Chronique 41 du vendredi 15 juin
Les capitalistes et les désintéressés
Je n’ai pas eu une adolescence de tout repos. Mes parents s’étaient séparés et quand ils se retrouvaient c’était pour continuer une éternelle dispute homérique à propos d’argent où parfois j’étais pris à partie. Un jour qu’ils m’avaient mis en colère je leur lançais : « laissez-moi tranquille, je n’ai pas demandé à venir sur la terre ! » sous entendu : « lâchez-moi la grappe, ce n’est pas de ma faute si je suis là et si je suis ce que vous me reprochez d’être ». Mon père cria : « le voilà maintenant qui nous reproche de l’avoir mis sur la terre ». Et oui ! Je leur fais toujours ce reproche même si je suis plus heureux qu’à l’époque et si je leur ai trouvé depuis des circonstances atténuantes.
Naître c’est être tiré du néant au sens propre sans qu’on n’ait rien demandé. On se trouve projeté dans un monde sauvage à notre grand étonnement. Notre naissance est due au hasard qui détermine notre lieu, notre milieu, nos conditions de naissance. On peut être enfant de milliardaire américain et d’un mannequin d’une beauté à couper le souffle ou enfant du Sahel procréé lors du viol par un affreux bestial d’une malheureuse pendant une guerre. Alors qu’ils n’ont rien demandé ils doivent se soumettre. Partout les enfants doivent obéissance à leurs parents et à la société qui les ‘accueille’. Ils doivent se conformer à leurs dictats sous peine de s’attirer de graves ennuis.
Dans nos sociétés occidentales, les enfants sont scolarisés et un des buts de cette scolarisation, dit-on, est de leur apprendre à réfléchir et de développer leur esprit critique avec toutefois l’espoir qu’ils ne s’en serviront pas trop. C’est aussi un moyen de leur inculquer l’amour et l’admiration de notre civilisation par l’intermédiaire de ce qu’il est convenu d’appeler la culture. C’est enfin un moyen de les dresser, de leur apprendre à obéir, de les couler dans un moule pour qu’ils trouvent leur place comme rouage d’une pompe à fric, sinon avec plaisir, du moins sans trop rechigner dans la société, quand ils seront adultes avec cette arrière pensée des riches jamais formulée : « nous espérons que tous ces nouveaux nés seront intelligents, bien élevés et contribueront à nous enrichir ».
Une place pour chaque personne, une personne pour chaque place, et les vaches seront bien gardées ! Sauf qu’à cause de leur avidité les riches laissent de moins en moins de places pour chaque personne !!
Ça marche bien avec les individus, garçons ou filles, taillés sur mesure pour adopter les valeurs qu’on leur inculque. Un certain nombres d’autres repère la contradiction qui existe entre l’acquisition d’un esprit critique et l’approbation sans réserve d’une façon de vivre et de penser que veut imposer la société. Ce sont des esprits rebelles qui, s’ils persistent, sont rejetés par la société. On dit alors qu’ils se marginalisent. 1968 a été l’âge d’or de la rébellion chez les jeunes occidentaux quand un petit noyau d’irréductibles contestataires a réussi à entraîner dans sa révolte contre une certaine façon de vivre une majorité de jeunes qui se sont ralliés temporairement à leur point de vue.
Au cours de mon existence, tant dans ma scolarité qu’au service militaire et dans ma vie d’adulte, j’ai côtoyé une majorité d’individus qui approuvent sans réserve ce qu’on leur a inculqué : respect des parents, respect des règles et des valeurs sociales, amour de la compétition, admiration des riches et des puissants, ambition sociale et appétit financier. Je ne dis pas qu’ils ont tort ! En général, ils sont issus de familles qui sont apparemment stables, parfaitement intégrées dans le système et qui savent en profiter. C’est pour eux une attitude naturelle. D’autres veulent réussir dans un esprit de revanche, par orgueil, ou parce qu’ils ont particulièrement bien intégré l’esprit de compétition, si naturel pour certains, dont on leur serine les vertus depuis la plus tendre enfance. Les uns comme les autres ne se posent pas de questions philosophiques sur la légitimité de leur obéissance aux dictats de la société : elle va de soi. D’autres encore, par une sorte d’hypocrisie, font semblant de s’accorder aux impératifs sociaux pour profiter du confort offert par le progrès : belle maison ou bel appartement avec tout ce qu’il faut dedans pour se sentir à l’aise, belle bagnole, belles fringues, etc. avec en plus un(e) bel(le) époux(se).
Et puis il y a les autres qui n’ont pas pu, pas su ou pas voulu monter dans le train de la réussite et qui vivotent des miettes que leur concèdent les nantis. Parmi eux il y a ceux qui ont choisi cette situation, les rebelles, qui pensent : « je n’ai pas demandé à exister, je me trouve arbitrairement sur la terre et je ne vois pas pourquoi je devrais me soumettre à un autre arbitraire qui me dicterait ma conduite. Je ne dois rien à la société. Jusqu’à nouvel ordre, puisque je suis là, que je n’ai pas envie de me supprimer et qu’on fait tout pour m’en empêcher, je continue à vivre, mais qu’on ne me demande pas de faire du zèle. Du monde, je me désintéresse de ses valeurs, de ses pompes et de ses œuvres. A la limite je veux bien agir pour mériter ma nourriture, mes fringues, mon abri pour vivre, mais qu’on ne m’en demande pas plus. Je ne vois pas pourquoi je me casserais la tête à réaliser des choses ennuyeuses que je n’ai pas envie de faire pour enrichir davantage des riches alors qu’on ne m’a pas demandé mon avis pour me mettre dans cette galère. D’ailleurs, puisque la société trouve normal que des gens en exploitent d’autres je n’ai pas à avoir de scrupules à vivre à ses dépens de façon tout à fait pacifique ».
C’est en partie le fond de la pensée de jeunes de divers mouvements qui ne veulent pas s’intégrer dans la société en courant après les honneurs, comme les hippies ou les anarchistes même si elle ne s’exprime pas clairement de cette façon. Ils veulent faire ce qu’ils ont envie quand ils en ont envie. Leur devise est : « vive la liberté » ou « chacun pour soi et Dieu pour tous » ou « vive l’individualisme » ou « je ne veux pas perdre ma vie à la gagner ». D’une certaine façon ils sont désintéressés. Ont-ils tort, ont-ils raison ? C’est évidemment indécidable.
Pourquoi n’entraînent-ils pas davantage de monde dans leur sillage? C’est une bonne question ! On peut formuler quelques hypothèses pour y répondre.
Les initiateurs de ces mouvements sont surtout des étudiants en lettres. Ils savent plus que d’autres manier le verbe. Leurs études les ont armés pour dénoncer les préjugés, les idées toutes faites et pour fabriquer des utopies. Les gens modestes qui n’ont pas eu la chance de faire des études poussées et qui, comme on dit, ont les pieds sur terre, restent mentalement dans la morale traditionnelle, même s’ils ne la respectent plus. Ils se méfient des idées nouvelles ou subversives qu’ils trouvent trop dangereuses pour en suivre les initiateurs et une société qu’ils conçoivent comme désordonnée leur fait peur.
D’une façon générale les êtres vivants ne veulent pas mourir. C’est ce qu’on appelle l’instinct de conservation. Il faut du courage ou de l’inconscience pour se marginaliser car c’est une sorte de suicide social qui précède le suicide réel dû aux difficultés d’existence, aux privations et à l’utilisation de drogues pour fuir un monde qu’ils réfutent. Peu de gens mûrs sont prêts à prendre ce chemin de sang-froid.
