour laquelle cet objet manque et manquera jusqu’en 3017 car la rénovation d’un métal par processus électrolytique est très lente. Nous avons cependant fait figurer un dessin pour donner une idée de ce qu’il sera quand il reviendra.

On remarque que la lame de l’épée est toute tordue. Elle a été déformée par la pression de la terre et l’action de la chaleur de l’Etna.

Nous vous prions de nous excuser de ce contretemps.


Une petite crotte d’Alexandre le Grand

Publié le 6 avril 2018

Origine de l’objet : En 331 av. JC un oracle d’un temple dédié à Amon désigna Alexandre comme étant un fils d’Amon le dieu du soleil. Il ne se sentit plus de joie. Il se crut invincible. Il repartit à la conquête de la Perse et de ses environs. Il gagna tout le temps. Jusqu’en 327 av. JC, son armée, sur ses ordres, assassina, viola, détruisit et pilla toutes les villes de cette région. En 327 il se maria avec plusieurs femmes dont Roxane, une belle princesse orientale pour se faire bien voir des peuples conquis.

Il trouva qu’il n’avait pas assez conquis. Il continua à faire crapahuter son armée en zigzag, au nord presque jusqu’à la mer d’Aral, au sud jusqu’à l’Indus. Ses soldats, à force de mourir finirent par en avoir ras le bol. Ils voulurent rentrer chez eux. Sur le chemin du retour ils durent traverser un désert où beaucoup moururent de soif. Alexandre les abandonna pour se rendre à Suse en 324 av. JC puis à Babylone en 323 av. JC. Il mourut dans cette ville le mardi 27 juin à 17h32 au grand soulagement d’une partie de ses contemporains, après avoir embrassé Roxane une dernière fois. Les oracles se sont trompés, il n’est pas devenu le maître du monde. Immédiatement après sa mort son empire est tombé en poussière. Mais comme il avait le sens de la communication, on en parle encore aujourd’hui.

Admirons, avec les auteurs de livres d’histoire, ce personnage qui est parti de son pays pour apporter aux barbares de l’est les bienfaits de la civilisation grecque et conquérir la gloire éternelle. Imaginons le plaisir et l’exaltation qu’éprouvaient ces ignares de recevoir entre trente et quarante mille soldats qui s’abattaient sur leur territoire comme une nuée de sauterelles qu’il faut nourrir. Ce qu’ils devaient être honorés de se voir pillés, volés, violés et massacrés par cette belle armée hellène, arrivée jusqu’à eux pour leur apprendre les belles manières, et qui se comportait comme n’importe quelle soldatesque se payant sur la population du pays occupé. Et puis ils avaient l’exemple d’ALG, qui faisait subir à son entourage son arbitraire, toujours dans la bonne humeur et les bons mots. Ils devaient louer cet homme qui n’hésitait pas à assassiner ses amis lui-même. Il a servi d’exemple à quelques chefs, en particulier à Attila, qui au lieu d’aller faire l’andouille d’ouest en est, l’a fait en sens contraire pour le plus grand plaisir de l’occident.

Alexandre, tout fils de dieu qu’il était, comme ses hommes, a fait caca en cours de route tout au long de son périple. Parfois, quand il avait la turista, il faisait mou et fluide, d’autres fois, quand il traversait un désert, il faisait dur et rigide. Dans les cas extrêmes, il lui arrivait même de faire des crottes toutes rondes, comme des crottes de lapin, mais en plus gros. Il était alors très content. Il y voyait un signe des dieux. Il en fit porter une à l’oracle de Delphes qui lui confirma qu’il allait devenir maître du monde. C’est l’une de celles-ci que vous avez sous les yeux.

Quant au pipi, il urinait dans des amphores de six litres marquées à son nom. Quand elles étaient pleines, il les faisait sceller, puis enterrer. L’emplacement était repéré par une croix de pierre blanche horizontale. Les soldats de son arrière-garde les déterraient, les vidaient, effaçaient le nom d’Alexandre et les remplissaient de vin pour la route, puis quand elles étaient ébréchées ils les cassaient à coups de pierre au cours d’exercices d’adresse. Ce qui explique qu’on n’en ait jamais retrouvées.

Histoire de la crotte d’Alexandre :  Alexandre ne se séparait jamais de sa garde rapprochée constituée de quarante grands,  forts et beaux éphèbes. Quand il avait envie de faire caca, il les faisait mettre en cercle autour de lui, tournant le dos, et au signal donné par une trompe, tout le monde s’accroupissait et déféquait en même temps que le chef. Sur un signe de celui-ci, un nouveau coup de trompe invitait tout le monde à se relever. La crotte d’Alexandre se trouvait alors au centre d’un cercle marqué par des crottes de (0,6 x 40) : π = 7,64 m de diamètre, longueur idéale selon les oracles pour devenir maître du monde. Lorsqu’il était content de ce qu’il avait fait, Alexandre faisait inscrire par son Trésorier Payeur Général, sur ce qui était issu de son corps béni des dieux, son initiale, A, avec de la poudre d’or. On la distingue nettement sur la crotte exposée ici. Il pensait marquer ainsi son itinéraire de conquérant de manière impériale et indélébile.

