Nouvelle. Economies 2

Chronique N°30  du vendredi 12 janvier 2018. Economies 2 ème épisode

PéPé a toujours mal aux yeux d’où la publication de cette nouvelle en feuilleton mais il vous présente quand même ses:

Meilleurs vœux pour 2018.

Economies

Episode 2

Conseil des ministres n°16

Résumé. Il était une fois dans un lointain pays d’une lointaine planète d’une lointaine galaxie, à Rapis, capitale de la Canfre, un conseil des ministres restreint et augmenté qui voulait faire faire des économies à la sécurité sociale des vieux pour faire plaisir aux riches qui ne veulent pas payer pour les pauvres.

C’est le même conseil des ministres restreint et augmenté que le conseil n° 12 avec :

Fred Monorgueil, Tout Puissant Président de la République, et son Ombre,
René Tréfilou, Premier Ministre,
Léon Fricoseil, Ministre des Economies, des Finances et des Fins de Mois,
Jérémie Jamémieux, Ministre de l’Insécurité Sociale,
Noël Noëlotison, Sous-Secrétaire d’Etat aux Fêtes de Fin d’Année et du Quatorze Juillet,
Jaco Nexion, Secrétaire d’Etat aux Relations avec le Show-Biz et les Médias Complaisants,
Marguerite Latrique, Ministre de l’Amour, de la Santé, des MST et des Perversions Sexuelles,
Paul Ussion, Ministre de l’Intelligence Industrielle et du Libéralisme Economique,
Mimi Pinson, Ministre de la Culture, des Loisirs, du Jardinage et des Petits Oiseaux,
Olivier Piedemouton, Ministre de l’Agriculture, des Clones et de la Bio-Analogie,
Fernande Tardépoc, Secrétaire d’Etat au Temps Présent, à la Recherche et aux Technologies Rentables,
José Palefer, Secrétaire d’Etat aux Cultes, Sectes et Dévotions.

Ciel bleu d’été

Ouverture du conseil par le Tout Puissant Président puis discussion animée : « Bonjour messieurs et Mesdames les Ministres, Secrétaires et Sous-Secrétaires d’Etat. Mesdames et messieurs, j’ai le plaisir d’ouvrir ce seizième conseil des ministres de l’année. Première question à l’ordre du jour : comment économiser sur les vieux. Je sais que vous vous êtes concertés relativement au problème défini lors du conseil numéro douze. Quelles sont les solutions que vous avez envisagées ? Monsieur le Premier, vous avez la parole.
– Sauf  monsieur Jamémieux qui a sa propre solution à proposer, tout le monde s’est rallié à la proposition de Monsieur Fricoseil. Ecoutons Monsieur Jamémieux quand même. Monsieur Jamaismieux vous avez la parole.
– Je préconise une solution simple et facile à mettre en œuvre qui va éviter de dépenser au moins cent-vingt milliards. Attribuer à chaque personne qui a dépassé l’âge de la retraite une somme forfaitaire annuelle, qui reste à évaluer, entre vingt-cinq et trente eurofrics,  pour ses soins de santé. Elle définira à sa convenance ses priorités. Par exemple elle choisira un antalgique plutôt qu’une prothèse. De toute façon elle pourra compléter ses soins, si elle en a les moyens, en dépensant ses revenus personnels au lieu de thésauriser, ce qui alimentera les caisses de l’Etat à travers la TVA. J’avais pensé obliger sa famille à lui venir en aide. Mais ce ne serait ni équitable, ni républicain, car il y a beaucoup de vieux qui n’ont pas de famille, qui ont une famille insolvable ou qui n’a pas envie de faire soigner ses vieux ».
Notre orateur s’énerve soudain. « Moi par exemple, je n’ai pas envie de payer pour maintenir en vie mes vieux parents. Ils sont acariâtres et communistes. Je ne les supporte plus. Je voudrais les savoir sous une grosse dalle de granit pour qu’ils ne me fassent plus ch … ces sales c … .
– Il serait bon de ne pas créer des lois pour résoudre ses problèmes personnels, ou alors il ne faut pas le dire. Il faut penser à la Canfre.
– Vous avez raison. Je me suis laissé emporter par ma tempérament sanguin. Je vous prie de m’excuser.
– Que ferez-vous des vieux qui n’auront pas d’argent pour se soigner ?
– Rien, j’attendrai qu’ils meurent.
– Et on nous accusera d’iniquité, car seuls les pauvres mourront.
– Ce sera tant mieux. La Canfre n’a pas besoin des vieux pauvres. En même temps que ça soulagera la sécu, ça allégera les charges des caisses de retraite. Ça permettra aux riches de consommer davantage de produits à forte TVA alors que les pauvres n’achètent