Les religions nous expliquent que nous sommes sur terre pour en baver et qu’il n’est pas bon de se soustraire à la loi divine, à moins de se marginaliser suivant les règles imposées par la religion en devenant moine. On quitte alors une vie soumise à un arbitraire pour tomber dans un autre.
Les riches n’épousent pas l’idée que notre venue sur terre n’est pas un cadeau surtout s’ils s’appuient sur une religion pour penser ou pour se dispenser de penser. Ils s’estiment très heureux d’être vivants et de la vie qu’ils mènent. Ils pensent qu’elle est dans l’ordre des choses. Sauf cas très rares ils ne veulent pas abandonner leur confort et leurs pouvoirs pour une vie inconfortable sauf s’ils se sentent une vocation mystique. Pour eux, l’attitude des gens désintéressés reste un mystère. Ils les prennent pour des malades mentaux. Ils les méprisent. Ils leur arrive de les combattre par police interposée, quand ils se rassemblent en mouvements qu’ils disent subversifs, comme le mouvement hippie des années soixante, car ils craignent que leur attitude contestataire face tache d’huile et mette en péril leur mode de vie qu’ils considèrent légitime. Pourtant, ils n’ont pas à s’inquiéter. Un chariot qui sort des ornières finit toujours par y retomber. Sur le long terme l’expérience montre que beaucoup des jeunes qui voulaient vivre autrement ne tiennent pas le coup et que pour se nourrir et profiter du confort que leur offre la civilisation ils admettent, peut-être à contre-cœur, d’être récupérés par la société qu’ils voulaient ignorer.
Mais après tout, ce besoin de liberté, cette envie de vivre à sa façon, autrement, ne sont-ils pas légitimes surtout quand on pense d’où nos venons ? Qu’est-ce qui nous empêche de les réaliser ? La réponse est simple : les riches qui, eux, vivent comme ils l’entendent. Par bêtise, par égoïsme, par avidité, ils confisquent les richesses du monde à leur profit au lieu de les laisser se répartir équitablement. Ils possèdent les moyens de punir les rebelles. Ils sont en cela aidés par leurs parasites : les économistes, les moralistes, les religieux de toute acabit et les politiques. D’aucuns nous disent que ce système, un jour, s’écroulera. Quand ? C’est indécidable !
Les riches se méfient des gens désintéressés. Ils les inquiètent car ils peuvent mettre en danger le système de valeurs qui les porte. Ils les méprisent car ils ne respectent pas le pouvoir, l’argent et l’or. Pour se rassurer ils les assimilent aux malheureux que leur avidité a contribué à mettre sur la paille.
Un exemple d’idée fausse : la recherche
S’il y a un domaine qui montre l’état d’esprit des riches envers les gens désintéressés c’est bien celui de la science. Ils portent aux nues la science dite appliquée et la subventionnent dans l’espoir d’en tirer un bénéfice sonnant et trébuchant, autrement dit des dividendes et méprisent la science fondamentale désintéressée qu’ils laissent financer par les états en râlant contre les impôts qui l’aident à vivre. Ils ne savent pas ou ils ne veulent pas savoir que toutes les grandes découvertes scientifiques ont été faites par des gens désintéressés qui voulaient simplement répondre aux questions qu’ils se posaient sans esprit de lucre. Un seul exemple : sans savants désintéressés le transistor n’existerait pas, on aurait des ordinateurs monstrueux qui fonctionneraient avec des lampes minuscules qui consommeraient des quantités invraisemblables d’énergie.
Les découvertes de la recherche fondamentale sont publiées sans interdit et libres de droit. Il y a des malins, des opportunistes, qui savent les piller pour augmenter les dividendes des entreprises, sans contribuer à sa vie ou même à sa survie.
Il existe aussi des gens naturellement généreux qui, sans se poser de questions, se rendent utiles sans rien demander en échange. Ce sont les bénévoles. Les riches encouragent hypocritement le bénévolat quand il remplace le salariat et lorsqu’il n’entre pas en concurrence avec le mercantilisme car il ne leur coûte rien : il ne contribue pas à faire baisser les dividendes. Il n’empêche que s’ils en adorent le principe ils en mésestiment les acteurs.
Les riches savent exploiter les gens désintéressés. Ils savent les encourager en leur distribuant des médailles, ce qui ne les empêche pas de les craindre un peu car ils montrent un mauvais exemple et de les mépriser beaucoup.
Les riches font feu de tout bois.
Chronique 42 du vendredi 29 juin 2018
les multinationales
Pour le sens commun une multinationale est une entité commerciale monstrueuse qui écrase les sociétés à la manière d’un char d’assaut. Comme disent les intellectuels, c’est plus compliqué que ça ! Une multinationale estune entreprise qui exerce son activité dans au moins deux pays. Il y a des petites multinationales qui vivotent et les grosses qui écrasent. Pour les Français il y a les bonnes multinationales, les françaises, et les méchantes, les étrangères, en particulier les états-uniennes. C’est vrai que pour l’instant, en France, ce sont ces dernières qui sont les plus virulentes, comme on le dit des bactéries pathogènes.
Origine
Depuis l’origine des temps des échanges ont eu lieu entre des lieux éloignés de la planète. Les archéologues préhistoriens découvrent des bijoux, des poteries, des tissus, des armes dans des tombes à travers l’Europe très loin de leur lieu de fabrication. Il y avait des gens entreprenants, aventuriers, courageux qui avaient le goût du troc. C’étaient des multinationaux avant l’heure. Le commerce international ne date pas d’hier mais il a pris aujourd’hui une importance considérable. Il est devenu la règle. Par exemple en France, à part les produits agricoles, et encore, nous ne produisons presque plus rien de ce que nous consommons. Nous l’importons. Plus ça va et plus le nombre de fabricants purement français diminue sur notre sol. Nous sommes envahis par les multinationales et leur production. Mais qu’est-ce qu’une multinationale ?
Un jour, quelque part en occident, mais souvent aux USA pays dit de la libre entreprise, un type dynamique invente un truc qui se vend bien. Il fait appel à une banque pour étoffer son entreprise et lui donner de l’ampleur. Elle s’agrandit. Il l’introduit en bourse. Elle a maintenant des actionnaires. C’est le succès. L’inventeur devient millionnaire avant la guerre de 1939 et milliardaire aujourd’hui. Cela peut être l’histoire d’un pharmacien qui invente au dix-neuvième siècle une boisson à base de coca et de cola ou bien celle d’un étudiant qui hier trouve un moyen de communiquer simplement avec un ordinateur. Comme l’appétit vient en mangeant le type en question et les actionnaires ne se trouvent jamais assez riches. Ils deviennent boulimiques de fric. Comme il ne sont pas bêtes ils font appel à des professionnels de la gestion des entreprises pour faire fructifier la leur. La concurrence est rude il faut se défendre, et puisque la meilleure défense est l’attaque alors on combat le concurrent. La philosophie, le bien-être de l’humanité, l’honnêteté, ils ignorent tout occupés qu’ils sont de leur petite personne et de leur porte-monnaie. Aussi ils ne sont pas très regardant sur la moralité de leur personnel pourvu que les dividendes restent à un niveau élevé, disons quinze pour cent aujourd’hui, et que les magouilles restent discrètes. Les gestionnaires sont grassement payés. Ils tiennent à leur place. Il faut qu’ils plaisent. Ils doivent donc assurer la régularité des revenus de leurs employeurs. Comme ils sont aussi dépourvus de scrupules qu’eux ils ne sont pas très regardant sur la méthode pour assurer les bénéfices.