Bien sûr, il se trompait pour ce qui était des lieux humides. Dans les déserts, les excréments se sont desséchés, momifiés et conservés jusqu’à nos jours. Grâce au protocole qui commandait la cérémonie du caca, les fèces d’Alexandre sont aisément identifiables, sans contestation possible.

En 1923, Jean Janjan, un riche héritier français, dilettante, archéologue amateur à ses heures, pour tromper son ennui, entreprit, avec une petite équipe d’étudiants, de suivre le parcours d’Alexandre à travers l’Asie pour relever les vestiges éventuels de son passage. Ils déterrèrent quelques effets militaires, quelques armes, quelques squelettes avec des glaives passés en travers du corps, quelques traces de campements. Ils en firent don aux musées des pays qu’ils traversaient. En 1928, en fouillant dans un désert proche de Suse (ville d’Iran nommée Shush aujourd’hui qu’il ne faut pas confondre avec la Suze, boisson apéritive alcoolisée amère), Jean Jeanjan triompha en trouvant cinq crottes rondes disposées en carré. Leur position au milieu de 38 crottes ( deux éphèbes devaient être constipés ) placées sur un cercle de 7,64 m de diamètre confirmait qu’elles avaient bien franchi l’anneau divin d’Alexandre. Elles se trouvaient dans le dernier campement qu’il avait occupé avant d’abandonner son armée aux tourments du désert.

Après en avoir éliminé précautionneusement tous les grains de sable sans toucher à la poudre d’or, Jean Janjan mit ses trouvailles dans des écrins qu’il plaça dans ses poches. Il considéra qu’elles constituaient le couronnement de son travail d’archéologue. Avec son équipe il prit le chemin de la France. Son intention était de les offrir au père d’un de ses amis, membre de l’Institut qui faisait collection d’excréments. Celui-ci refusa le cadeau parce qu’il ne voulait plus de merdes humaines dans sa collection, il en avait assez. Notre archéologue dilettante amateur fut déçu. Tristement, il résolut de s’en débarrasser. Il les confia à Maître Coquillerman, commissaire priseur qui les mit en vente aux enchères, une par une, comme objets de prestige, à l’hôtel Drouot à Paris, au milieu d’autres reliques de l’histoire. Le Marquis d’Eliran, qui, lorsqu’il ne voyageait pas à travers l’Europe en quête de choses extraordinaires, assistait assidûment aux ventes d’objets historiques, enchérit quatre fois sans résultat contre le musée du Louvre et gagna à la cinquième, le musée ayant épuisé son budget à la quatrième crotte. Fou de joie, il plaça sa crotte et son écrin sur une étagère dans le placard à balais sous l’escalier principal de son château avec le numéro 563 627. Son fils les trouva et les mit dans sa poche au moment de la mise en vente du château.

La crotte que vous voyez ici est la seule survivante de l’exploit de Jean Jenjan actuellement connue. Les quatre autres, qui devaient figurer dans la galerie des antiquités au Louvre, pour montrer le sens artistique et le haut degré de civilisation d’Alexandre, ont été jetées aux ordures par une femme de ménage qui ne comprenait pas où l’art peut se nicher. Voilà ce qui arrive quand, par économie, on utilise du personnel mal formé.


Un morceau de la corde du nœud gordien

Publié le 23 mars 2018

Origine de l’objet : Alexandre III (356 – 323 av. JC) dit « le Grand » a été roi de Macédoine pendant 13 ans. Il se croyait descendant d’Héraclès (Hercule, un demi-dieu) par son père et d’Achille par sa mère, ce qui l’a poussé à se prendre pour quelqu’un. Il a été encouragé dans ce sens par son précepteur Aristote, grand philosophe grec. Alexandre n’était pas un imbécile, mais il avait la grosse tête. Il avait nommé son cheval Bucéphale. Il était, comme aurait dit de Gaulle, sûr de lui et dominateur. Comme tous les chefs guerriers de tous les temps, la souffrance des autres l’indifférait, sauf  en ce qui concernait quelques heureux élus de son entourage*. C’est ce qu’on appelle l’humanisme antique. En 338 av. JC il entra en apprentissage dans l’entreprise de son père Philippe de Macédoine, pour apprendre à faire la guerre.

Quand son père fut assassiné en 336 av. JC, il avait vingt ans. Comme le voulait la coutume de cette belle époque, il a fait assassiner les membres de sa famille qui auraient pu lui porter ombrage en voulant être roi à sa place.

Dès son arrivée au pouvoir, il a fait quelques guerres pour soumettre les peuples rebelles, c’est à dire ceux qui ne voulaient pas vivre sous sa domination.