Éblouissement

que de la bouffe à cinq virgule cinq pour cent, d’où une baisse du déficit de l’Etat. Je vous rappelle quand-même que tout le monde meurt. Les pauvres plus vite que les riches, soit ! Personne ne s’en plaint. Simplement je ne préconise qu’une accélération du mouvement. Les ONG et les associations charitables seront autorisées à leur procurer des analgésiques puissants, tellement puissants qu’ils les endormiront pour l’éternité.
– C’est de l’euthanasie.
– Pas du tout. C’est de la charité publique. C’est soigner son prochain définitivement. On plonge bien certains malades dans un coma artificiel, qui est finalement une sorte de mort, car souvent la médecine n’arrive pas à les réveiller.
– Qu’en pense notre Tout Puissant Président ?
– Je pense que cette solution est limpide, nette et sans bavure. Elle n’a qu’un inconvénient, celui de la brutalité. En effet si j’annonce qu’à partir du prochain premier janvier tous les citoyens de plus de, mettons soixante ans, ne toucheront que vingt-sept écofrics par an de la sécurité sociale pour se soigner, je vous laisse imaginer ce qui va se passer dans le pays car la mesure va concerner le tiers de notre population. Les salariés qui arrivent à cet âge vont se sentir concernés. On va nous taxer de fascisme, ce qui n’est pas déshonorant en soi, mais c’est mettre le feu aux poudres. Ce n’est pas le moment. Par ailleurs, pratiquement, aucun pauvre, quelles que soient sa valeur intellectuelle ou ses qualités, ne peut y échapper. Malgré son aspect équitable cette mesure n’est pas républicaine, elle est injuste, cruelle et sans espoir. Il faut penser politique, et cette mesure ne l’est pas. J’attends donc une autre suggestion. Qu’en pensez-vous Monsieur le Premier ?
– Je ne peux pas faire autrement que d’être entièrement d’accord avec vous, Monsieur notre Tout

Reflet

Puissant Président.
– A la bonne heure. Je n’en attendais pas moins de vous. Demandez donc à notre Ministre de l’Economie, des Finances et des Fins de Mois ce qu’il en pense.
– Qu’en pensez-vous Monsieur le Ministre de l’Economie, des Finances et des Fins de Mois ?
– Je ne peux pas en penser autre chose que ce qu’en pense notre Tout Puissant Président.
– Vous nous avez confié que vous avez une solution de remplacement. Exposez-là.
– Tout à fait. Elle est progressive, intelligente, rationnelle et accélérée.
– Nous n’en doutons pas mon cher.
– Merci notre Tout Puissant Président.
– Exposez-la nous donc.
– Oui monsieur notre Tout Puissant Président. Mais j’en ai déjà touché deux mots à mes confrères, comme vous nous l’aviez demandé par la bouche de Monsieur le Premier.
– Bien. Recommencez devant tout le monde pour qu’il n’y ai ni malentendu, ni jérémiade, ni récrimination.
– J’expose donc ma méthode. Mon idée est que la mesure doit être progressive, intelligente, rationnelle et accélérée comme je l’ai déjà dit, mais aussi qu’elle ne soit pas brutalement systématique sous prétexte d’être républicaine ou démocratique comme celle préconisée par mon meilleur ennemi (autre lapsus révélateur), excusez-moi– je voulais dire mon

Feuillage de printemps

meilleur ami monsieur Jamémieux.
– Quand vous aurez fini de tourner autour du pot pour vous faire valoir nous pourrons peut-être entrer dans le vif du sujet.
– Ne vous impatientez pas, les arguments que j’avance ne sont pas pour vous convaincre car je sais que vous m’êtes acquis, mais pour qu’ils figurent dans notre presse. La base de mon programme est un partage de la population de vieux en deux sous-populations : ceux qui aiment la vie et les autres. Pourquoi garder vivants ceux qui n’aiment pas la vie et même parfois la détestent. Pour tout vous dire, mais il ne faudra pas le répéter, ils ne méritent pas de vivre et de creuser le trou de la sécu.
– Je suis tout à fait d’accord avec notre ministre Fricoseil. Qu’en pensez-vous mon cher premier ?
– Si vous êtes d’accord cher Tout Puissant Président, le Conseil dans son ensemble l’est aussi.
– Ne soyez pas familier avec moi devant tout le monde, mon cher Premier. Continuez Fricoseil.
– Comment reconnaître les premiers ? J’ai posé la question à notre psychologue officiel que vous connaissez tous, puisqu’il a de nombreuses émissions à la télévision, j’ai nommé le docteur Hans Télépatmann. C’est très simple m’a-t-il dit. Les vieux qui aiment la vie vivent avec leur temps. Rien de ce qui est humain ne leur est étranger, histoire géographie, sciences, informatique, transbalabalatalique, mais aussi théâtre, littérature, cinéma, opéra, chansonnette, variété, pornographie,