Arrivé à ce stade de développement, pour augmenter les dividendes, l’entreprise doit s’étendre, c’est à dire sortir des frontières de son pays d’origine pour étendre son champ d’action. Elle devient une multinationale. Ses dirigeants sous l’impulsion des actionnaires oeuvrent pour « conquérir de nouveaux marchés ». Un obstacle à cette extension a été jusqu’en 1947 constitué par les Etats qui voulaient protéger leurs producteurs nationaux de la concurrence plus ou moins honnête des multinationales en puissance. A cette date les hommes politiques états-uniens se sentaient les maîtres du monde sur le plan militaire et économiques. Poussés par leurs capitalistes ils ont voulu étendre les principes du libéralisme économique à l’ensemble de la planète pour que leurs entreprises puissent fourguer leur coca-cola et se sentir comme des poissons dans l’eau dans tous les pays et devenir de véritables multinationales. Ils l’ont fait à travers une vague institution qu’ils dominaient, le GATT. Ils ont imposé la baisse des droits de douane sur les marchandises qu’ils exportaient, la libre circulation des capitaux et la possibilité d’exploiter les ressources naturelles des pays pauvres sans contrôle.
En 1995 l’OMC a succédé au GATT. Elle a renforcé les mesures de libéralisation du commerce pour arriver à ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation. Elle a essayé d’imposer à tous les pays l’affaiblissement du contrôle des Etats sur leur économie et la privatisation de tout ce qui peut rapporter du fric aux actionnaires des entreprises, multinationales ou non, comme par exemple la santé ou les transports en prétextant :
1) que la gestion privée est meilleure que la gestion publique,
2) que l’intervention des états dans l’économie faussait la sacro-sainte loi du marché et faisait du tort à ces pauvres riches !
C’est devenu l’âge d’or des multinationales et par conséquent de leurs actionnaires.
On a vu que les multinationales ont des moyens légaux (chronique 37) d’enrichir leurs actionnaires. Grâce aux lobbies qui influencent les politiques elles peuvent rendre légal dans certains Etats ce qui ne l’est pas pour étendre leur champ commercial. C’est là qu’on retrouve notre image guerrière du char d’assaut.
L’action des multinationales
Hitler avait promis à ses actionnaires, son peuple, au nom duquel il disait parler, le paradis sur terre en élargissant son espace vital et en mettant à sa disposition les ressources et les bras des habitants des pays qui entouraient l’Allemagne. Pour cela il a envisagé la guerre. Il a fait construire des chars d’assaut et les a envoyés à la conquête de l’Europe. Le chef de char obéissait à ses supérieurs qui obéissaient à leur général qui obéissait à Hitler qui lui-même était censé obéir à son peuple puisque la guerre était faite pour lui procurer le bonheur. Le chef de char avait pour mission de conquérir par tous les moyens des territoires, mais aussi d’écraser les gens, ces minables des autres pays, de tirer sur tout ce qui bougeait et de détruire ce qui ne pouvait pas être utile au peuple Allemand. Enfermé dans sa caisse d’acier il ne voyait rien des misères qu’il provoquait. Il y était indifférent. Il en était de même pour Hitler qui vivait loin des combats. Le chef de char semblait tout puissant jusqu’au moment où il a rencontré d’autres chars. On connaît la suite …
Les multinationales sont comme des chars d’assaut, envoyées à la conquête du monde par les actionnaires pour se gaver de fric en exploitant et vendant tout et n’importe quoi. Dans ce qu’on appelle la guerre économique, elles écrasent tout sur leur passage, les gens et les choses. Peu leur chaut de réduire des gens à la misère en les mettant au chômage, en les réduisant en esclavage ou en les empoisonnant. Pour le moment la plupart de ces entité sauvages ont pour origine les Etats-Unis; à quand le duel avec les Chinoises ? En attendant tous les moyens sont bons, honnêtes ou malhonnêtes, pour contrer l’action des Etats, conquérir des marchés et tirer un maximum de bénéfices pour les répartir en dividendes. Quand elles rencontrent un concurrent elles tirent dessus à boulets rouges, c’est à dire qu’elles s’arrangent pour le mettre en faillite ou l’absorber pour augmenter leur potentiel de nuisance et se trouver en situation de monopole, bien que ce soit interdit.
Vues de l’extérieur, elles paraissent des monstres froids comme des chars d’assaut. On dit : « les multinationales sont ceci ou sont cela ! ». En réalité ce sont des entreprises humaines, inhumaines, commandées par des individus hommes ou femmes, analogues au chef de char, qui n’ont qu’un seul but : plaire aux actionnaires en les enrichissant toujours plus tout en grappillant pour eux-mêmes des miettes conséquentes de leur action. Tous ces individus, comme les chefs de char vivent dans des milieux protégés loin des méfaits qu’ils produisent et qu’ils ne veulent pas voir.
Le hasard peut faire que certaines de ces entreprises comme les laboratoires pharmaceutiques semblent travailler pour le bonheur de l’humanité. C’est un leurre. Leur seul but est de fabriquer des ‘trucs’ à vendre. Il se trouve que ces trucs sont des médicaments. Mais de récents scandales sanitaires montrent que la santé des gens n’est pas leur véritable priorité. Dans le même ordre d’idée, les multinationales abhorrent le principe de précaution. Quand elles trouvent un ‘truc’ nouveau qui correspond à un besoin précis et qui doit bien se vendre elles le mettent en vente sans précaution quittes à le retirer du marché en se faisant tirer l’oreille si le truc fait des victimes dans les populations.
C’est le cas des nanoparticules de dioxyde de titane qu’on a mis à toutes les sauces sans précaution pour faire briller la marchandise alimentaire industrielle et dont on pense maintenant qu’elles sont toxiques.
En général ce sont les Etats qui réagissent sous l’action de l’opinion publique. Les multinationales n’aiment pas les Etats. Elles souhaitent leur effacement et si possible leur disparition car ce sont (de moins en moins) des empêcheurs de gruger, de voler et d’empoisonner en rond.
Les économistes, ces charlatans, vous expliqueront que les multinationales assurent le progrès de l’humanité, ce qui n’est pas faux à condition de définir la notion de progrès (chronique 39). MAIS ne jamais oublier que le VERITABLE rôle des multinationales n’est pas d’améliorer le sort de l’humanité mais d’enrichir toujours plus les actionnaires qui ne se sentent jamais assez riches.
En ce moment
Et la Chine est sortie de l’ombre, imprévisible, provoquant un effet pervers. Elle a profité des règles promues par l’OMC pour envahir le marché états-unien aidée en cela par les capitalistes du pays qui devaient y trouver leur compte (je ne sais ni pourquoi ni comment, cela demanderait une étude spéciale). Cela a détruit une partie du tissu industriel du pays et mis au chômage des millions de gens exactement comme en France.
Trump qui joue au fou, par sa politique et son attitude tant décriées veut-il sincèrement réparer les dégâts ? Peut-il le faire ?