Pour montrer sa délicatesse et son respect de la civilisation hellénique, en 335 av. JC, il détruisit (pas tout seul) la ville de Thèbes au son des flûtes, il fit massacrer une partie de ses habitants et fit vendre les trente mille qui restaient comme esclaves. Comme il était superstitieux, et qu’avec les dieux on ne sait jamais, il ne démolit pas les temples. Comme il était raffiné, il conserva aussi la maison du poète Pindare.

Depuis longtemps les Perses agaçaient les Grecs. Pour tromper l’ennui, il leur fit la guerre et la gagna (334 – 332 av. JC). C’est au cours de cette campagne qu’il rencontra le nœud gordien. C’était, paraît-il, un nœud compliqué attaché à une charrette, qui, selon une tradition orale, serait un heureux présage pour celui qui arriverait à le dénouer : il pourrait conquérir ce qu’il voudrait. Alexandre essaya de le dénouer, mais comme il n’était pas patient, il n’y est pas arrivé. Parce qu’il ne manquait pas de culot, il l’a tranché avec son épée sous les hourras de la foule. Après cela il s’est cru invincible. C’est ce qui l’a encouragé à entreprendre plus tard la conquête de l’Asie.

Auparavant il a envahi l’Égypte en 332 av. JC pour faire plaisir aux habitants. Un crétin de roi d’Egypte qui s’appelait Ptolémée Premier Sôter avait construit une bibliothèque au milieu du désert à l’embouchure du Nil au début du troisième siècle. Alors ALG prit une truelle, du sable, du ciment et des pierres et fonda en deux coups de cuillère à pot une ville autour de cette bibliothèque que, par modestie il nommera Alexandrie. Plus tard, il fondera de la même façon d’autres villes en Asie qu’il nommera de façon obsessionnelle Alexandrie.

Histoire de la corde : Alexandre était superstitieux. Après avoir coupé le nœud gordien avec son glaive il en a choisi un morceau qu’il a fait démêler par son conseiller Ménélas. Il a conservé précieusement le bout de corde  ainsi obtenu comme porte-bonheur pour lui apporter la chance dans ses conquêtes. Chaque matin, après sa toilette, il nouait sous ses vêtements, à même la peau, le précieux talisman pour qu’il échappe à la vue et à la convoitise du commun des mortels.

A la fin de la campagne de l’Indus (voir la crotte d’Alexandre), lorsqu’il était à Babylone,  pensant qu’il n’en aurait plus besoin, il enferma son fétiche dans un coffret en bois de santal et le fit parvenir à la bibliothèque d’Alexandrie. Dès qu’il se fut séparé de la corde, une forte fièvre le prit et il mourut. En 640, le second calife, Omar Premier, détruisit complètement la bibliothèque au nom d’Allah.

Avant d’y mettre le feu, Omar, qui était superstitieux et qui avait entendu parler d’Alexandre et de sa corde se fit remettre celle-ci. Une nuit, il la vit briller dans le noir et pensant que c’était une invention du diable, il voulut s’en débarrasser. Il n’osa pas la faire brûler, et la jeta dans un puits à sec, en Egypte, au voisinage des pyramides de Kheops, Khephren et Mykérinos.

En 1923, une expédition archéologique anglaise menée par le major John Upstairs of Kent mit à jour le puits et le fouilla. Elle y trouva une paire de sandales en cuir du 43, trois casques à pointe, des préservatifs desséchés et craquants en vessie de porc, des pièces de monnaie d’or et d’argent frappée à l’image de César et la fameuse corde. Il emporta les objets trouvés à Londres pour les exposer, mais sur le bateau la corde disparut mystérieusement. Malgré tous les efforts déployés, comme Hercule Poirot n’était pas sur ce paquebot-là, elle ne fut pas retrouvée.

Elle réapparut tout aussi mystérieusement à Paris en 1927, chez un marchand de bric-à-brac, rue de Seine, où elle liait une pile de journaux de 1914. Le Marquis d’Eliran, qui se promenait, comme toujours, à la recherche d’objets historiques, la reconnut et l’acheta 12 francs belges après l’avoir longuement marchandée. Il la suspendit, dûment étiquetée, à une poutre du plafond de la salle à manger de son château. C’est là que son fils la retrouva avant que le nouveau propriétaire n’ait eu le temps de s’en débarrasser. Voilà l’histoire d’un bout de corde qui servit à élaborer le nœud gordien et qui donna à Alexandre l’énergie pour ses conquêtes. Admirez-le aujourd’hui dans ce musée.

 

*Voir Tamerlan, Attila, Napoléon, Hitler, Staline parmi les plus connus



 Salle n° 1

Souvenirs de la Genèse

Le cahier des révélations de l’Ange Cédumiel.

Publié le 09 03 2018

Origine du cahier. En 1 935 le marquis d’Eliran a été visité la nuit par l’Ange Cédumiel qui lui a révélé la véritable histoire de la création.. Le marquis nous a laissé dans ce cahier la teneur des révélations de celui-ci.