Colza

viagra, politique, plein de choses en ique, travail, famille, patrie, liberté, égalité, fraternité, Dieu et mon droit, etc. Il suffit de les distinguer de la masse des ignares stupides qui se complaisent dans leur bestialité, leur crasse intellectuelle, leur vide spirituel sidéral et qui vivent mécaniquement en attendant, avec plus ou moins d’impatience et sans initiative, leur départ pour un monde qu’ils croient meilleur et qu’on va leur offrir sur un plateau aussi rapidement que possible.
– Excusez-moi, monsieur le ministre, mais madame Mimi Pinson voudrait intervenir ?
– Merci Monsieur le Premier. Je sais que la solidarité gouvernementale est la règle. On me l’a dit plusieurs fois. Je veux quand même donner mon opinion sur ce qui vient d’être dit. Je trouve cela révoltant. Voilà des gens, ces pauvres incultes que vous assassinez avec insouciance, qui ont trimé toute leur vie avec le faible espoir d’une retraite bien méritée pour laquelle ils ont cotisé durement dans l’espoir de profiter du temps enfin libre, de leurs époux, de leurs enfants et petits enfants et vous voulez leur arracher ces moments de bonheur qu’ils ont gagné à la sueur de leur front.
– Ma chère Mimi Pinson, on ne travaille pas pour sa retraite, mais pour gagner de l’argent pour vivre et faire vivre sa famille et apporter sa pierre si modeste soi-elle à la construction de l’œuvre sociale. Cotiser pour vivre en parasite quand on n’est plus bon à rien est immonde et immoral.
– Monsieur Fricoseil, je vous savais cynique, mais j’ignorais que vous aviez un cœur de pierre.
– Madame Mimi Pinson, vous êtes une oie blanche. Quand on gouverne, pour le bien de la Canfre, on doit accrocher ses sentiments au vestiaire de l’anti-chambre du Conseil des Ministres.
– La Canfre est peuplée de Canfrais. Et les Canfrais ce sont des gens. Pour les rendre moins malheureux, il

Nuage solitaire

faudrait que vous partagiez. Tout ce que vous préconisez, c’est de les rendre plus malheureux pour que vous et les vôtres amassiez inutilement toujours plus en payant moins d’impôts.
– Parfaitement. Vous avez tout compris. C’est pour ça que je fais de la politique. Et si ça vous déplaît sortez d’ici, allez retrouver vos minables et inscrivez-vous au parti communiste … .
– Goujat.
– Ça suffit, Madame Mimi Pinson, vous nous faites le même coup à chaque projet de loi. Vous bloquez inutilement les séances. Vous parlez pour ne rien dire. Je vais être obligé de vous demander de présenter votre démission.
– Je vous la présente bien volontiers Monsieur notre Tout Puissant Président. J’en ai marre de toutes ces simagrées hypocrites. Je m’en vais.
– Non, restez, j’ai encore besoin de vous.
– Bon, mais c’est bien la dernière fois.
– Merci, et cessez de troubler le conseil des ministres. Il faut qu’on avance.
– Oui Monsieur le Tout Puissant Président.
– Continuez Monsieur Fricoseil. Expliquez-nous comment, pratiquement, vous allez séparer le bon grain de l’ivaie.
– Merci Monsieur le Tout Puissant Président. Voilà le point crucial de mon idée. On va faire passer à tous les retraités un examen …
– Madame Tardépoc veut intervenir.
– Vous n’y pensez pas. On a déjà un mal fou à organiser le bac pour une classe d’âge. Comment allons-nous nous y prendre pour faire passer un examen à vingt millions d’individus dont certains sont grabataires ? C’est fou !
– Qu’avez-vous à répondre à ça, Monsieur le Ministre des Economies, des Finances et des fins de mois ?
– L’examen du bac utilise une méthode antédiluvienne, archaïque, vieillotte. Nous sommes au vingt et unième siècle, que diable. Utilisons les méthodes offertes par l’informatique, les statistiques et les nouvelles technologies. Evidemment pour mettre en œuvre ce système, cela demandera, un peu de temps, d’argent pour la préparation et en revanche très peu de personnel pour l’exploitation.
– Je propose d’abandonner là la discussion de cette réforme pour l’instant et de nous réunir à nouveau pour discuter de tout ça au conseil numéro vingt. Monsieur Fricoseil, établissez un protocole opératoire et commencez à chiffrer le coût de votre proposition. Il ne faudrait pas que ça coûte plus cher que ça ne rapporte. Passons à la suite de notre ordre du jour, qui est, Monsieur le Premier ?
– Oui Monsieur notre Tout Puissant Président. Messieurs Noëlotison, Nexion, Palefer, Madame Tardépoc, je vous remercie. Faites entrer les autres ministres qui patientent dans l’antichambre. Bonjour chers et chères collègues.

Étirement de nuages

Seconde question à l’ordre du jour sur proposition de la SPA : l’interdiction de mettre des poissons trop grands dans des aquariums trop petits.

Troisième épisode de la nouvelle ‘Economies’ le vendredi 26 janvier 2018

 

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