Chronique 43 du vendredi 13 juillet 2018
Le viol. Une question indécidable
Aujourd’hui comme hier la relation homme femme est difficile. Pour chaque personne elle est le résultat de l’imbrication du biologique, de sa culture et de sa personnalité.
J’ai remarqué que partout dans le monde les hommes, les mâles, ne se sentent pas trop malheureux que s’ils ne sont pas tout en bas de l’échelle sociale, que s’ils ont quelque chose ou quelqu’un à dominer. Pour eux c’est une question de dignité. La femme est une aubaine. C’est particulièrement vrai chez les musulmans et c’est pourquoi ils tiennent tant à la charia. Les misérables sont heureux d’avoir à dominer leur âne et leur femme.
Pour les féministes pures et dures d’aujourd’hui, les femmes sont les victimes des porcs que sont les hommes. C’est vrai que des hommes sont des prédateurs. D’autres se contentent d’être des harceleurs. La vie dans nos sociétés est-elle invivable pour les femmes ou seulement pour des femmes ? N’y a-t-il pas des femmes qui rendent la vie invivable pour des hommes ?
C’est vrai que traditionnellement, ou comme on dit culturellement, dans tous les milieux les femmes sont considérées par beaucoup d’hommes comme une espèce de gibier à traquer qui n’appartient pas à leur espèce. Ils n’ont pas d’empathie pour elles. Cela commence dès l’enfance où des garçons ne jouent pas avec les filles ou seulement pour les brimer. Elles ne sont alors que des cibles pour leurs boules de neige et leurs sarcasmes. Ils arrivent à l’âge adulte avec un sentiment de supériorité à leur égard qui leur paraît comme allant de soi. C’est une sorte de racisme, le machisme. J’ai connu un enseignant mort aujourd’hui qui organisait, il y a longtemps, ce qui m’a paru des viols en réunion. J’étais révolté. Pour lui c’était une occupation badine, naturelle.
Ces mâles pour qui le viol procure une satisfaction éphémère que ce soit sous le coup de pulsions irrépressibles ou non ne soupçonnent pas le mal qu’ils font à leurs victimes qui se débarrassent difficilement du traumatisme qu’ils leur causent. Par manque d’humanité, ils les traitent comme autrefois les paysans traitaient leurs bêtes de somme, sans s’inquiéter des souffrances qu’ils infligent. Certaines femme ne se remettent jamais de leur viol. Des témoignages sur internet en témoignent.
Parmi les idées fausses sur le viol qui traînent dans la société et qui sont dénoncées sur internet, justement, il y a le cas de la minijupe. Le port des minijupes incite-t-il au viol ? Les féministes pures et dures répondent non.
Je dis que c’est une question dont la réponse est indécidable. Pourquoi ?
Qu’est-ce que je crois savoir de la sexualité des hommes, des mâles humains présents sur la terre à tout moment, en tout lieu et à toutes époques ? La courbe ci-contre, montre la répartition de l’envie de baiser (la libido ou le désir) si on pouvait la mesurer dans une population d’hommes nombreuse, telle que je l’imagine à l’aune de ce que j’en connais par expérience et par mes lectures. Cette courbe de répartition, dite courbe de Gauss, est caractéristique de l’étude de la variabilité des caractères biologiques d’un individu à l’autre au sein d’une même espèce. Cette variabilité dans le cas qui nous intéresse étant due probablement au milieu, à la génétique et à la concentration des hormones qui régulent le système. Elle ne tient pas compte des hommes qui profitent de leur pouvoir pour abuser des femmes alors qu’ils ne sont pas portés sur la chose plus que la moyenne.
A gauche du graphique apparaît la fréquence des hommes qui n’ont pas ou peu de vie sexuelle parce qu’ils n’en ont pas envie. Je connais bien la situation, c’est la mienne aujourd’hui : j’admire une jolie fille sexie habillée légèrement qui me frôle comme je considérerais un beau paysage. Je n’ai même pas envie d’y mettre la main. Il n’en était pas de même il y a trente ans, mais il n’y avait que moi qui le savait.
De l’autre côté du graphique figurent les hommes qui sont en permanence tarabustés par une faim sexuelle démesurée qui les obnubile en permanence ou qui ont des pulsions irrépressibles. Cette faim ou ces pulsions peuvent être exacerbées par une mignonne plus ou moins jeune, alerte et court vêtue, qui croise un de ces excités du sexe. Si les circonstances sont défavorables ou si le conditionnement social est fort, c’est à dire l’emprise des interdits est suffisante alors il ne se passe rien. Au contraire, si les circonstances sont favorables, pour peu que l’homme ait un coup dans le nez ou qu’il ait consommé une substance illicite alors il y a passage à l’acte. Ces hommes sont-ils nombreux ? Mystère ! Que faut-il faire pour qu’ils agissent en personnes civilisés ? Il existe des drogues pour les transformer encore faut-il qu’ils en veuillent. Une soupape de sécurité possible est la prostitution mais ce n’est pas sûr.
Il existe un autre danger et non des moindres. C’est celui des violeurs culturels c’est à dire des hommes qui ont été élevés et qui vivent dans un milieu macho dans lequel les femmes sont toutes des salopes, des putes (sauf ma mère et ma sœur, et encore), des objets plutôt que des sujets. Cette dernière idée est menée à son paroxysme dans la prostitution imposée par des hommes qui considèrent la femme comme une marchandise qu’on loue et qu’on vend. Pour eux lorsqu’une femme est coquette et court vêtue, c’est qu’elle a envie de se faire baiser, donc violer. Si l’occasion se présente, il faut sauter dessus !
Sans compter les hommes dits ‘normaux’, qui n’appartiennent à aucune de ces catégories, victimes parfois d’une bouffée de libido insurmontable qui se déclenche sans crier gare à l’occasion d’une fiesta !
Le passage à l’acte est ce qui distingue l’homme civilisé de celui qui ne peut pas dominer l’appel de la bête. Pour en revenir à l’homme psychotique qui a été l’objet de circonstances défavorables et qui a été bien excité par le passage de la belle il se jettera sur le premier boudin venu si les circonstances, cette fois, lui sont favorables.
Maintenant je considérerai la position des femmes, non pas leur sexualité que je ne peux pas évoquer car je ne la connais pas n’étant pas femme, mais je me poserai des questions. Aujourd’hui les présentateurs et les journalistes de la télé ne portent presque plus de cravates mais sont quand même couverts des pieds jusqu’au cou par leurs vêtements. Pourquoi des femmes qui occupent les mêmes fonctions apparaissent-elles les bras nus avec des décolletés plongeants montrant le sillon entre les seins, sans qu’on trouve à y redire ? Est-ce une invitation consciente ou inconsciente à je ne sais quoi ? Pourquoi les faiseurs de mode préconisent-ils ces vêtement ?
A quoi pensent des jeunes filles ou des femmes, plus ou moins coquettes, et plus ou moins belles, qui mettent le matin des minijupes si courtes qu’on voit leurs fesses et la ficelle de leur string quand elles montent un escalier et qu’on est derrière elles ?
A cette question je vois plusieurs réponses possibles. Je ne suis ni une fille ni une femme alors j’invente : par bêtise toute simple, pour suivre la mode, pour être séduisante sans but particulier, pour paraître appétissante, pour montrer leurs jambes qu’elles trouvent belles, pour plaire à un garçon ou un homme qu’elles aiment et dont elles voudraient être aimées, par goût de la provocation permise, par inconscience du monde dans lequel nous vivons.