Son contenu : La Genèse. Dieu a créé les anges pour se distraire. Puis comme ils ne l’amusaient pas beaucoup parce qu’ils étaient trop sérieux il a créé les démons. Ceux-ci ne sont pas ce que l’on dit, des êtres méchants et malfaisants mais simplement des anges fantaisistes chargés d’amuser Dieu. Au bout d’un certain temps le Créateur, les anges et les démons se sont ennuyés. Alors Dieu a proposé à ses créatures un projet : créer quelque chose de matériel en spécifiant qu’il n’interviendrait pas dans le processus de création pour avoir la surprise. Les anges et les démons se sont mis au travail et ont créé l’Univers. Satisfait, Dieu leur a demandé ensuite d’inventer la vie matérielle. Ils ont mis au point sur différentes planètes les microorganismes, les animaux et les plantes. Ensuite, Dieu a souhaité qu’ils créent des êtres extraordinaires, un peu à son image, mais purement matériels pour ne pas que le ciel soit pollué par des malappris.

Il faut dire que les anges créaient avec lenteur et de façon scientifique. Ils avaient mis au point un système d’information génétique qu’ils modifiaient petit à petit pour obtenir des êtres de plus en plus complexes que nous disons évolués. Parfois même ils faisaient appel au hasard …  pour voir. De temps en temps ils détruisaient une grande partie de ce qu’ils avaient fait parce que cela ne les satisfaisait plus ou parce qu’ils avaient l’impression de s’être engagés dans une voie sans issue. Les démons, pas sérieux, semaient un peu la pagaille dans tout cela en inventant des formes extraordinaires, des maladies ou des parasites. Cependant, petit à petit l’être idéal souhaité par Dieu prenait forme. Mais ce dernier s’impatienta. Il les réunit et leur tint à peu près ce langage : « Voilà quinze milliards d’années que vous avez créé l’Univers et vous en êtes toujours à bricoler des espèces de singes pleins de poils. Je vais vous montrer ce que c’est que de créer ».

Ayant dit, en 66 666 avant JC il descendit sur terre, prit de l’argile et fit une sorte de statue. L’Archange Saint Michel, inquiet, lui dit : « Très Haut, je te supplie de ne pas concevoir un être qui jurerait avec le reste de la création, nous serions très vexés après tout le mal qu’on s’est donné ». Dieu réfléchit un instant et dit : « Apportez-moi votre meilleur singe ». Ce qu’ils firent rapidement. L’animal qu’ils contemplaient se tenait debout, était couvert de poils, avait des yeux creux et un nez camus. Il les injuriait dans un langage qui les amusait tous. Il sentait l’urine et la fumée. Dieu l’endormit et l’enveloppa d’une coque d’argile qu’il façonna en améliorant les formes. Au bout d’un instant la forme changea de couleur et s’anima. Adam, le premier homme était né.

L’Archange Saint Michel intervint de nouveau : « Très Haut, ton Homme est-il éternel ? A-t-il une âme ?

  • Bien sûr que non, il est mortel et je le veux sans âme. Je ne veux pas être enquiquiné dans mon ciel par des trublions bavards.
  • Alors, il faut lui préparer une descendance.
  • Tu as raison ».

Dieu endormit l’homme lui arracha une côte du côté gauche, en fit Eve, la première femme et dit : « Et voilà, le tour est joué.

  • Oui mais ton Homme est tout de travers, dit un ange.
  • C’est vrai, je vais arranger cela ».

Et Il arracha à Adam une côte du côté droit et la jeta au loin. Un des démons se mit à rire. « Pourquoi ris-tu, lui demanda Dieu ?

  • A cause des poils !
  • Quels poils ?
  • Ceux qu’il a sur la tête, au menton, sous les bras et en bas du ventre.
  • Sur la tête, c’est exprès, c’est pour protéger le cerveau du soleil mais les autres, c’est une étourderie, je n’ai pas fait attention que des poils du singe dépassaient de l’argile. Tant pis, ils resteront comme cela, je ne recommence pas ».

Puis il prit Adam et Eve par la main et leur dit : « Voilà, vous êtes mari et femme, tout ce qui est autour de nous vous appartient. Je vous ai fait naître dans un endroit très confortable qu’on appellera un paradis. Les anges et les démons vous serviront, ils vous protégeront des animaux sauvages et des embûches de la nature, vous n’aurez rien à faire qu’à manger, dormir, vous amuser, jouir et procréer. Vous vieillirez dans la joie, le bonheur, la tranquillité et un jour PFOUIT vous mourrez de façon très agréable et il ne restera rien de vous sinon votre descendance. Les anges vous expliqueront tout cela.