Le macho, le simple d’esprit, le psychotique ne pensent-ils pas qu’elles s’offrent et qu’il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser et que si elles disent non c’est qu’elles ont envie de dire oui ? La question est : certaines ne s’offrent-elles pas en connaissance de cause ? En cela je rejoins Elisabeth Badinter qui explique qu’il n’y a pas la femme des féministes, mais qu’il y a des femmes comme il y a des hommes. Ma longue vie m’a permis de comprendre que dans le comportement humain tout est possible et que par conséquent mon hypothèse n’est pas si farfelue que cela et que seules se manifestent celles qui ne sont pas contentes.
On dit (mais qui ?) que les statistiques ne montrent pas que les filles aguichantes sont violées plus que les autres. D’abord les statistiques ne sont pas fiables car une fille ou une femme violée habillée légèrement n’ira pas porter plainte car elle sait d’avance comment elle sera reçue dans un commissariat et que sa demande ne sera pas prise en considération. Au contraire de celles qui font attention à leur vêture et qui se sentent humiliées et bafouées par le viol.
Les féministes qui plaident pour la liberté des femmes et en particulier celle
de s’habiller comme elles l’entendent réalisent-elles que si en théorie tout est permis les réalités qui nous entourent limitent cette liberté ?
Nous ne vivons pas dans une société idéale. La preuve c’est qu’elle a besoin d’une police et d’une justice. Malgré les apparences le monde civilisé est une jungle dans laquelle circulent des prédateurs :
-il est interdit de tuer, mais il y a des assassins,
-il est interdit de voler, mais il y a des voleurs,
-il est interdit de violer, mais il y a des violeurs.
En cherchant bien dans les faits divers on doit trouver des individus à la fois violeurs, voleurs et assassins. Un type succombe à sa pulsion, il viole une fille, il la tue pour supprimer un témoin et il lui pique son porte-monnaie parce que maintenant elle n’en a plus besoin.
On ne pourra jamais se protéger totalement des uns et des autres, mais si on ne veut pas en être victime il ne faut pas vivre de façon à risquer une mort violente, exposer sa richesse sans précaution, exister dangereusement.
La grand mère d’une écrivaine disait : « il ne faut pas mettre en vitrine ce qui n’est pas à vendre ». Un proverbe dit : « il ne faut pas tenter le diable ». Si on recommande à un touriste de ne pas s’éloigner d’un campement dans la jungle et qu’il le fait quand-même, s’il se fait bouffer par un lion, c’est tant pis pour lui, il est responsable de ce qu’il lui arrive. Si une femme, volontairement ou non, prend le risque d’exciter d’éventuels mâles dangereux et qu’il lui arrive des choses désagréables, elle en est responsable, c’est tant pis pour elle. Faut-il assumer la conséquence de ses actes ?
Parmi tous les risques de l’existence, le viol en est un pour les femmes, mais pas seulement. Bien sûr, la société doit tout faire pour en limiter la possibilité par l’éducation et des mesures préventives et répressives adéquates. La tranquillité absolue des femmes est un idéal à atteindre, et comme tous les idéaux … ! Mais il faut aussi qu’elles évitent d’aller chatouiller les moustaches du dragon !
Ce n’est pas parce qu’il y a des assassins que tous les hommes sont des assassins. Ce n’est pas parce qu’il y a des voleurs que tous les hommes sont des voleurs. Ce n’est pas parce qu’il y a des violeurs que tous les hommes sont des violeurs. Mais il y en a et pour l’instant on n’y peut rien. Il faut s’en protéger et ne pas mettre tous les hommes dans le même sac.
C’est un point de vue contestable par certaines féministes au nom d’une égalité et d’une liberté idéalisées qui ne tient pas compte des réalités. Ont-elles raison ? C’est indécidable.
Chronique 44 du vendredi 27 juillet 2018
Les riches et la famille
FIV + PMA + GPA + manipulation de l’ADN = Procréation idéale
Autrefois
Autrefois, il n’y a pas si longtemps par rapport à la période historique ou aux périodes géologiques, c’est à dire sous l’ancien régime, nos rois, à cause de la loi salique, s’obstinaient à vouloir des fils. Ils voulaient transmettre leur héritage, c’est à dire le pays qu’ils gouvernaient à leur propre progéniture pour ne pas interrompre la dynastie. Il fallait que l’héritier soit considéré comme légitime par l’église. Pour cela il devait être issu des liens sacrés du mariage. Donc nos rois se mariaient avec des femmes réduites à la condition de reproductrice qu’ils engrossaient régulièrement autant qu’ils pouvaient dans l’espoir qu’il survivrait au moins un héritier mâle jusqu’à l’âge adulte car à l’époque la mortalité infantile était sévère. Le reste du temps ils baisaient avec leurs maîtresses qui leur faisaient à la pelle des bâtards inutilisables.
Pourquoi tenaient-ils tant que cela à ce que l’héritage reste dans la lignée ? Une question d’honneur sans doute !
Le roi qui était théoriquement le plus puissant personnage du royaume, sinon le plus riche ne pouvait compter que sur le hasard pour lui fournir un successeur de bonne qualité. Cela était d’autant plus aléatoire qu’il se mariait avec des gens de sa famille si bien que si une tare existait dans leur génome elle avait des chances de s’exprimer dans l’héritier. Il avait beau être riche et puissant il n’y pouvait rien.
Les nobles et les bourgeois imitaient le roi. Ils désiraient transmettre leur richesse à leur descendance mâle. Pourquoi ? Sans doute parce que c’est dans la nature de celui qui possède de la richesse
Chez les paysans qui ne possédaient rien ou presque le problème ne se posait pas, d’autant plus que toute la maisonnée dormait sur le même grabat pour se tenir chaud en hiver et qu’il était difficile de savoir qui était le père de qui.
Aujourd’hui
Grâce à la science, pour les gens un peu éduqués et non soumis au dictat de la religion, il est théoriquement loisible de choisir le nombre d’enfants que l’on veut mettre au monde et à quel moment de son existence. Evidemment si tout se passe bien et si la physiologie veut bien suivre les caprices des parents en puissance. Le plus souvent ce sont les femmes qui planifient les naissances en fonction de critères qu’elles sont seules à définir : le plaisir, la liberté, la carrière, le désir d’enfant.
La mortalité infantile étant maintenant très faible il n’est plus nécessaire de fabriquer des ribambelles de bébés pour en voir arriver un ou deux à l’âge adulte, mais la qualité de la livraison dépend toujours du hasard même si dans des cas bien précis on peut interrompre la grossesse pour ne pas mettre au monde un enfant trop handicapé.
Les causes d’infertilité, qui deviennent de plus en plus nombreuses, viennent parfois contrarier les plus beaux plans de conception. La science sollicitée vient quand elle peut, tant bien que mal, au secours des couples en mal d’enfant. Dans les cas extrêmes quand elle ne peut rien, on peut compenser son impuissance par l’adoption ou la gestation pour autrui (GPA), mais là il faut des sous.
Ce que je supporte très mal ce sont les gens qui font des pieds et des mains pour mettre au monde des gamin(e)s qu’ils abandonnent un peu plus tard comme on abandonne son chat ou son chien sur le bord de l’autoroute, par égoïsme, sans remords, ou au nom de la liberté individuelle, en en faisant des malheureux. Mais j’en ai déjà parlé au sujet de Gauguin.
Dans la France de tout en bas et à tous les niveaux aussi quand il y a des trous dans la planification ou pas de planification du tout et qu’un gosse serait mal venu on l’élimine tout simplement. Ça s’appelle un avortement ou une interruption volontaire de grossesse (IVG). On peut aussi l’abandonner plus ou moins tard après la naissance.
Et pour les riches et les très riches ? A part ce qui concerne le confort, ils sont soumis aux aléas commun : ils doivent baiser pour faire des gosses et leurs qualités dépend du hasard et si ça ne marche pas ils doivent s’en remettre à la science. Je ne sais pas si les hommes riches préfèrent transmettre leur fortune à des garçons ou à des filles quand ils ont le choix.
Ils ont un avantage, ils peuvent acheter du sperme de génies dans des banques de sperme en Amérique pour inséminer artificiellement leur femme pour ‘être sûr’ d’avoir un(e) enfant intelligent. Il ne sera ni leur descendant ni leur progéniture, seulement celle de leur femme. Cela pose un jour ou l’autre un problème psychologique au moins pour celui qu’ils ont fabriqué, mais ils n’en ont cure car ils ne croient pas aux sentiments parce qu’ils ne croient qu’à l’argent.
Il y a une chose sûre, c’est que pour l’instant on ne peut pas choisir le sexe de son enfant avant la fécondation.
Demain
On peut imaginer que dans un futur proche les hommes et les femmes riches voudront des héritier(e)s sans s’enquiquiner avec tous les problèmes de la maternité.
Pensez donc, la grossesse ça fait grossir, ça déforme, ça donne des vergetures, ça fait souffrir avant, pendant et après l’accouchement et puis le mari peut être dégoûté par sa femme enceinte et aller baiser ailleurs ce qui peut devenir les prémisses d’un divorce ! Que d’ennuis en perspective, sans exclure la perspective d’avoir fabriqué un handicapé physique ou mental qu’il faudra supporter en silence ou mettre en secret dans une institution convenable qui coûtera la peau des fesses pendant des années, sans compter le ridicule d’avoir fabriqué un être de second ordre.
Alors oui, vive la science ! D’abord on congèlera du sperme et des ovocytes des riches époux. Puis quand ils auront envie d’un héritier(e) on en prélèvera pour réaliser une fécondation in vitro (FIV). Au moment convenable on vérifiera que ce matériel génétique est sans tare. On le manipulera pour obtenir une grande blonde aux yeux bleus ou un petit brun aux yeux noirs, tous les goûts sont dans la nature. On pourra y inclure des gênes de gens particulièrement intelligents, beaux, sportifs, etc. Le tout moyennant finance bien sûr.
Ensuite l’œuf obtenu, en théorie parfait, sera mis en gestation (PMA) dans un ventre rémunéré pour cela (GPA). Ce pourra être celui d’une femme autochtone qui a envie de s’acheter une nouvelle voiture ou d’une étrangère d’un pays sous-développé qui veut nourrir ses douze gosses parce que son mec a mis les voiles. On lui fera passer des bilans de santé très stricts car il ne manquerait plus qu’elle file une vérole au fœtus. On lui fera signer un contrat rédigé par des avocats finauds devant notaire et toutes les juridictions possibles et imaginables dans lequel tout sera prévu. On y trouvera entre autre la rémunération, une des clauses essentielles du contrat, mais aussi que la femme devra être cloîtrée au voisinage de ses employeurs, surveillée par du personnel médical afin d’être sûr qu’elle mènera une vie saine pendant la gestation, qu’elle ne boira pas, ne se droguera pas et n’aura pas de relation sexuelle pendant la grossesse pour ne pas abîmer la merveille qu’elle porte en son sein et aussi que si l’enfant qui naît à terme, malgré toutes les précautions prise, ne correspond pas aux espoirs de ses employeurs et que s’ils en émettent le désir la mère porteuse retourne chez elle avec l’enfant et une somme conséquente ou non pour l’élever jusqu’à l’âge adulte, quitte à en faire ce qu’elle veut, et bien d’autre clauses encore, mais de moindre importance sur des dizaines de pages. Il et évident que le choix se portera plutôt sur une femme sans défense d’un pays sous-développé, à condition qu’elle n’ait pas souffert de sous-alimentation, parce qu’en en cas de litige les problèmes se résoudront facilement en faveur de l’employeur et que, si par malheur il y avait une malformation à la naissance ou si le bébé ne plaisait pas, à raison d’un dollar par jour pour la subsistance de l’enfant jusqu’à l’âge adulte, l’indemnité serait dérisoire.
On fera allaiter le nouveau né par la mère porteuse car c’est la nourriture idéale pour un nourrisson. Ensuite on la renverra chez elle et on confiera l’enfant à des nurses jusqu’à ce qu’il ait l’âge d’être mis en pension dans une bonne institution suisse spéciale gens riches. Plus tard on récupérera l’héritier que l’on ne peut vraiment pas appeler son enfant. Il sera plus ou moins taré comme la plupart des rejetons élevés à la va comme j’te pousse. Les ‘parents’ ne comprendront pas pourquoi quelqu’un qui n’a ‘manqué de rien’ n’est pas content.
Forcément dans leur milieu on veut ignorer ces étranges produits de l’esprit humain que l’on appelle les sentiments qui foutent tout par terre, même les intentions les meilleures des ‘parents’ fortunés. Alors on le (la) confiera à de grands professeurs spécialistes de la chose qui lui inoculeront tout un tas de drogues pour qu’il (elle) se tienne tranquille jusqu’à être en âge de prendre la succession de ‘papa’.
On pourra construire ainsi, sans peine, une famille nombreuse si tel est le caprice du riche tout puissant.
Oui, mais qu’y a-t-il d’humain là-dedans ? De toute façon, on s’en fout, on n’est pas sur terre pour être humain, mais pour posséder le pouvoir et faire du fric !
On sera presque arrivé au ‘Meilleur des Mondes’ d’Aldoux Huxley, sauf que la gestation ne se fera pas encore dans un bocal !
Chronique 45 du vendredi 25 août 2018
Les riches et la médecine
Autrefois
Autrefois, mettons il y a deux cents ans, quand un enfant était malade on appelait le médecin. Il arrivait, compatissait, prenait un air docte, regardait l’enfant, le tâtait, le soupesait, lui prenait le pouls, observait le blanc de son oeil, interrogeait les parents sur les selles, éventuellement sur les urines, sur l’appétit, prenait un air encore plus docte pour conclure par un mot latin
ou grec qui voulait dire que l’enfant était malade, prescrivait des tisanes, de la poudre de perlimpinpin et trois grains d’hellébore quand ce n’était pas une potion toxique, et quittait la maisonnée plein de componction. Si la maladie de l’enfant s’aggravait on le rappelait. Il revenait. Il reprenait les mêmes simagrées que la première fois en pensant peut-être s’il avait de l’expérience : « ce gosse va crever et je n’y peux rien ! » ou « Dieu va rappeler ce gosse à lui, laissons-le faire puisque telle est sa volonté ». Il repartait en saluant la maisonnée avec beaucoup d’empathie et peu d’espoir. Et quelques jours plus tard l’enfant mourait ou guérissait. C’était la même chose pour un adulte, mais la mort d’un adulte n’est pas aussi triste que celle d’un enfant !