  • Comment aurons-nous une descendance ? s’enquit Adam.
  • C’est très simple, répondit Dieu en plaçant le premier homme et la première femme face à face, regardez-vous. Que voyez-vous ?
  • On n’est pas fait pareil, dit Eve qui avait l’esprit plus vif que celui d’Adam.
  • Oui, dit Adam, moi j’ai des trucs qui pendent en bas du ventre. Elle, elle a deux bosses sur la poitrine et n’a rien entre les jambes.
  • Si, elle a un trou où tu mettras un de tes trucs. C’est étudié pour vous donner beaucoup de plaisir.
  • Mais mes trucs sont tout mous, je ne pourrai jamais en mettre un dans son trou.
  • Cherchez, cela vous amusera. Et quand vous vous serez bien amusés, ta femme pondra un ou plusieurs enfants. C’est la raison d’être de tes trucs et de son trou que vous appellerez des sexes. Bon je suis fatigué, je vais dormir dans les nuages. Je vous confie aux bons soins des anges ».

Et Dieu se retira.

Histoire du cahier. L’ange venait trouver le Marquis la nuit et le matin celui-ci notait ses paroles sur ce cahier. Il le laissait sous son lit. Un jour lorsque l’ange n’eut plus rien lui dire Jésus Pierre Ponce Gaspard de Montrou repartit à la recherche de nouveaux trésors, témoins de l’histoire et il oublia le cahier. Sa femme de chambre le trouva en faisant le ménage. Elle l’emporta dans sa chambre et le lut. A la fin de sa lecture elle l’entreposa sous son matelas. Lorsqu’elle fut congédiée en 1940 pour causes de déclaration de guerre et de baisse des revenus, comme elle n’était pas honnête, elle l’emporta dans ses bagages.

Sa nouvelle patronne trouva le cahier et le lui confisqua parce qu’il était en désaccord avec la Bible. Elle le montra à toutes ses connaissances qui désapprouvèrent son contenu et lui conseillèrent de le brûler. Elle n’osa pas de peur, quand même, de commettre un sacrilège. Son confesseur, l’abbé né Dictine, l’en débarrassa. Il le garda pour s’amuser et amuser ses confrères. En 1953, lassé du célibat et sans espoir de promotion dans la hiérarchie il se défroqua pour se marier et courir la gueuse tout à son aise. En 1990, son fils, qui avait hérité du fameux cahier, entendit parler par hasard du Musée Déliran auquel il fit don de ce trésor à titre de dation pour payer ses droits de succession.


La côte d’Adam

Publié le 23 02 2018

Origine de l’os : D’après l’ange Cédumiel, Dieu a créé l’homme sans âme et mortel. Le jour de sa création, un ange lui a fait remarquer que lorsque Adam serait mort, le Paradis serait vide. Alors Dieu a arraché une côte à Adam et elle lui a servi à créer la femme dans le but de donner une descendance à sa créature afin que le paradis soit toujours occupé.
Un autre ange a fait remarquer que, avec une côte manquante, l’homme était bancal. Heureusement, sans cela nous aurions la poitrine de travers avec une côte de plus a droite qu’à gauche, car pour créer la femme, Dieu a pris une côte à Adam du côté gauche, celui du cœur ( Il aurait mieux fait de la prendre du côté droit, celui de la raison).Pour le redresser, Il a donc arraché la côte symétrique et l’a lancée au loin, mais pas si loin que cela, puisqu’elle est tombée sous le poirier d’Adam. Elle y est restée et s’est desséchée au soleil pendant les quelques années que le paradis a fonctionné. Adam qui était paresseux comme une couleuvre l’a laissée en place jusqu’à ce qu’il soit chassé de ce Paradis. Curieusement, l’ange qui était chargé du ménage n’y a pas touché non plus. Ensuite l’os est resté à sa place lorsque le Paradis a été recouvert de sable.

Histoire de l’os : Du côté de Sakäka, le Docteur Otto Prémingherfeld en fouillant le sable, qui recouvrait le Paradis, sur les lieux du pommier d’Eve et du poirier d’Adam a découvert en même temps que l’épluchure de la pomme d’Eve et la poire d’Adam, ce vestige magnifique : la côte d’Adam mise au rebus pour cause de dissymétrie.