A cette époque le thermomètre médical existait, le stéthoscope venait d’être inventé, le tensiomètre pas encore. Les médecins ne savaient rien et en particulier ils ignoraient l’origine des maladies infectieuses. Ils étaient gentils pour compenser leur ignorance. Ils étaient peut-être plus gentils avec les riches qu’avec les pauvres, c’est à dire qu’ils s’attardaient chez eux
davantage en faisant semblant de savoir. Ils étaient humains. Souvent ils ne faisaient pas payer les pauvres.
Les rois étaient soignés par la même ignorance que les manants. J’ai calculé l’âge moyen de la mort, quand elle était naturelle, des rois Louis français. Il est de quarante ans. Il serait plus bas si je n’avais pas compté Louis 14 qui remonte la moyenne, car exceptionnellement, il a vécu jusqu’à soixante-quinze ans.
Pasteur est arrivé, avec lui la biologie, l’hygiène et la compréhension des infections et de certaines maladies. Plus tard la radiographie a permis de voir ce qui se passait dans un corps vivant.
Quand j’étais petit
Juste avant la guerre de 1940 je suis entré à l’école maternelle. J’y ai attrapé en une seule fois toutes les maladies de la petite enfance : rougeole, coqueluche, varicelle, oreillons. Elles se sont déclarées successivement si bien que je me suis couché à l’automne et relevé au printemps. J’ai été soigné par le docteur Langumier. Il était humain le docteur Langumier. Il prenait son temps. Il causait. Je ne sais pas si à l’époque il savait que c’étaient des maladies virales et qu’il n’y avait rien à faire contre. Il a prescrit de me mettre à la diète pour ‘ne pas nourrir la maladie’, de me
nourrir seulement de bouillon de légumes, de me faire des tisanes de bourrache et de bourgeon de sapin et de mettre sur le poêle de l’eau avec des feuilles d’eucalyptus pour assainir l’atmosphère. J’ai survécu.
Au lendemain de la guerre ma grand-mère a été emmenée à l’hôpital. On l’a opérée d’un cancer à l’estomac. Elle est morte pendant l’opération.
Peu de temps après mon grand-père a eu une attaque. Un médecin est venu et lui a fait une saignée comme au temps de Molière. Il a rempli une pleine cuvette de sang et mon grand-père est mort.
Aujourd’hui
Comme on dit, je suis une personne âgée en bon état, grâce aux progrès de la médecine. On soigne mon hypertension et mes AIT. On a soigné un lymphome par une chimiothérapie qui a entraîné une anémie pré leucémique que l’on soigne. On soigne ma prostate. On a soigné ma thyroïde.
Si j’avais vécu dans les mêmes conditions d’âge avant la guerre de 1940 je serais déjà mort plusieurs fois. Dois-je me réjouir d’avoir survécu grâce aux
progrès de la science ? Question difficile qui pourrait faire l’objet d’une chronique.
Lorsqu’on consulte un généraliste aujourd’hui et qu’il croit déceler les symptômes d’une maladie potentiellement grave, il vous envoie chez un spécialiste. Lequel avant d’établir un diagnostique vous fait subir tout un tas d’examens : analyses de sang plus ou moins poussées, biopsies, examens à l’aide de machines sophistiquées suivant la spécialité : radiographies, échographies, électrocardiogrammes, encéphalogrammes, scanner, IREM, PET SCAN, et j’en oublie ou en ignore d’autres qui, pour la plupart, n’existaient pas quand j’étais petit.
Les médecins d’autrefois tentaient de compenser leur ignorance par du bavardage. C’était peut-être de l’humanité. Ils sont remplacés par des médecins qui savent, grâce aux machines, établir rapidement un diagnostique et un protocole de soin car il a sous la main des techniques et des médicaments qui soignent vraiment, dont leurs prédécesseurs ne disposaient pas.
Les machines qui servent à établir les diagnostiques et leur entretien coûtent très cher. Il faut les rentabiliser le plus rapidement possible. Cela ne permet pas beaucoup le bavardage et les rapports humains d’où cette
impression de déshumanisation de la médecine aujourd’hui.
Pour conduire sa vie dans la société on est constamment conduit à faire des choix. Ici le choix est simple : ou des soins efficaces et désincarnés ou le contraire si c’est plus satisfaisant pour la sensibilité individuelle. Dans ce second cas on consulte des mages, des rebouteux, des chamans, des sorciers et autres médecins ésotériques. Il se trouve que les conditions de vie d’aujourd’hui peuvent donner l’impression à la personne qui se croît malade ou qui l’est réellement, mais pas trop gravement, d’être guéri.
De plus les soins médicaux sont soumis à des contraintes budgétaires. Si ma femme et moi avions vécu aux USA nous aurions dû vendre notre appartement pour nous soigner. En France nous avons été soignés gratuitement. Nos soins ont été payés par la sécurité sociale. Elle est en déficit. On rogne sur ce qu’on peut pour faire des économies : le personnel et le temps accordé à chaque patient. Ce phénomène interfère avec le déficit des hôpitaux. D’où la sensation justifiée du manque d’humanité de ces
derniers puisque le personnel n’est plus assez nombreux et n’a plus le temps de parler au patient, de lui expliquer et de le consoler.
La médecine et les riches
Avec des sous tout est permis. Des médecins malins ont créé des cliniques privées pour riches. On y trouve les mêmes machines à la pointe du progrès que dans les hôpitaux et en plus un personnel disponible qui prend le temps d’expliquer en long en large et en travers le pourquoi des examens, la nature de la maladie et le comment des soins.
Alors, pourquoi les riches iraient-ils payer de impôts pour me soigner et soigner toute cette populace de bons à rien et de feignants qui vivent de leur retraite, des allocations chômage, du RSA et autres aumônes de l’ETAT PROVIDENCE ?
Mais il ne faut pas se leurrer, en France, même les riches français soignés dans des cliniques de luxe peuvent bénéficier d’un remboursement partiel de leurs soins par la sécurité sociale.
Cherchez l’erreur !
Chronique 46 du 7 septembre 2018.
Dominants et dominés
Anecdote
Il y a quelque temps déjà en regardant l’émission littéraire ‘La Grande Librairie’ à la télé j’ai eu une révélation. J’y ai entendu deux mots : dominants et dominés. Une révélation ! Ce sont les deux mots qu’instinctivement je cherche depuis que j’ai commencé d’écrire et publier mes chroniques. Pourquoi ne me sont-ils pas venus spontanément à l’esprit ? La vieillesse ? Le gâtisme ? Mystère ! Ils m’auraient simplifié l’écriture et évité d’employer des périphrases.
Ils s’appliquent aux animaux comme à l’homme. Chez les mammifères qui vivent en bandes, en meutes ou en sociétés il y a des dominants et des dominés. Il en est de même chez l’homme qui est un mammifère comme un autre sauf qu’apparemment, d’après les anthropologues, chez ceux qui vivaient en bandes, en tribu, chez les chasseurs cueilleurs, il n’y avait pas de dominants donc pas de dominés. C’était le communisme parfait : tout se partageait. Aucun bien ne s’accumulait et personne ne commandait.
Radotage
Je ne résiste pas au plaisir de refaire un résumé succinct de quelques chroniques en utilisant ces termes.