Par la méthode de superposition du thorium-230 et du carbone-14, améliorées par Johnson et Hirsch, cette découverte fondamentale permet de dater très exactement la création de l’homme au 01/01/66 666 Av. JC, ce qui coïncide avec les révélations de l’ange Cédumiel.
Le Docteur Otto Prémingherfeld en revenant en Europe, par esprit patriotique et pour faire plaisir à Hitler qu’il aimait bien, a fait don de sa découverte au Musée d’Histoire Naturelle de Bamberg en Allemagne. Malheureusement, un employé de laboratoire distrait a mis la côte aux ordures en le prenant pour un vieil os mal léché par l’ours du zoo.
Heureusement, le Marquis d’Eliran qui était dans cette ville pour écouter la symphonie Bamberg de H.G.W. Shultz interprétée par l’orchestre municipal et philharmonique de Tsirana sous la direction de Kurt Oldhouse, en fouillant la poubelle du Muséum, comme il le faisait de toutes les poubelles des organismes scientifiques, a trouvé la côte d’Adam dûment étiquetée. Il s’est empressé de rentrer en France pour mettre le précieux vestige du premier homme à l’abri dans son château. Il l’a placé l’os dans une armure du treizième siècle où il est resté jusqu’à la vente du château.
Le nouveau propriétaire en inspectant l’armure a découvert l’os et de nombreux autres objets trouvés et rangés là par le Marquis d’Eliran senior. Ignorant sa valeur, il a tenu cet os plat comme un boomerang et l’a lancé par la fenêtre ouverte. L’os a plané, est revenu vers le château, a cassé le carreau d’une fenêtre, pour finir sa course contre la tête du nouveau garde-chasse, Hugo de la Hure, qui visitait le bâtiment.
Hugo de la Hure, très en colère, a ramassé sa casquette, a regardé par la fenêtre pour savoir qui avait bien pu lui envoyer cet objet. Ne voyant personne dans la cour du château il a cru que c’était un  message céleste. Il a observé la côte de plus près et a lu, écrit à l’encre de Chine à même l’os : « Côte d’Adam, 01/01/66 666 Av. JC. ». Alors, il s’est rasséréné.
Hugo avait besoin d’argent. Les sachant religieux, il a proposé le vestige à de très riches Américains pour la très modique somme de dix millions de dollars. Ceux-ci ont décliné l’offre en disant que pour ce prix-là, cela ne pouvait pas être la vraie côte d’Adam. Désespéré et traqué par le remord, Hugo s’est alors tourné vers le Marquis d’Eliran Junior qui a bien voulu lui acheter l’objet, que vous admirez aujourd’hui, pour trois francs six sous.
Quelle merveilleuse aventure pour une côte ! Son histoire a fait le tour de France


L’œil qui était dans la tombe et regardait  Caïn

Publié le 08 02 18

Histoire de l’objet : En s’inspirant de la bible, Victor Hugo a raconté l’histoire de cet œil dans son poème La Conscience que l’on trouve dans le recueil La Légende des siècles. Elle commence après que Caïn, un des fils d’Adam et Eve, eut tué son frère Abel pour une question de mariage d’après la bible, mais en réalité pour une question d’héritage. Le poème commence ainsi :

Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une immense plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,

…………………………………………………

Voilà l’objet, l’œil que Dieu envoie à Caïn pour le punir de son crime. Il ne le lâchera plus malgré tous les efforts de Caïn pour s’en débarrasser, comme le raconte si bien VH. D’abord il fuit pendant un mois, sans arrêt,  par monts et par vaux, avec sa famille, mais l’œil le suit.

Il veut se cacher dans une tente, – ce qui n’est guère épais, évidemment – et l’œil est dans l’abri. On le met derrière un mur de bronze, – même pas fermé – l’œil est à côté de lui, évidemment. On construit une ville fortifiée monstrueuse, comme celles qu’on voit dans les films qui veulent faire peur, avec des murs très épais, et au milieu un donjon énorme, dans lequel on met le malheureux Caïn. L’œil est encore là, évidemment . Il demande qu’on l’enferme dans un caveau sous terre :

………………………………………………….

On fit donc une fosse, et Caïn dit : « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre ;
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

Une remarque d’abord : Caïn n’était pas très malin, il aurait dû savoir que Dieu qui est tout puissant pouvait faire entrer son œil n’importe où !

Quand il se vit tout seul avec l’œil il voulut fuir à nouveau. Il appela, cria, hurla, pour qu’on le sorte de sa prison souterraine. C’était trop tard. Mis à part Dieu personne ne pouvait l’entendre. La construction était étudiée pour. Alors il devint fou et n’eut plus peur de l’œil. Il le caressa, l’embrassa, joua avec à la balle, au foot, essaya de le gober, de le briser sous son pied, de le cacher entre deux pierres. Puis une longue agonie commença. Juste avant de mourir, il eut un éclair de lucidité pendant lequel il regretta sincèrement son crime. Il a expié et s’est repenti. Il est donc allé directement au paradis où il a retrouvé son frère Abel. Là, ils jouent souvent ensemble au ping-pong.

Dieu, très content d’avoir trouvé cette idée d’œil pour troubler Caïn, l’a observé et s’est amusé à ses dépens jusqu’au moment où celui-ci a perdu la raison. Lassé il l’a abandonné à son sort. Il avait autre chose à faire que de rigoler : il devait préparer le déluge. En s’éloignant, distrait comme d’habitude, il a oublié l’œil dans la tombe de Caïn. C’est grâce à cette étourderie que nous pouvons admirer cet objet aujourd’hui.

Origine de l’objet : l’œil, oublié par Dieu, est resté pendant des millénaires dans la tombe de Caïn à côté de son cadavre desséché quelque part au Moyen-Orient. En 1303 a eu lieu le tremblement de terre qui a détruit le phare d’Alexandrie. Son épicentre a été voisin de la tombe de Caïn. Un soulèvement de terrain à cet endroit a éventré le tombeau et fait surgir à la surface du sol le cadavre momifié par la sécheresse et l’œil. Un jeune berger, Mohamed, qui passait par là avec son troupeau a évité la momie car on en trouvait en abondance dans cette région, mais il a ramassé l’œil pour jouer avec. Son père, qui eut conscience que cet objet avait quelque chose de magique et peut-être même de divin, confisqua l’objet, l’adopta comme talisman, l’enfouit dans une pochette de cuir et s’en fit un pendentif qu’il ne quitta plus jamais. Ses affaires et sa santé devinrent florissantes. Il en attribua le mérite à l’œil qu’il transmit à son fils qui fit de même.

En 1393 Tamerlan et son armée passèrent par là. Ils coupaient des têtes pour en faire des pyramides. Le petit fils de Mohamed crut échapper à un sort funeste en donnant l’œil qu’il portait en sautoir à Tamerlan lui-même. Celui-ci prit l’œil, le joignit avec soin à son butin et décapita le petit fils de Mohamed pour ajouter une tête à sa nouvelle pyramide. Puis il rentra à Samarkand, sa capitale. Il choisit dans son trésor de guerre un certain nombre d’objets pour les enfermer avec sa dépouille, dans le mausolée qu’il commença à faire construire peu de temps avant sa mort. L’œil en faisait partie.

En 1500 les Ouzbeks prirent Samarkand qu’ils pillèrent un peu. En particulier dans le mausolée de Tamerlan ils s’emparèrent de l’œil et le revendirent à des marchands qui suivaient la route de la soie vers la Méditerranée jusqu’au port d’Antioche. Là un marchand vénitien acheta l’œil, le rapporta à Venise et le vendit à un riche aristocrate, propriétaire d’un magnifique palais le long du Grand Canal. Il le plaça dans une vitrine de sa salle à manger. Il y resta jusqu’à la conquête de Venise par Napoléon en 1797. La propriétaire du lieu l’offrit à un grenadier de passage dans son lit, en remerciement de son amabilité. A son retour en France ce dernier le donna à sa maman comme souvenir d’Italie.

Elle le garda longtemps, puis le vendit au père de Madame de Girardin. Celle-ci rendit visite à Victor Hugo en exil à Jersey. Elle lui apporta en cadeau l’œil qu’elle avait volé à son père, car elle savait que son hôte était friand de ce type d’objet macabre qui lui facilitait le contact avec l’au-delà dans ses séances de spiritisme. C’est d’ailleurs grâce à cette activité, que l’on connaît avec précision l’histoire de cet organe, isolé dans un monde de brutes. Elle lui fut révélée par les mânes de sa fille Léopoldine. Lorsque VH, chassé de Jersey, emménagea à Hauteville-House à Guernesey, il plaça l’œil sur une rainure de son écritoire devant la fenêtre face à la mer. De temps en temps, dans ses moments d’abandon, il le regardait, le caressait. C’était pour lui une source d’inspiration. En général il le cachait à la vue de la plupart de ses visiteurs en le masquant avec son chausson. A la mort de Napoléon III, il le rapporta en France. A son décès, en 1885 une partie de son mobilier fut déménagé par ses héritiers.

En passant rue de Rivoli, sous l’action des chaos, une des caisses, mal arrimée, tomba de la voiture de déménagement. Le cocher ne s’en aperçut pas. Un malandrin qui passait par là s’en empara et l’emporta dans son galetas où il en fit l’inventaire. Il trouva l’œil et le papier où était écrite son histoire. Il vendit le tout à un brocanteur pour une bouchée de pain. Un ancien soldat, Onésime Helmandure, qui avait perdu un oeil à la guerre de 1870 l’acheta et le mit dans son orbite vide. Il lui allait comme un gant et même mieux puisqu’il avait l’impression de voir avec. Il garda le papier qu’il enferma dans une boîte à gâteaux métallique qui lui servait de coffre-fort. Cet ancien militaire, pensionnaire des Invalides s’ennuyait. En juin 1910, il répondit à une petite annonce du journal « Hier et Demain » pour devenir jardinier dans le parc du château du Comte de Micomébond à Soisy sous Chantepelure dans la région parisienne. Il se présenta à l’intendant du château, qui, pour s’assurer de la robustesse de son futur jardinier, lui donna un grand coup dans le dos. Sous la secousse, l’œil sortit de l’orbite de l’impétrant et tomba sur le sol. L’intendant dit : « Monsieur le comte n’emploie pas d’Invalide ». « Je ne suis pas invalide », répondit Helmandure, et il ajouta en remettant son œil à sa place : « cet œil est a une histoire, il est très précieux, je peux vous en apporter la preuve ». « Bien », dit l’intendant, « je vais en parler au comte, revenez demain à dix heures avec votre preuve ». Ce que fit Onésime. Il fut embauché à condition de donner l’œil et le papier au comte qui pensait à en faire cadeau à son ami le Marquis d’Eliran. Ce qu’il fit quelques jours plus tard. Le marquis, fou de joie, entreposa l’objet dans une bassinoire avec le papier où figurait l’histoire complète de l’œil. A la vente du château de son père, Jésus-marie Pierre Ponce jeta la bassinoire qui était en fer forgé rouillé, donc sans valeur, et garda l’œil et le papier pour les exposer ici. Malheureusement, après avoir recopié au propre le papier qui expliquait l’origine de l’œil, dans un moment de distraction, il enveloppa dedans son sandwich jambon-beurre-cornichon et l’abandonna dans un coin pour trousser sa vieille amie  Nini pot d’Chien. Les rats et les souris en profitèrent pour bouffer le tout. Il ne put sauver que le petit morceau du document que vous voyez ici !