Dès que les hommes et les femmes ont découvert l’agriculture et l’élevage, ils se sont sédentarisés. Ils se sont organisés en village. Cela a été le début de tous nos maux. Au commencement quand la société ne comprenait que quelques dizaines de membres probablement sous la pression des évènements, un individu qui possédait naturellement (on pourrait dire génétiquement), potentiellement, un charisme, une intelligence, une force, une ruse supérieurs à la moyenne a eu l’occasion de laisser se révéler inconsciemment ses potentialités pour régler les problèmes à sa façon et imposer ses lois, en un mot ils s’est attribué le droit de dominer. Il est devenu le dominant de la société dans laquelle il vivait, un peu comme un loup dans une meute. En conséquence le reste de la société a été constitué de dominés qui ont obéi plus ou moins passivement au dominant.
On peut imaginer qu’au fur et à mesure de la croissance en nombre des membres de la société d’autres individus capables en surgissaient qui contestaient le pouvoir installé et le renversaient comme dans une meute le jeune loup prend le pouvoir au vieux loup. C’est bien connu, qui a goûté au pouvoir ne veut pas le lâcher, aussi avec l’intelligence, le temps et l’expérience le chef pour renforcer et protéger son pouvoir s’est entouré d’auxiliaires pour surveiller les dominés et surtout contrer les velléités de subversion. Petit à petit il a créé un embryon de police, s’est assuré du loyalisme des prêtres car pour stabiliser une société il faut une religion. Pour s’assurer la fidélité de ce petit monde il leur a attribué des privilèges comme celui de ne plus travailler aux champs. Pour le nourrir il a fallu créer des percepteurs d’impôts. Des malins flatteurs et flagorneurs se sont insinués dans l’entourage du chef pour le ‘conseiller’ avec comme projet de devenir calife à la place du calife, etc. etc. enfin toutes ces sortes de choses universelles que l’on rencontre avec des variantes partout dans le monde et tout au long de l’histoire des civilisations jusqu’à nos jours. Donc très tôt dans l’histoire des populations sédentaires s’est constituée la caste des dominants avec comme corollaire l’existence par défaut de la caste des dominés constituée des paysans, des pauvres types qui restent sur le carreau, nourrissent tout le monde, sont taillables et corvéables à merci, massacrés quand ils se révoltent, utilisés comme soldats quand c’est nécessaire, et dont on ne parle jamais.
Avant l’arrivée des deux mots, dans mes chroniques je parlais de la couche des puissants et de celle des producteurs. Cela manque de précision car dans la caste des dominants il y a ceux qui ont le pouvoir, mais pas seulement.
Jusqu’à une époque récente dans la plupart des civilisations le pouvoir était concentré entre peu de mains qui appartenaient à des rois, des empereurs, des pharaons, des sultans dits de droit divin et même quand il y avait des ‘républiques’, ne participaient au pouvoir que quelques citoyens triés sur le volet. Ces dominants au pouvoir étaient plus ou moins des malades mentaux. Ils accumulaient tellement les richesses qu’ils n’avaient pas le temps d’en jouir. Ils étaient soutenus par tous les malins qui savaient en profiter si bien que leurs désirs les plus fous se transformaient en réalité : temples, pyramides, châteaux, villes, cités plus ou moins monstrueux. Pour les réaliser ils ont réduit à la famine des masse de paysans et entraîné la mort d’un nombre inconnu d’ouvriers et de travailleurs. Les dominants profitaient, les dominés trimaient et souffraient pour construire ces monstruosités que les dominés d’aujourd’hui admirent béatement. Parmi leurs folies les maîtres dominants voulaient toujours étendre leurs territoires sans autre raison que leur déraison et c’étaient encore les dominés qui faisaient les frais, dans des guerres, des caprices du dominant principal et de ses conseillers.
Aujourd’hui
En France la révolution de 1789 vint et le pouvoir passa des mains du roi dans celles de la représentation nationale dans un système appelé démocratie. Le pouvoir apparemment se dilua. Ce système politique est aujourd’hui général en occident et existe aussi dans quelques autres pays. Ce même occident a souvent provoqué l’établissement de dictatures dans les pays sous-développés. Aujourd’hui, il semble vouloir imposer des démocraties dans le sens qui leur convient avec le succès que l’on sait.
En démocratie les dominants ont-ils disparus ? Que nenni ! Simplement ils se sont dilués dans la nature et se partagent le pouvoir. On ne les trouve plus dans des palais qu’ils ont fait construire, même s’ils habitent de belles et grandes maisons servis par une foule de domestiques. Ils ne s’appellent plus empereurs, sultans, rois ou pharaons. Ils ne s’exhibent plus ostensiblement aux yeux du bon peuple. Ils agissent discrètement. On ne les connaît pas. Ils sont riches, très riches, super riches, hyper riches. Ils portent le nom générique de capitalistes. Ce sont eux qui possèdent le vrai pouvoir et font ce qu’est le monde. De plus en plus !
Ils se serrent les coudes, même s’ils sont en concurrence car leurs intérêts convergent : rester riches par tous les moyens.
Ils sont aidés par leurs larbins, économistes, diplômés de toutes sortes, qui font tourner la pompe à fric en collusion avec les politiques. Tout ce beau monde qui vit à l’aise et fait partie des nantis peut croire appartenir à la caste des dominants. Le reste de la population, les producteurs qui n’ont comme richesse que leur force de travail constitue objectivement la caste des dominés.
Qu’en est-il de la réalité psychologique de celui ou celle qui se pose des questions ? Un instituteur, un professeur, s’il se sent contraint par une hiérarchie peut se sentir appartenir à la caste des dominés ; il se dira de gauche. Si au contraire il a conscience et se glorifie intérieurement du pouvoir qu’il a sur ses élèves et leurs parents, il peut se sentir appartenir à la caste des dominants ; il se dira de droite. Il en sera de même de l’ingénieur mal payé qui se sent sous tutelle ou de l’ingénieur payé grassement qui a du pouvoir sur ses collaborateurs.
Pourtant la classification est simple à établir : tout salarié quel que soit son salaire appartient à la caste des dominés. Il est en état de dépendance. Pour le comprendre il suffit d’imaginer qu’une usine quelque part dans le monde appartient à une multinationale, qu’elle ne rapporte pas assez et que ses actionnaires états-uniens décident de la fermer purement et simplement en se débarrassant de tout le personnel. Du directeur au balayeur en passant par les ingénieurs et les comptables tout le monde se retrouve du jour au lendemain au chômage. Tout le personnel de cette usine fait partie sans contestation possible de la caste des dominés même si certains le ressentent moins que d’autres : il y a les dominés pauvres qui ne possèdent rien et les dominés riches qui sont nantis. Les uns comme les autres dépendent du bon vouloir des véritables dominants.
Seuls les ‘Français d’en bas’, pauvres ou non, qu’ils travaillent ou non, ont vraiment conscience de leur appartenance à la caste des dominés. Quand ils lèvent les yeux ils se sentent surplombés par une masse de dominants. En vérité ils n’ont affaire qu’à la base de pyramides de dominés, dominants apparents, fiers d’une certaine autorité conférée par les véritables dominants pour faire appliquer des règlements qu’ils n’ont pas conçu. Les pyramides s’appellent police, justice, administrations, banques ; personnels des magasins, des distributeurs de gaz, d’électricité, des moyens de communication, etc., qu’ils rendent responsables de leur maux.
Ils ne lèvent pas les yeux assez hauts pour apercevoir les dominants qui tirent les ficelles des marionnettes auxquelles ils ont affaire.