Question posée souvent : Comment explique-t-on que cet objet ait duré si longtemps, en si bon état ?

Son origine divine le rend indestructible. On est frappé par son contact et son aspect qui sont ceux d’un objet vivant alors qu’il est dur comme de la pierre. De plus quand on le prend en main, il donne à celui qui le tient une énergie étonnante doublée d’un sentiment d’immortalité. Mais gardez secrète la connaissance de ces pouvoirs, car des gens fortunés voudraient l’acheter, et des gens sans scrupule pourraient le voler pour le revendre.


Epluchure de la pomme mangée par Eve.
Poire du poirier d’Adam.

Publié le 22 01 2018

Origine des objets : L’épluchure de pomme et la poire desséchée sont tous les deux des vestiges du Paradis Terrestre (voir la Bible).

Histoire des objets. Le Marquis après qu’il eût entendu le récit de l’Ange Cédumiel** pensa qu’une épluchure de pomme, protégée par une épaisse couche de sable, devait toujours exister. Il se mit en quête d’un radiesthésiste pour connaître le lieu exacte où elle se trouvait. On lui en indiqua un, Siegfried Schwarstz de fameuse réputation qui habitait au soixante-neuf de la Pfenistrass à Cologne. En 1936 il s’y rendit avec une mappemonde. Il fut bien accueilli par l’homme de l’art à qui il expliqua son projet. Celui-ci fit osciller son pendule au-dessus du globe terrestre. Au bout de quelques jours il résolut le problème. Il assura au Marquis que l’objet de sa quête se trouvait dans l’un des déserts de la péninsule arabique du côté de Sakäka.

Le Marquis n’avait pas envie de voyager si loin.  Siegfried Schwarstz le mit en relation avec un célèbre archéologue qui revenait d’Egypte, le Docteur Otto Prémingherfeld. Ce dernier fut enthousiaste à l’idée de chercher et de trouver des vestiges du Paradis terrestre. Il donna son accord pour diriger une expédition financée par le Marquis d’Eliran. Il partit pendant l’hiver 1937 vers  Sakäka avec une caravane de dix-huit chameaux et vingt cinq dromadaires, deux tonnes de matériel qui comportait entre autre de quoi faire de la soupe sans eau et le plan précis, établi par le radiesthésiste, du lieu à creuser pour trouver les vestiges de la dispute entre Adam et Eve**.

Six mois et des tonnes de sable plus tard, le Docteur Otto Prémingherfeld rentra en Europe. L’expédition avait été un succès total. L’archéologue débarqua à Marseille. Il traversa la France pour apporter lui-même au château d’Eliran ce que nous voyons aujourd’hui dans ce musée, une poire momifiée trouvée sous le poirier d’Adam et l’épluchure desséchée de la pomme épluchée par le démon sous le pommier d’Eve**.

Le marquis exulta. Après les avoir soigneusement étiquetés, comme toujours, il plaça avec respect ces vestiges qui lui avaient coûté si cher dans une bassine à confiture où se trouvait déjà le string en dentelle de Calais de Marie-Antoinette lorsqu’elle était prisonnière à la Conciergerie. En 1963, la femme du jardinier, qui voulait faire des confitures vola subrepticement la bassine et son contenu. Après l’avoir lavée, elle fit son ménage avec la culotte de Marie-Antoinette et parce qu’elle les trouvait jolis, elle posa les deux autres objets sur la cheminée de la salle à manger, sous une cloche en verre, contre l’avis de son mari.

En 1983, devenu veuf à la suite de l’assassinat de sa femme, le jardinier vendit la poire et l’épluchure, sans la cloche, à un brocanteur de passage pour une bouchée de pain. En 1984 Jésus Pierre Ponce rencontra par hasard ce dernier et, pour un bon prix, lui racheta les vestiges qu’avaient connus nos premiers ancêtres pour les placer ici.

*Pour en savoir plus sur la création du musée et son créateur, cliquer ICI.

** Pour plus de précision sur l’Ange Cédumiel et sur la vie au Paradis terrestre consulter l’ouvrage : Pourquoi le monde est monde de Maurice Emileli.